Des résultats d’essai lupin prometteurs pour la recherche d’autonomie protéique en élevage laitier
Découvrez les résultats prometteurs d’un essai lupin mené dans l’Orne pour la recherche d’autonomie protéique dans notre article.
Le lupin est une culture intéressante agronomiquement et zootechniquement car source de protéine pour les animaux. D’une part, cette légumineuse d’hiver est adaptée aux sols acides. De plus, elle constitue un excellent précédent pour une céréale. Le groupe Avenir Colmont, composé de 12 éleveurs principalement laitiers et accompagné par le Cerfrance Orne, a mené en 2021-2022 un essai sur cette culture. L’objectif : étudier sa faisabilité technique dans le contexte ornais en vue de l’intégrer dans leur assolement.
Cette culture répond pleinement à l’enjeu de réduction des intrants porté par le bassin versant de la Colmont. En effet, elle ne nécessite ni fertilisation azotée, ni fongicide et insecticide et est valorisable dans l’alimentation animale. Et elle est capable de restituer du phosphore inaccessible par les autres cultures. Reste que les prix du blé et du tourteau conditionnent l’intérêt de la culture du lupin. Toutefois, dans un contexte de marché à volatilité modérée, la culture du lupin est avantageuse.
Protocole d’essai de lupin de Thierry, éleveur laitier à Mantilly
L’agriculteur a implanté le lupin d’hiver au combiné de semis (1 godet sur 2) le 30 septembre 2021 derrière un blé sur une parcelle en limon profond de 1 ha.
Un labour a permis d’enfouir les résidus de paille. Et l’agriculteur a roulé la parcelle après le semis afin d’avoir une surface plane favorisant la levée et la récolte.
L’agriculteur n’a réalisé aucune fertilisation NPK. En effet, l’exploitation possède des sols bien pourvus en phosphore et potasse du fait de l’apport régulier des effluents d’élevage.
L’avis de Thierry sur la conduite de son essai lupin
« Le semis s’est avéré un peu compliqué avec un semoir à céréales. Je trouvais la densité trop faible. J’ai donc re-semé pour obtenir la densité souhaitée mais pas l’écart souhaité entre les rangs soit 28/30 cm. La réalité était de 15 cm empêchant la possibilité de binage pour le désherbage.
Le 02 octobre, 2 jours après le semis, un épisode pluvieux de 50 mm sur la parcelle en pente a entraîné des levées irrégulières et la mise en surface des graines. Cela a empêché le désherbage pré-levée.
Au 29 novembre, le lupin était à 4 feuilles. Il était urgent de désherber, le système racinaire étant déjà bien développé avec des racines de 20 cm avec de nombreuses nodosités. J’ai donc réalisé le désherbage le 18 décembre pour gérer les graminées et les dicots.
Le lupin au mois de mars 2022 s’est sali mais sans conséquence pour la récolte.
Le 28 juillet, le lupin était versé. Mais pour la récolte, cela n’a pas posé de difficultés. La moisson s’est bien déroulée. Le rendement a été très bon pour cet essai avec 44 q/ha. L’objectif étant l’autonomie protéique, j’ai donc broyé et inerté le lupin que j’ai stocké en silo à plat pour les vaches laitières. Avec 1 kg de lupin, j’ai observé une augmentation d’un point en TB et TP sur la qualité du lait avec une baisse de 700 grammes de correcteur VL.
Pour moi, le lupin inerté est un très bon produit. Mais plus pour l’engraissement. Pour la prochaine récolte de lupin, je le toasterai afin d’avoir une meilleure valorisation laitière sur la qualité et la quantité. »
Un coût supplémentaire d’environ 244 € par hectare
Pour cet essai 2022, la production de lupin hiver à 44 qx/ha sur l’exploitation engendre un coût supplémentaire d’environ 64 € par hectare.
Cependant le prix de vente d’une tonne de blé en 2022 était de 280 €, avec un prix à 230 €, la marge blé diminue de 400€ par tonne. Le lupin engendre alors une économie de 336 €/ha.
Trouver son point d’équilibre par rapport à la volatilité du marché …
Les prix du blé et du tourteau conditionnent l’intérêt de la culture du lupin mais dans un contexte de marché à volatilité modérée, la culture du lupin est avantageuse.
Pour aller plus loin sur l’autonomie protéique, vous pouvez consulter les résultats d’essais soja menés par le même groupe d’agriculteurs.
Source :
Essai 2021-2022 mené par Bertrand LEBAILLY, conseiller agronome Cerfrance Orne