Quelles pistes pour la réduction des émissions de N2O issues de l’activité agricole ?
Il est aujourd’hui important d’identifier les pistes de réduction des émissions de N20 issues de l’activité agricole. L’inventaire français des émissions anthropiques de gaz à effet de serre (GES) indique que les émissions de N2O (oxyde nitreux ou protoxyde d’azote) représentent 10 % des émissions totales (CITEPA, 2014).
Les activités agricoles produisent 90 % des émissions du N2O (C. LE GALL et al.). Ce gaz représente alors la moitié des émissions de GES agricoles en France. Dont 5 % sont issues des déjections animales. Les 45 % restants sont donc issus du processus de dénitrification qui a lieu dans les sols.
N2O est un gaz à très fort pouvoir de réchauffement climatique, de l’ordre de 300 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone. Il intervient également dans la destruction de l’ozone stratosphérique (UNEP, 2013). La gestion des émissions de N2O liées à l’activité agricole est donc aujourd’hui un enjeu pour l’agriculture. Différents projets de recherche ont alors été menés pour :
- évaluer la capacité microbienne des sols français à réduire N2O en N2
- identifier les pratiques agronomiques favorables à la réduction des émissions de gaz à effet de serre par les sols agricoles.
Le gaz N2O a un très fort pouvoir de réchauffement
Le N2O est un gaz à très fort pouvoir de réchauffement. Il représente plus de la moitié des émissions de GES issues du secteur agricole. La gestion des émissions de ce gaz est donc un enjeu important pour l’agriculture. Les facteurs influençant significativement l’intensité des émissions de N2O sont les :
- Pratiques agronomiques (fertilisation azotée, type de culture et forme des fertilisants)
- Caractéristiques des sols (teneur en carbone organique, pH et texture).
Le pH des sols semble un facteur clé dans le contrôle des émissions de N2O. Il l’est également dans la capacité des sols à réduire N2O. En effet, à des pH faibles, on observe une inhibition de l’enzyme N2O-réductase. C’est-à-dire que cette dernière n’arrive plus à s’assembler correctement. Le projet SOLGES a permis la réalisation de tests sur 90 sols. Ainsi, il a permis d’identifier que la capacité des sols à réduire N2O était fortement réduit pour des pH inférieurs à 6,4.
Les stratégies de réduction d’émission de N2O par les sols
Deux stratégies de réduction d’émissions de N2O par les sols ont été étudiées dans différents projets de recherche :
- améliorer l’efficacité de l’utilisation de l’azote à l’échelle de la culture,
- intervenir sur le fonctionnement des processus microbiens impliqués dans les émissions de N2O.
L’amélioration de l’efficacité de l’utilisation de l’azote
L’amélioration de l’efficacité de l’utilisation de l’azote passe par une meilleure adéquation entre les besoins des plantes et les apports (dose et date). Elle passe également par l’introduction de légumineuses dans l’assolement.
Le projet PUIGES a démontré l’intérêt de ces cultures dans la réduction des émissions de N2O (jusqu’à 70 %). La pratique de chaulage a un effet positif sur la réduction de ces émissions en agissant sur le pH et donc sur le fonctionnement des microorganismes impliqués dans la réduction de N2O.
Il convient toutefois d’étudier les émissions de GES issues du process de production de produits chaulant pour réaliser un bilan de cette pratique. Dans les perspectives de recherche d’autres solutions, le projet NATADGES a débuté fin 2019 (projets conjoints ISITE-BFC (Initiatives pour le site Bourgogne-Franche-Comté porté par ladite université). Son objectif est d’étudier l’utilisation d’additifs naturels ou de micro-organismes pour éviter les émissions de gaz à effet de serre N2O par le sol, à différentes échelles.
Retrouvez toutes nos publications pour la réduction des gaz à effet de serre sur notre site internet.