Raisonner l’utilisation des vermifuges en élevage bovin laitier
Il est de plus en plus courrant de raisonner l’utilisation des vermifuges. La diminution de l’utilisation des médicaments antiparasitaires s’inscrit logiquement dans le contexte global de réduction des intrants chimiques en agriculture et en élevage. Elle est amplifiée par la demande sociétale de pratiques respectueuses de la santé, de la biodiversité et de l’environnement. Chez les éleveurs, elle se justifie par la nécessité accrue de réduire les coûts de production : frais vétérinaires, délais d’attente sur le lait et la viande.
L’UTM Maîtrise de la santé des troupeaux bovins regroupe différents acteurs de la Recherche et du Conseil agricole. Il propose alors des méthodes de quantification de la pression parasitaire à réaliser à des instants clefs. L’objectif étant : « utiliser les vermifuges aussi peu que possible mais aussi souvent que nécessaire« .
Les strongles digestifs
Les strongles digestifs sont présents dans l’herbe à l’état larvaire. Ingérés par les bovins lors du pâturage, ils s’installent dans le tube digestif de celui-ci. Ils y achèvent leur développement et se reproduisent. Le bovin participe à la prolifération des populations strongyloïdes dans la pâture en relarguant les oeufs dans les bouses. Les bovins adultes sont normalement immunisés contre les strongles digestifs. Ce qui n’est pas le cas pour les jeunes. Les génisses acquièrent l’immunité au contact des strongles lors de leur première saison de pâturage. Mais une contamination trop importante peut alors affecter leur croissance. Il est donc communément répandu de les vermifuger en prévention. Cependant, le recours systématique aux anti-parasitaires entraîne le développement de populations strongyloïdes résistantes.
La gestion des parasites
Les chercheurs ont développé des outils simulant le développement parasitaire en fonction des pratiques de pâturage et du climat. L’agriculteur peut ainsi administrer le vermifuge au bon moment du cycle de pâturage du jeune bovin. Lors de la rentrée en stabulation, à l’automne, une évaluation quantitative des strongles s’impose. Elle permet alors de savoir si la gestion parasitaire durant la saison de pâturage a été efficace. Et ainsi, elle permet d’éviter une explosion du nombre de strongles au printemps suivant.
Le test le plus fiable est le dosage depepsinogène sérique via une prise de sang sur des lots homogènes. Le pepsinogène est une enzyme de la caillette. La lésion de la paroi entraîne le passage des pepsinogènes dans le sang.
Chez le bovin adulte, plusieurs critères sont à prendre en compte pour juger du niveau d’immunité acquise. Tout d’abord, le premier critère est le Temps de Contamination Efficace (TCE). Il s’agit de la durée de pâturage de l’animal de sa naissance jusqu’à son premier vêlage. Il faut ensuite soustraire de cette durée les périodes de traitement rémanent et de forte complémentation à l’auge. Pour une durée supérieure à 8 mois, l’immunité est considérée comme acquise. En-deçà, il est nécessaire de mesurer la concentration d’anticorps anti-Ostertagia dans le lait de tank. Cette concentration reflète donc le niveau d’exposition moyen du troupeau aux strongles digestifs. Dans le cas d’une concentration élevée, le vermifuge se justifie à la rentrée en stabulation.