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Stimuler les défenses naturelles des plantes

Temps de lecture : 4 minutes

Les extraits fermentés d’ortie pour stimuler les défenses naturelles des plantes

Antoine CHEDRU, agriculteur DEPHY dans le Pays de Caux en Seine Maritime s’est lancé dans l’utilisation des extraits fermentés pour stimuler les défenses naturelles de plantes. Ce lancement a fait suite à une formation de cinq jours avec le GIEE Sol en Caux chez Eric Petiot en 2015. Suite à cette formation, la pratique a été testée par plusieurs agriculteurs. Ils ont mis en place des essais simultanément, facilitant ainsi les échanges techniques et la comparaison des résultats obtenus. Antoine CHEDRU a ensuite perfectionné la pratique en travaillant sur la qualité de l’eau et affiner les stades d’interventions. Découvrez la fiche « Pratiques remarquables » réalisée dans le cadre du réseau DEPHY :

Les attentes d’Antoine CHEDRU

Son objectif est de réduire drastiquement l’utilisation de fongicides et se passer d’insecticides de synthèse à l’échelle de son système de culture. Il vise la réduction maximale de fongicides et la suppression des insecticides. Il souhaite également allier protection fongique et préservation de l’état biologique de ses sols par l’utilisation des extraits fermentés. Enfin,  il y voit une diminution de certaines charges et une amélioration de la marge brute globale de son système.

Mise en oeuvre et conditions de réussite pour stimuler les défenses naturelles des plantes

Pour lui, une bonne préparation de la matière première est primordiale dans la réussite de la pratique. Le meilleur stade pour la fauche des orties est avant floraison. Le suivi de la macération est également essentiel dans la réussite de la pratique. Les contrôles réguliers du redox, de la conductivité, du pH, s’avèrent indispensables afin d’obtenir les meilleures conditions possibles avant filtration. Les résultats obtenus sont confirmés par la mise en place d’essais et des relevés aux champs dans le cadre du groupe DEPHY. Les observations et les mesures (analyses de sève, mesure du taux de Brix) sont également nécessaires afin de déterminer précisément les meilleures conditions d’intervention.

Les avantages et les limites des extraits fermentés d’ortie

D’après Antoine CHEDRU, les principes avantages sont :

  • une baisse significative des IFT fongicides et insecticides depuis 5 ans,
  • un effet non dépressif sur les rendements,
  • une pratique relativement peu coûteuse à hauteur de 50 centimes le litre, équivalent à 10 € le passage,
  • une amélioration de la marge brute globale.

Les limites sont :

  • un nombre important de passages nécessaires pour valoriser les extraits,
  • une justification auprès des riverains sur le nombre de sorties du pulvérisateur,
  • une observation fine des parcelles pour déclencher les interventions qui nécessite un temps important.

Témoignage d’Antoine CHEDRU

« On a jamais vu d’effets négatifs sur les rendements tous les témoins et autres essai que l’on a fait, il y a un petit effet oligoélément et sur les insectes aussi, donc on continue ».

« Il faut bien prendre en compte que c’est une combinaison de pratiques, ce n’est pas simplement les extraits seuls, il y a l’activité biologique de son sol, un suivi dans la nutrition des cultures […] je réalise des analyses de terre et de sève régulièrement sur les parcelles, cela peut être deux à trois analyses de sève en végétation et je complète par l’apport de micro doses d’oligoéléments ».

« Une des limite est le nombre de sortie du pulvérisateur qui peut être important, le pulvé il sort plus pour épandre des extraits fermentés de plante, des huiles essentielles que des matières actives de synthèse c ’est énormément de passages c’est pas très bien vu de la population extérieur, maintenant on a les panneaux Ecophyto on communique beaucoup sur ce domaine là »

« Pour cette pratique il faut commencer par une formation. Partir tout seul, sans expérience, c’est aller au casse-pipe. Il y a des erreurs à éviter, comme j’ai vu dans certains reportages, telle que la fauche de l’ortie en fleur alors qu’elle a perdu tous ses oligoéléments […] une formation c’est essentielle ! »

« C’est une technique qui me permet de baisser mes IFT sans impacter négativement le rendement […] c’est une pratique qui à un très bon retour positif auprès de la population. Par contre au sein du milieu agricole c’est plus compliqué. Il y a certains agriculteurs qui ne voient pas les effets et les avantages de ce genre de pratiques. Il y a encore des progrès à faire dans ce sens ».

L’avis de l’ingénieur réseau Dephy sur les extraits fermentés d’ortie

D’après Simon PESQUET, chargée de mission agronomie et ingénieur Dephy au Cerfrance Normandie Maine, l’utilisation des extraits fermentés de plantes font parties des pratiques émergentes de plus en plus mobilisées par les agriculteurs. En plus de renforcer l’autonomie de l’agriculteur dans ses stratégies de protection des cultures, les résultats obtenus sont présents. En témoigne, les essais menés chez Antoine CHEDRU depuis 2016 qui ont permis de mettre évidence l’effet biostimulant des extraits fermentés d’ortie sur le blé à la fois sur la résistance aux bioagresseurs et sur le gain de rendement.

La réussite de cette pratique dépend d’une stratégie globale et d’une combinaison de leviers agronomiques :

  • diversité spatiotemporelle,
  • date de semis tardive,
  • éviter les excès de densité,
  • une fertilisation fine et raisonnée.

Cette pratique nécessite également une technicité et un temps d’observation important, notamment dans le suivi de la préparation et dans le déclenchement des interventions.

Amélioration et autres usages envisagés des extraites fermentés d’ortie

Des travaux de recherche se poursuivent sur de nouvelles plantes à utiliser. La consoude, à l’effet biostimulant en début de cycle, est arrivée après l’ortie en 2017. Les deux espèces peuvent s’utiliser en mélange. La fougère a des résultats également intéressants. Mais elle n’est pas encore utilisée par Antoine CHEDRU. Utilisés à l’origine sur blé, les extraits s’appliquent désormais sur toutes les cultures dès le semis et sur les couverts végétaux. En parallèle, un gros travail est réalisé sur l’eau de pulvérisation, sur la qualité du filtrage de l’eau afin d’obtenir une eau avec une qualité optimale.

Antoine CHEDRU teste depuis plusieurs années les extraits fermentés de plantes à base d’ortie, de consoude, de prêle et de fougère pour protéger ses cultures avec moins de produits phytosanitaires. Il nous explique comment il fabrique ces produits à partir notamment d’orties qu’il fait pousser dans une de ces parcelles dans cette vidéo.

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