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Perception sensorielle des bovins

Temps de lecture : 4 minutes

Comment prendre en compte la perception sensorielle des bovins dans la conduite de son troupeau ?

L’éthologie s’intéresse aux comportements des animaux dans des conditions de vie données mais variables. Elle porte sur les comportements en eux-mêmes, ainsi que sur leurs causes et leur fonctionnement. Appliquée à l’élevage bovin, elle permet d’intégrer les spécificités de perception sensorielle des bovins pour mieux gérer son troupeau

Une vision saccadée

La vue représente 70% des information sensorielles reçues par le bovin. La vision des bovins n’est pas identique à celle de l’homme, ses particularités doivent être prises en compte dans la conception de systèmes de contention. Les vaches ont une pupille horizontale avec 3 champs visuels et 2 angles morts. Son champ visuel se modifie en cas de stress.

La décomposition des mouvements

Cette extrême décomposition des mouvements explique la peur des bovins face à des mouvements trop rapides. En conséquence, lors de l’approche d’un bovin, il faut se déplacer lentement et régulièrement afin de ne pas l’effrayer et immédiatement s’arrêter dès qu’il bouge même si l’on a un pied en l’air. Les mouvements saccadés sont à éviter car ils passent par une phase d’accélération. A l’inverse pour effrayer des vaches, il faut réaliser des mouvements rapides. Par exemple, pour stopper ou barrer le chemin à une vache, il faut agiter rapidement les bras pour réaliser un demi-cercle.

Le temps d’accommodation

Le temps d’accommodation (aptitude de l’œil à subir des modifications afin de donner une vision nette d’un objet) est 5 à 6 fois plus long (3 min) que chez l’homme (30 secondes). Passer d’un zone sombre à une zone éclairée et vis à versa est donc source de stress pour l’animal. A cela, s’ajoute une forte sensibilité visuelle qui entraine des phénomènes d’éblouissement par des lumières d’aspect peu intenses pour les hommes. On peut observer ce phénomène dans des couloirs de contention éclairés latéralement par des fenêtres. Les rayons lumineux pénètrent dans la pièce et forment des carrés lumineux sur le sol. Les bovins ralentissent ou s’arrêtent dès qu’il faut  » franchir  » un de ces obstacles lumineux. Tout contraste fait peur aux bovins. Ainsi le changement de couleur d’un sol entre deux pièces peut stopper les animaux.

Par conséquent, il faut manipuler les bovins à l’intérieur d’une pièce uniformément éclairée et dépourvue de reflets lumineux en obstruant les vitres reflétant le soleil. De même, les ponts de bétaillères en inox devraient être peints en noir pour supprimer tout reflet. Enfin, il est préférable de manipuler les bovins avant le lever du soleil, ils sont alors plus calmes et moins éblouis par le rayonnement solaire. Par contre, si la lumière ne les éblouit pas, les bovins ont toujours tendance à se déplacer vers le milieu le mieux éclairé, ce sont des animaux diurnes.

La vision des couleurs

Enfin, les bovins ont une déficience de la vision des couleurs même s’ils arrivent à les distinguer. Toutefois, c’est davantage la luminosité des couleurs qui compte. Les couleurs fluorescentes, le blanc, le rouge, le jaune et l’orange les stressent. A l’inverse, les couleurs sombres rassurent les bovins. Il faut donc préférer les combinaisons unis et sombres (et sans fermeture éclair blanche !).

Une ouïe développée

L’ouïe des bovins est adaptée aux conditions de vie initial en espaces ouverts et est beaucoup plus développée que celle de l’homme. Les bovins entendent des sons de fréquences plus élevée et perçoivent les ultrasons (8000 à 35 000 hertz). En général, dans les bâtiments, les bruits ont une fréquence supérieure à 35 000 hertz, ce qui peut être source de stress. Et dans la nature, les sons à haute fréquence brefs signalent souvent un danger. Les bovins sont très réactifs aux voix aigues, aux cris d’humains et aux bruits métalliques (grincement de charnières, fermetures de battants…).

Les bovins reconnaissent leur congénères et leurs états émotionnels par les signaux auditifs. Elles font également le lien entre les expériences positives ou négatives et les bruits qui y sont associés. Par exemple, le bruit d’un robot d’alimentation devient synonyme de nourriture. A l’inverse, les sons métalliques de la cage de contention font partie des bruits qu’elles assimilent à la douleur. Des études ont montré que les bovins apprécient un bruit de fond comme le son modéré d’une radio. Lors d’un changement de bâtiments, mettre le programme habituel de la radio faciliterait le transfert.

L’odorat pour explorer et communiquer

La sensibilité de l’odorat dépend de la substance flairée, du niveau de vigilance, de l’état hormonal, de l’âge, du rang social et des conditions environnementales. Le mufle des bovins est l’équivalent de la main pour l’homme. Il sert à explorer (environnement, alimentation, eau) et à communiquer avec les congénères et les humains. L’odorat permet aux vaches de sélectionner les différents composants du fourrage ou d’éviter les endroits souillés au pâturage. L’organe de Jacobson situé dans la cavité orale leur permet de détecter d’autres signaux comme les phéromones sécrétées lors de stress.

Le toucher

Le toucher renseigne la vache sur son environnement proche. Il se découpe en trois catégories : la sensibilité tactile (au niveau des joues, de l’encolure, de l’attache de la queue, de la mamelle et de la vulve), la sensibilité douloureuse (intérieur des naseaux, bases de cornes) et la sensibilité thermique (perception de la température, humidité, vitesse du vent). Un contact franc de la part de l’homme est préférable. Le bovin doit pouvoir se gratter le corps, c’est un besoin fondamental pour lui.

Le goût

Les bovins peuvent identifier les quatre goûts primaires : le sucré, le salé, l’amer et l’acide. Ils semblent avoir des préférences pour certains goûts. Le goût sucré augmente la consommation d’aliments (mélasse) et le goût saler/amer en diminue la consommation. Les tics de léchage en bâtiment peuvent signifier de l’exploration, des carences ou de l’ennui.

Le bovin, miroir des émotions et attitudes de l’éleveur

Le comportement de l’animal est influencé par : (1) la génétique, (2) l’environnement, (3) l’éducation, (4) l’apprentissage et (5) ses expériences. Les périodes clés pour établir le contact sont les premiers mois du veau, au moment de la mise bas, les jours suivant la naissance et le sevrage. Les contacts doivent être réfléchis au quotidien. Le bovin observe, apprend de son éleveur et mémorise tout. L’attitude de l’éleveur (calme, respiration lente, visage souriant, vois grave et déplacements en douceur) est primordiale (cf graph ci-dessous). Une bonne attitude permet de des manipulations plus faciles et en sécurité, moins chronophages, moins de stress des humains et des animaux.

Source :

Conférence Pauline GARCIA, comportementaliste animalier + auteure livre “le petit guide illustré du bien-être du bovin”

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