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Association Colza Sarrasin

Temps de lecture : 4 minutes

Un semis pour deux récoltes avec l’association Colza Sarrasin

Les premiers travaux sur les colzas associés ont débuté au cœur des bassins historiques de colza avec un retour fréquent de la culture et des sols superficiels. Dans ces milieux, les performances du colza sont aléatoires. de plus, ils sont totalement dépendantes de la qualité d’implantation et de l’efficacité non systématique des intrants. Pour sécuriser la réussite du colza et déplafonner les rendements, il est nécessaire :

  • d’obtenir une levée précoce,
  • et une croissance continue de la culture à l’automne.

L’association des légumineuses au colza a d’abord été vue comme une stratégie d’amélioration de la fertilité du sol sur le long terme. Cette amélioration passe alors par la production et la restitution de biomasse et d’azote. Dans un second temps, les effets directs sur le colza ont été identifiés et travaillés. Ces effets sont alors :

  • amélioration du comportement à l’automne et au printemps,
  • concurrence des adventices,
  • perturbation des insectes, etc.

Des agriculteurs pionniers ont souhaité pousser plus loin cette logique. Ils ont donc associé le colza avec une plante qui pourra être récoltée. C’est ainsi que l’association colza-sarrasin est née.

Mieux connaître le sarrasin (blé noir)

Le sarrasin (Fagopyrum esculentum Moench) est une plante annuelle de la famille des Polygonacées cultivée pour ses graines consommées en alimentation humaine et animale.
Malgré son appellation courante de blé noir, le sarrasin n’est pas une espèce du genre Triticum (genre regroupant les variétés de blé), ni même une graminée. Il est dépourvu
de gluten, ce qui le rend alors difficile à utiliser en panification ou pour la confection des pâtes. Son débouché principal est la meunerie, sa farine est l’ingrédient principal de la fameuse galette bretonne.

Il se cultive surtout en culture principale, la variété majoritairement semée est Harpe (150 à 200 grains/m²). C’est une culture de printemps qui se sème tard (mi mai début juin), aucune intervention phytosanitaire n’est nécessaire. La sarrasin est sensible à la verse, un apport 40 u N est déjà bien suffisant dans la majorité des cas. Le sarrasin a une floraison continue, la moisson est à faire quand ¾ des graines sont matures, souvent à partir de mi Octobre. Les rendements vont de10 à 15 qx. Le prix de vente est alors assez variable, il était pour exemple de 480 €/T pour 2017.

L’expérience du groupe 30 000 « plus de sol moins de phyto »

Pourquoi semer du colza en association au sarrasin

La chambre d’agriculture de l’Aube et de la Haute Marne a suivi des essais d’association de colza et de sarrasin. Un essai a pris place sur l’exploitation d’un agriculteur innovant membre du groupe 30 000 « Plus de sol et moins d’intrants » animé par David Justeau et du réseau de ferme DEPHY Ecophyto animée par Jeanne Marie Labrosse.

L’association colza / Sarrasin répond pleinement aux objectifs des agriculteurs de ces groupes car elle permet de :

  • Réduire les charges
  • Diversifier les pratiques culturales d’une même culture pour diluer les risques vis-à-vis des aléas.
  • Réduire les IFT en améliorant la marge brute.

Un semis ultra précoce

Cette association doit être semée tôt. Dans l’idéal, il faut semer début juillet pour obtenir un rendement de sarrasin satisfaisant. L’idéal est de positionner ce colza après une orge. Les résultats technico-économiques sont bons . Ils incitent donc à pérenniser cette association.

Pour cet essai, la technique à permis de se passer d’insecticide à l’automne. Car le colza était suffisamment développé et poussant pour résister à la présence des altises. Le sarrasin est une plante très concurrentielle qui limite le développement du colza et des adventices. De ce fait, aucun désherbage pré ou post levée a été nécessaire.

L’expérience du bassin d’alimentation des captages (BAC) des Varras et des Moulineaux

Pourquoi semer du colza en association au sarrasin

Des essais ont été financés par le BAC des Varras et des Moulineaux et suivi L’essai d’association Colza + Sarrasin du sol pour réduire les pertes d’azote vers le réseau hydrographique. C’est aussi une volonté de l’agriculteur de diminuer l’usage de des produits phytosanitaires qui a initié l’expérimentation.

Cet essai localisé à proximité de Bourg Achard. Il a été semé le 24 juin derrière un escourgeon. Le mélange colza (variété Hastuce à kg/ha), sarrasin (variété Harpe à 40 kg/ha) et trèfle blanc nain (4 kg/ha) a donc été implanté après un labour. La récolte du sarrasin a ensuite eu lieu en novembre 2017 avec un rendement de 8 qx/ha.

Là encore l’analyse technico-économique montre des résultats intéressant qui incitent à continuer. Les charges, surtout opérationnelles, diminuent du fait de moins d’interventions (un passage d’herbicide, aucun fongicide ni insecticide…) sur la parcelle. De plus, le sarrasin peut être valorisé économiquement. La marge directe sur la culture de colza est donc plus forte à rendement égal pour la conduite économe avec colza associé.

Les points de vigilance

La gestion des repousses

Le sarrasin se récolte lorsque 3/4 des grains sur le plant sont mûrs. À ce stade, les tiges prennent une couleur rouge, il n’est pas possible de le battre directement. Deux options sont alors possibles :

  • Attendre 6 à 12 jours après le 1er gel meurtrier (< 2°C) ;
  • Faucher le sarrasin ≈ 12 à 13 semaines après le semis et le laisser sécher en andains au moins deux semaines. Pour la récolte, la batteuse doit toutefois être munie d’une table adaptée.

Dans la pratique, une quantité importante de graine reste au sol et germe les années suivantes. Le sarrasin est une plante très concurrentielle, il est donc important de gérer ces repousses au cours de la rotation. Le risque est surtout important pour les cultures de maïs et de betterave car les herbicides utilisés sur ces cultures ont peu d’impact sur le sarrasin.

L’implantation de sarrasin avec le colza peut donc être considérée comme une vraie innovation agronomique. Cette technique est compatible avec une réduction des IFT et cohérente économiquement. Il convient alors maintenant d’identifier un moyen agronomique de limiter les repousses de sarrasin. La solution est surement à l’échelle du système de culture. Elle pourrait aussi venir du matériel ou de la méthode de récolte.

Retrouvez toutes nos publications sur la réduction d’intrants.

Bibliographie :

Terres Inovia Guide colza associé 2016 S Cadoux

Pratiques agronomiques innovantes JM Labrosse – Implantations colza

Association les Défis Ruraux Pauline Laurent

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