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Agriculture de conservation des sols

Temps de lecture : 6 minutes

Agriculture de conservation : déploiement dans le monde et bénéfices à long terme

Découvrez comment l’agriculture de conservation des sols se déploie dans le monde et quels sont les principaux résultats sur la plateforme Oberhacker depuis 25 ans.

Depuis 2008/09, l’agriculture de conservation (AC) s’est développée à l’échelle mondiale à un rythme annuel de plus de 10 millions d’hectares de terres cultivées. En 2015/16, la superficie totale des terres cultivées en agriculture de conservation était de plus de 180 M ha. Ce qui correspond à 12,5 % de la superficie mondiale des terres cultivées. D’abord adoptée sur le continent américain, l’AC s’est ensuite répandue en Asie, en Afrique et en Europe notamment grâce à l’augmentation des ressources allouées pour soutenir les agriculteurs dans l’adoption de l’AC. L’AC se base sur l’application de trois principes (non labour, maximisation de la couverture végétale et diversification de la rotation) interdépendants, spécifiques au contexte et adaptés localement. Pour autant, ils se révèlent universellement applicables dans tous les systèmes de culture, sur tous les continents et quelle que soit la taille des exploitations.

Pendant 25 ans, la plateforme Oberhacker a permis de comparer deux systèmes avec labour et en semis direct et a produit des références sur l’impact de l’AC sur le cycle de l’eau, le sol ou encore les rendements des cultures. Il en ressort que le labour crée de meilleures conditions de germination et de développement peu après le semis. Par contre, le risque de compactage augmente dans le sous-sol, surtout en cas de conditions humides.

Le système SD permet une plus grande disponibilité des éléments nutritifs, une meilleure aération du sous-sol et une plus grande disponibilité de l’eau pour les plantes. Il contribue également à la lutte contre l’érosion. Par ailleurs, les teneurs en carbone organique et en azote total sont nettement plus élevées dans la couche superficielle en l’absence de labour. Toutefois, ramené à l’ensemble du profil, on observe un même niveau de séquestration de C entre les deux systèmes. Enfin, grâce à des rendements souvent plus élevés et des économies de charges, le système en AC obtient de bons résultats économiques.

Un déploiement de l’agriculture de conservation dans tous les continents

205 millions d’hectares en agriculture de conservation dans le monde

Le tableau présente la répartition mondiale des terres cultivées en AC en 2028/09, 2013/14 et 2019/2019. La superficie totale des terres cultivées en AC dans le monde en 2018/19 est d’environ 205 millions d’hectares. Cela correspond à environ 14,7 % de la superficie totale des terres cultivées dans le monde. La répartition est plus ou moins égale entre les pays en développement (50,5 %) et les pays industrialisés (49,5 %).

L’évolution de la superficie des terres cultivées de l’AC sur les différents continents depuis 2008/09 a été de :

  • 67,3 % en Amérique du Sud (de 49,6 à 80,0 millions d’hectares)
  • 64,7 %) en Amérique du Nord (de 40,0 à 65,9 M ha)
  • 91 % en Australie & NZ (de 12,2 à 23,3 M ha)
  • 600 % en Russie et en Ukraine (de 0,1 à 6,9 M ha)
  • 588,5 % en Asie (de 2,6 à 17,9 M ha)
  • 154,9 % en Europe (de 1,6 à 5,2 M ha)
  • 440 % en Afrique (de 0,5 à 2,7 M ha)

Un déploiement de l’agriculture de conservation depuis les années 1970

Après la Première Guerre Mondiale, l’agriculture a commencé à s’intensifier afin d’augmenter les rendements. Pour cela, on observe l’intensification de l’utilisation du travail du sol et des produits agrochimiques pour la nutrition et la protection de cultures à haut niveau de rendement.

A partir des années 80, l’agriculture de conservation commence à se déployer d’abord sur le continent américain (USA, Canada, Brésil, Argentine) et en Australie et dans quelques pays européens (Espagne, Allemagne). Les années 90 marquent sa plus large expansion. L’adoption de l’AC par les agriculteurs s’étend à l’Afrique et à l’Asie, tandis qu’elle continue à se répandre en Amérique, en Europe et en Australie.

