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Cosmétique et agriculture

Temps de lecture : 5 minutes

La cosmétique comme moteur d’innovations pour l’agriculture

Les produits végétaux sont les principales sources de nombreux produits cosmétiques. Ils sont présents à des états plus ou moins transformés, comme des ingrédients, des huiles essentielles, des molécules aromatiques, les fibres…, seules ou en combinaison. Les plantes à l’origine de ces produits sont cultivées depuis la nuit des temps, certaines à petite échelle telles certaines plantes à parfum, d’autres à de nettement plus grandes échelles, telles les plantes utilisées pour les huiles ou les alcools utilisés.

La recherche de naturalité demandée par les consommateurs oblige le secteur cosmétique à prendre en compte davantage l’impact environnemental de toute leur chaîne de valeurs et donc modifier leur sourcing d’ingrédients impactant de fait la production agricole. Les entreprises de la cosmétique mettent ainsi en place des cadres contractuels avec les productions pour produire de manière durable, comme par exemple le groupe LVMH pour leur approvisionnement d’alcool de betterave ou encore la provenance des huiles nécessaires à la fabrication des acides gras.

La filière cosmétique française : enjeux et défis de demain

Un marché cosmétique en plein expansion

Le marché des cosmétiques est un marché en pleine expansion avec de plus en plus d’usages et d’utilisateurs (enfants, hommes). Cela représente plus de 460 milliards de chiffre d’affaires en 2023. La filière industrielle cosmétique française est, en 2024, le second contributeur de la balance commerciale du pays après l’aéronautique. La France est leader sur les marchés internationaux et porteuse de plus de 250 000 emplois dans 6 300 entreprises en France. Le secteur cosmétique regroupe une pluralité de marchés :

  • soin de la peau (31,8 %),
  • produit de toilette (25,9 %),
  • parfum (20,2 %),
  • capillaire (13,1 %),
  • maquillage (9 %).

Des enjeux porteurs d’innovation pour la cosmétique

L’industrie française traverse une période de transition et de rupture importante provoquée par de nombreux bouleversements environnementaux, géopolitiques, économiques et sociaux qui provoque des changements à différents niveaux : conscience environnementale, nouvelles technologies digitales, besoin de plus en plus présent de bien-être et de sérénité dans un environnement toujours plus stressant.

L’innovation doit ainsi permettre de répondre aux enjeux prioritaires de cette industrie : 

  • Garantir la sécurité des consommateurs ;
  • Développer la performance des produits ;
  • Répondre aux nouvelles attentes des consommateurs ;
  • Contribuer à la qualité de vie de la société ;
  • Agir positivement pour l’environnement ;
  • Moderniser l’industrie.

Des axes de recherche et développement en cosmétique impactant l’agriculture

Sur plusieurs de ces sujets, le sourcing biologique et l’optimisation de l’impact environnemental ont un rôle important et sont moteurs dans le développement de projets de recherche collaborative :

  • utilisation de ressources biologiques renouvelables ;
  • développement de circuits courts ;
  • levier de développement économique territorial ;
  • agriculture régénérative, sans intrant ;
  • pas de compétition avec l’alimentation ;
  • pas de déforestation.

Une recherche de naturalité en cosmétique pouvant impacter l’agriculture

Une dépendance envers les ressources naturelles supérieure à 70 %

Pour créer un produit cosmétique, beaucoup d’ingrédients sont nécessaires avec des natures chimiques très différentes. Une formule cosmétique peut ainsi contenir en 30 et 70 ingrédients. L’industrie cosmétique a entamé une mutation vers plus de naturalité depuis 15 ans à la fois pour accompagner une demande des consommateurs mais aussi pour préparer l’ère post pétrole. Par exemple, dans les produits du groupe LVMH, les indices d’origine naturelle sont le plus souvent supérieurs à 90 % pour la catégorie du Soin de la Peau et le Parfum et supérieurs à 70 % d’origine naturelle dans la catégorie du Maquillage. Leur dépendance envers les ressources naturelles est donc d’environ 75 %.

Toutefois, la pression que l’industrie cosmétique exerce sur les ressources renouvelables reste modérée car les tonnages sont relativement faibles comparés au secteur alimentaire. Par exemple, si tous les ingrédients des produits LVMH étaient biosourcés, cela nécessiterait 10 000 à 30 000 ha. Et si tous leurs packaging l’étaient également, il faudrait ajouter environ 2000 ha. Cela reste encore modeste par rapport aux surfaces allouées à l’alimentation.

