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Brebis, pâturage et zootechnie

Temps de lecture : 5 minutes

Brebis dans la plaine : résultats agronomiques du pâturage des couverts et céréales, et en zootechnie

Le projet POSCIF avait pour objectif d’évaluer la valorisation économique, agronomique et environnementale de biomasses disponibles dans des parcelles céréalières par du pâturage ovin. Il s’agissait de :

  • Constituer un réseau de fermes expérimentant le pâturage en parcelles céréalières ;
  • Produire des références techniques en Ile de France ;
  • Mesurer les effets sur la fertilité des sols, sur les cultures et sur les troupeaux ;
  • Evaluer la durabilité des systèmes testés et concevoir des scénarii d’option des pratiques.

Des résultats agronomiques intéressants pour le pâturage des couverts par les brebis

Quatre années d’expérimentation sur le pâturage de couverts ont été menées pour un total de 23 essais :

Répartitions des 23 essais menées sur la pâturage des couverts par des bovins
Répartitions des 23 essais menées sur la pâturage des couverts par des bovins

La nature des couverts était très diversifiée :

  • Repousses cultures et adventices ;
  • Couvert de trèfle de type permanent ;
  • Colza/féverole/repousses céréales ;
  • Avoine/pois/radis ;
  • Mélanges complexes de plus de dix espèces.

Biomasse consommée par les brebis en pâturage :

Les couverts ont produit en moyenne une biomasse de 2,4 t MS/ha. Dont 52 % a été consommée par les ovins. Dans tous les cas, on observe un plafond à 3 t MS/ha de consommées. Même si la biomasse des couverts permettait une consommation supérieure.

Impact sur la population de limaces :

Le protocole utilisé était : six tas de son de blé par modalité déposés vers midi au champ et comptage après 21 h.

Des aspirateurs à limaces grises et noires
Des aspirateurs à limaces grises et noires

Les mesures montrent une réduction de plus de la moitié de l’abondance majoritairement par une consommation directe de limaces par les ovins et potentiellement par une destruction des œufs par piétinement.

Compaction par piétinement des brebis :

La compaction a été mesurée par pénétromètre au mois de mars suivant le pâturage. Une différence de 50 à 70 kpa a été observée sur l’horizon de surface (0-8 cm).

Impact sur le cycle de l’azote et du carbone du pâturage des brebis :

Les valeurs en italique sont exprimées en différence par rapport à un couvert broyé.

Impact du pâturage des couverts par des brebis sur le cycle de l'azote et du carbone
Impact du pâturage des couverts par des brebis sur le cycle de l’azote et du carbone

Impact sur le rendement de la culture suivante :

On observe en tendance un effet neutre à une augmentation de 2,4 % (non significatif statistiquement). Et dans tous les cas, il n’y a pas de différence marquée entre les modes de conduite du pâturage.

Les principales conclusions des 23 essais sont :

  • Pas de compaction ;
  • Réduction des limaces ;
  • Impact fertilisant positif mais faible (+6 kg de reliquat azoté) ;
  • Impact sur le rendement de la culture suivante plutôt positif mais non significatif ;
  • Economie de temps, de gazole et de tracteur pour le céréalier.

De bons résultats zootechniques sur les troupeaux d’ovins

11 critères liés au bien-être animal ont été mesurés sur 1 256 brebis en début et fin de séquence de pâturage.

Note d’état corporel des brebis :

Les couverts pâturés sont de très bons fourrages : 0,9 UFL et 90 g PDI/kgMS pour les couverts végétaux et 1 UFL et 100 g de PDI/kgMS pour les céréales au stade tallage.

Augmentation des brebis en bon état de 8 % par le pâturage des couverts
Augmentation des brebis en bon état de 8 % par le pâturage des couverts

Ainsi, 45 % des brebis ont repris du poids et 35 % se sont stabilisées. Les autres ont légèrement perdu, mais elles étaient en très bon état au début du pâturage.

Humidité de la laine :

La laine sert d’imperméable. Les mesures d’humidité extérieure et d’humidité de la laine côté peau ne montrent pas de différence signification, entre le début et la fin du pâturage.

Propreté des animaux :

La propreté des mamelles, des membres et des flancs est la même entre le début et la fin du pâturage.

Propreté des brebis en pâturage des couverts
Propreté des brebis en pâturage des couverts

La salissure de l’arrière train ne semble pas liée au parasitisme car le suivi n’en a pas montré. Mais, probablement lié à une augmentation du transit intestinal. Car les couverts végétaux sont très riches en eau.

Boiteries et problèmes respiratoires :

Sur les six élevages, deux ont connu une légère augmentation des boiteries (3,8 % à 11,7 %) avec notamment une brebis présentant une boiterie sévère. C’est donc un point de vigilance pour cette pratique.

Pour les problèmes respiratoires, la proportion de brebis présentant une toux ou un écoulement nasal augmente légèrement. Il faut toutefois veiller à avoir une repousse de laine notable pour éviter ces problèmes.

Cette pratique n’est donc pas problématique pour les brebis. Attention aux espèces fourragères toxiques dans les couverts végétaux : moutardes en pure, gesse, vesce velue si montée à graine, sarrasin en pur.

Proportion de brebis adaptées au grand air, sans problème respiratoire ou oculaire
Proportion de brebis adaptées au grand air, sans problème respiratoire ou oculaire

Conclusion sur le pâturage des couverts par les brebis et résultats en zootechnie

Le pâturage de couverts par des brebis est un système gagnant-gagnant, avec la production d’une biomasse de qualité valorisable par des ovins tout en maintenant une restitution au sol et un gain de temps et de gazole pour la gestion des couverts. D’un point de vue pratique, pour le troupeau, il n’y a pas de transition à gérer (sauf en cas de légumineuse pure). Il faut juste sortir les brebis le ventre plein. Concernant les clôtures des parcelles céréalières, un fil posé et déposé au quad est le plus simple en doublant avec la pose d’un filet pour les bordures de route dangereuses.

Le pâturage de blé d’hiver a également été expérimenté dans l’objectif de nettoyer les céréales, de favoriser le tallage, de réduire les pailles et de stimuler la reprise de végétation. Les principaux résultats sont :

  • pas d’effet sur le rendement du blé si le pâturage se fait au tallage sinon perte de rendement,
  • le pâturage ne raccourcit pas les pailles quand il est fait au stage tallage
  • une réduction des symptômes de septoriose de l’ordre de 60 % des feuilles nécrosées à la floraison.

Les bénéfices zootechniques sont également mitigés. Car, la biomasse disponible reste faible et peu diversifiée avec tout de même une bonne valeur alimentaire mais carencée en calcium. Une pierre à sel enrichie est donc nécessaire. Finalement, c’est davantage une opportunité à saisir en cas de manque de ressources. D’autres options restent encore à explorer : pâturage précoce du blé, blé semé sous couvert.

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