Le premier congrès mondial de l’AC a lieu en 2001. En 2010, plus de 105 millions d’hectares (7,0 % des terres cultivées dans le monde) étaient cultivés en AC dans 36 pays, couvrant tous les continents. Au cours de la décennie 2010-2020, les surfaces en AC augmentent de 10,5 millions d’hectares par an, pour atteindre plus de 205 millions d’hectares (soit 14,7 % des terres cultivées) en 2019 dans 100 pays.

25 ans de résultats sur l’agriculture de conservation avec la plateforme Oberhacker en Suisse

La plateforme Oberhacker située dans le canton de Berne a démarré en 1994 pour comparer deux systèmes : en labour et en semis direct (SD). La rotation dure 6 ans, chaque culture étant présente chaque année.

Impact de l’agriculture de conservation sur le sol et le cycle de l’eau

Le système en semis direct présente un taux d’infiltration de l’eau trois fois plus élevé que le système en labour. Cela s’explique notamment par une destruction des galeries de vers de terre et par une compaction d’horizons.

En système en labour, on observe une augmentation du taux d’évaporation du sol. Le système en SD présente quant à lui une plus grande capacité de stockage de l’eau. Ainsi, en cas de sécheresse, le sol en SD est moins impacté.  

Par ailleurs, bien que la distribution du carbone et d’azote dans le profil soit différente entre labour et SD (concentration dans les 5 premiers cm pour le SD), les stocks totaux de carbone et d’azote dans les deux systèmes sont similaires.

Le système en SD présente davantage de vers de terre, avec majoritairement des anéciques. Enfin, on retrouve une diversité plus forte d’espèces de mycorhizes avec certaines espèces uniquement présentes en système SD.   

Impact de l’agriculture de conservation sur la gestion des adventices

Avec l’abandon du travail du sol, la gestion des adventices devient un enjeu majeur. La graphique ci-dessous présente la proportion de cultures gérée sans herbicide, avec des herbicides sélectifs et avec ou sans glyphosate. Ainsi, au fur et à mesure, la proportion de cultures nécessitant du glyphosate en système SD diminue pour atteindre 3 % sur la période 2013-2018. Alors que le système labour est à 6 % (due à la présence de chiendent). Cette faible utilisation de glyphosate a été permise par :

  • une couverture permanente des sols par des couverts compétitifs ou par des résidus
  • et par un rotation réfléchie pour gérer les adventices.

Impact de l’agriculture de conservation sur les rendements

Les rendements moyens entre 1995 et 2014 sont présentés dans le tableau.

Si on considère les 20 années, le rendement moyen dans le système SD est égal à 102,6 % de celui du système labour. Toutefois, cette différence n’est pas statistiquement significative. Les céréales d’hiver (blé d’hiver, orge d’hiver) et les légumineuses (féverole de printemps et pois) ont des rendements significativement plus élevés dans le système SD que dans les systèmes labour. Pour le maïs, les rendements sont similaires. Enfin, pour la betterave et les pommes de terre, les rendements sont plus faibles en système SD.

Si vous êtes intéressés par l’agriculture de conservation, n’hésitez pas à consulter nos autres publications sur le sujet dans notre rubrique Agroécologie.

Sources :

CHERVET A. et al, 2023. 25 years of “Oberhacker” for a climate-friendly and soil-conserving agriculture of the future. Book of Extended Abstracts of the 8th World Congress on Conservation Agriculture. European Conservation Agriculture Federation (ECAF). Brussels, Belgium. 522 pp. https://8wcca.org/

KASSAM A. et al, 2023. Successful experiences and learnings from Conservation Agriculture worldwide. Book of Extended Abstracts of the 8th World Congress on Conservation Agriculture. European Conservation Agriculture Federation (ECAF). Brussels, Belgium. 522 pp. https://8wcca.org/

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