Des scores de soutenabilité des ingrédients liés au mode de production

Depuis 6 ans, le groupe LVMH évalue progressivement l’intégralité de son portefeuille d’ingrédients, de façon de plus en plus fine. Ils ont constaté que certains de leurs ingrédients issus de ressources agricoles avaient des scores de soutenabilité médiocres. L’investigation des résultats montre que la pratique agricole impacte de façon importante le score de soutenabilité. 

L’analyse de cycle de vie de la betterave réalisée par LVMH montre que la betterave reste la plante la plus soutenable pour produire l’éthanol. Toutefois, l’amont agricole représente 72 % des impacts. 

Depuis 6 ans, le groupe LVMH évalue progressivement l’intégralité de son portefeuille d’ingrédients, de façon de plus en plus fine. Ils ont constaté que certains de leurs ingrédients issus de ressources agricoles avaient des scores de soutenabilité médiocres. L’investigation des résultats montre que la pratique agricole impacte de façon importante le score de soutenabilité. 

Une orientation vers l’agriculture agroécologique régénérative

Le groupe LVMH a ainsi évalué l’impact d’itinéraires de production conventionnelle, biologique ou régénérative. L’agriculture conventionnelle a un fort impact environnemental sur les émissions de gaz à effet de serre et en particulier le CO2, une réduction importante de la biodiversité, une consommation d’eau parfois importante et une pression sur l’épuisement de ressources non renouvelables (phosphate). Cultiver selon les labels « biologiques » n’apportent aucune amélioration des scores notamment du fait d’une réduction du niveau de production entraînant un besoin en terres plus élevé. Dans leur analyse, seule l’agriculture agroécologique ou régénérative permet de réduire les impacts de façon importante.

Les principes e lagroécologie

Oléochimie pour la cosmétique et impact sur l’agriculture

Des enjeux techniques et médiatiques pour la production de corps gras

Les corps gras en cosmétique ont quatre rôles : agent de texture, agent sensoriel, émollient et solvant. 

La fabrication de corps gras à destination de l’industrie cosmétique doit répondre aux mêmes enjeux que le reste des fournisseurs d’ingrédients sur le plan environnemental comme sur le plan social.

Mais les défis posés par ces filières sont d’autant plus importants qu’ils travaillent majoritairement avec des huiles d’origine tropicale (huile de palme ou de palmiste, de ricin…). Et des enjeux médiatiques viennent s’ajouter aux enjeux purement techniques et agronomiques.

En effet, si chaque huile a une signature spécifique en termes d’acides gras, l’huile de palme reste une des meilleures huiles pour la cosmétique. 

La nécessité de mettre en place une filière huile de palme durable

35 % de la production d’huile végétale mondiale concernent de l’huile de palme et ce, en occupant seulement 7 % des surfaces en oléagineux. En 2023, 80 millions de tonnes dont 60 % sont produits en Indonésie et 25 % en Malaisie.

Le marché mondial est à 80 % agroalimentaire notamment pour l’Asie et l’Inde, 19 % pour l’oléochimie et 1 % pour le biodiesel.

La production d'huiles végétales

Toutefois, la production d’huile de palme a été une importante source de déforestation même si aujourd’hui, ce n’est plus le cas.

Un arrêt de la production d’huile de palme entraînerait une augmentation de la demande d’huile de soja. La filière cosmétique s’organise donc aujourd’hui pour encadrer la production d’huile de palme. Cela nécessite d’agir collectivement (clients et fournisseurs) et de monter des projets d’aide aux petits planteurs.

Pour en savoir plus sur l’agroécologie et l’agriculture régénérative, n’hésitez pas à consulter les publications de la rubrique Agroécologie.

Sources :

CHOISY Patrick, 2024. Les enjeux agricoles pour une cosmétique respectueuse des limites planétaires. Séance Académie d’Agriculture de France « Les enjeux agricoles pour une cosmétique respectueuse des limites planétaires du 20 mars 2024

GOUBERT Amandine, 2024. La filière cosmétique française : enjeux et défis de demain. Séance Académie d’Agriculture de France « Les enjeux agricoles pour une cosmétique respectueuse des limites planétaires du 20 mars 2024

PLESSIX Hervé, 2023. Filières responsables dans le domaine de l’oléochimie : défis, perspectives et solutions pour l’industrie cosmétique. Séance Académie d’Agriculture de France « Les enjeux agricoles pour une cosmétique respectueuse des limites planétaires du 20 mars 2024

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