Pâturage des couverts végétaux : de multiples atouts
Découvrez dans cette publication, les multiples atouts du pâturage des couverts végéteaux.
A l’heure où le coût des engrais et des carburants est à un niveau élevé, la recherche d’une moindre dépendance aux intrants s’avère essentielle dans les exploitations agricoles françaises. En grandes cultures, l’implantation de couverts végétaux multi-espèces est un levier majeur pour apporter de la matière organique au sol et des éléments fertilisants à la culture suivante notamment. Plus la biomasse est élevée, plus il y a de restitutions en NPK. Et plus la destruction du couvert peut être complexe et consommatrice de carburant. Ainsi, le pâturage des couverts végétaux par les ruminants se présente comme une solution pertinente pour valoriser le couvert en place et faciliter sa dégradation. Focus sur les intérêts du pâturage des couverts tant sur le plan agronomique que zootechnique…
Un moindre tassement avec des ovins
Le tassement du sol constitue une préoccupation majeure pour les agriculteurs. Notamment en conditions automnales, où la portance du sol est réduite. Afin de limiter la compaction du sol, il est préférable de privilégier le pâturage des couverts par des ovins, plus légers que les bovins. La compaction est alors concentrée en surface. Et la plupart du temps, moins impactante que celle générée par le passage répété d’engins.
Chez les ovins, les couverts végétaux pâturés permettent de couvrir les besoins à tous les stades physiologiques : $
- croissance,
- lutte,
- brebis vides ou en gestation,
- lactation.
Certains éleveurs de bovins font aussi pâturer leurs couverts par des génisses ou des vaches à l’automne, en veillant à la portance du sol. Un bon moyen pour fournir des ressources fourragères aux animaux à une période de l’année où l’herbe se raréfie dans les prairies.
Sur le plan qualitatif, les couverts végétaux multi-espèces sont composés d’une diversité d’espèces qui permettent aux ruminants de sélectionner les plantes consommées. Il s’agit de jeunes plantes dont les valeurs alimentaires élevées peuvent être estimées par la méthode MERCI V2. La teneur en minéraux de ces couverts d’automne apparaît potentiellement plus importante que celle de l’herbe de printemps, du fait d’une photosynthèse moindre face à la diminution de la durée du jour et du processus de mise en réserve des plantes pour affronter l’hiver (Frédéric Thomas, 2021).
Les couvertes végétaux multi-espèces
Certaines espèces composant les couverts peuvent être toxiques. Notamment si elles sont implantées en pur, c’est le cas de la moutarde et du sarrasin. La gesse et la vesce velue en graine sont également toxiques.
Par ailleurs, les intercultures sont des surfaces sur lesquelles la pression parasitaire est très faible voire quasi-inexistante. Il est ainsi intéressant de les réserver au pâturage de jeunes animaux (agnelles, génisses…). Ils sont plus sensibles au parasitisme (strongles, douves…) que les adultes.
Des intérêts agronomiques
Au niveau agronomique, les déjections des animaux permettent de restituer des éléments minéraux facilement assimilables par les plantes. Cela se caractérise par une meilleure disponibilité de l’azote, essentiellement sous forme d’azote nitrique plus assimilable que l’azote ammoniacal. Le pâturage tournant dynamique, caractérisé par un fort chargement en un temps réduit, participe à l’accélération de la fertilité du sol notamment en système d’agriculture de conservation des sols. A noter toutefois que cette pratique de pâturage tournant dynamique nécessite du matériel de clôture adapté ainsi que du temps pour la pose et le déplacement de ces clôtures.
L’ingestion des plantes d’interculture par les ruminants entraine des pertes de carbone vers l’atmosphère, via le processus de respiration. Toutefois, il convient de préciser que les animaux réalisent une pré-décomposition de la matière organique et facilitent l’intégration des pailles au sol via le piétinement. De même, les parties aériennes non consommées, les racines et les exsudats racinaires contribuent à la restitution de carbone au sol.
La présence d’ovins sur les parcelles de couvert impacte les populations de limaces notamment par consommation ou piétinement. Des comptages témoignent d’une baisse de 60 % de leur nombre après pâturage (POSCIF 2021).
Deplus, la pratique du pâturage des couverts n’est pas en reste vis-à-vis de l’activité biologique du sol. Elle stimule la vie du sol, notamment les champignons et les mycorhizes.
Enfin, alors qu’il n’est pas observé de baisse de rendement sur la culture suivante, les charges de mécanisation sont quant à elles réduites suite au pâturage des couverts.
Sources pour les atouts du pâturage des couverts végétaux
THOMAS Frédéric 2021, Pâturage des couverts végétaux : ce que l’on sait ! Techniques Culturales Simplifiées n°115
Pâturage Ovin en Système Céréalier en Ile de France, 2021