Références économiques en agriculture biologique – édition 2023
Découvrez notre édition 2023 sur les références économiques en agriculture biologique. L’étude met en lumière les performances technico-économiques et financières des exploitations en production biologique adhérentes aux Cerfrance*, sur les clôtures de l’année 2022.
Ces résultats 2023 sur l’agriculture biologique offrent des repères en terme :
- d’Excédent Brut d’Exploitation (EBE) et de résultats ;
- d’indicateurs de développement durable ;
- de marge brute par production.
*Seine Normandie, Normandie Ouest, Orne, Mayenne – Sarthe, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Vendée, Nord-Pas-de-Calais, Picardie Nord de Seine, Champagne Nord Est Île-de-France, AVM Convergence.
Date de publication : 05/02/2024
Le contexte du marché bio et les résultats de l’ensemble des producteurs
La bio perd des parts de marché
Depuis 2020, la consommation de produits bio par les ménages connaît une baisse à l’exception du vin bio qui maintient sa progression. L’inflation entraîne une diminution du pouvoir d’achat des consommateurs incitant ceux qui privilégiaient
occasionnellement les produits bio à se tourner vers des options plus abordables. Avec l’avènement de gammes de produits sans OGM et sans pesticides, les consommateurs ont la possibilité de répondre à leurs besoins en produits sains et bons pour l’environnement à des coûts plus accessibles.
Dans les grandes surfaces, l’espace dédié aux produits bio se réduit et certains magasins spécialisés ferment leurs portes. En 2022, le marché enregistre une perte de 583 millions d’euros de chiffre d’affaires en un an, malgré une augmentation des prix à la
consommation.
Face à cette situation, la filière recherche des relais de croissance. Avec l’application de la loi Egalim, la restauration collective est tenue de s’approvisionner en produits bio et locaux. Cela entraîne une hausse de la consommation de ces produits dans la
restauration hors foyer de 100 millions d’euros, compensant partiellement les pertes de parts de marché dans la grande distribution. Cette tendance de consommation se poursuit en 2023.
Une chute des conversions et une surface en bio qui continue de progresser
En 2022, la production maintient sa croissance avec une augmentation d’environ 10 % de la surface certifiée en agriculture biologique, résultat des conversions antérieures. Cependant, le marché intérieur atteint une saturation, poussant l’agriculture biologique française à devenir exportatrice sur un
marché européen concurrentiel et soumis à l’inflation. Le surplus de production trouve une valorisation sur le marché conventionnel, réduisant en moyenne les écarts de prix à la production entre les produits issus de l’agriculture conventionnelle et biologique.
En 2022, les surfaces en première année de conversion s’élèvent à 156 000 hectares. Les conversions sont à l’arrêt, ces surfaces nouvellement converties proviennent principalement des agrandissements des producteurs en place et de l’installation de jeunes agriculteurs. Elles représentent actuellement 5 % des surfaces, un taux jugé insuffisant pour faire face aux départs en retraite et aux arrêts d’activité.
Aujourd’hui, la surface dédiée à l’agriculture biologique représente moins de 11 % du territoire. Les politiques publiques se fixent pour objectif d’atteindre un taux de 21 % d’ici 2030. Cependant, la poursuite du développement de la production biologique dépend étroitement de la reprise de la consommation. Des éléments cruciaux, tels que la santé, le respect de l’environnement et du bien-être animal jouent un rôle majeur dans les choix de consommation. La filière biologique, avec son cahier des charges et ses contrôles indépendants, demeure la mieux positionnée pour répondre à ces exigences. L’enjeu pour cette filière réside dans sa capacité à sensibiliser le consommateur à ces avantages.
À court terme, en raison de la moindre plus-value économique de la bio et de la fin programmée des aides au maintien de la PAC, le risque de déconversion devient réel chez les producteurs dont les aspects économiques sont prédominants dans la prise de décisions.
Les résultats des producteurs en agriculture biologique
Cette étude porte sur les résultats économiques des adhérents Cerfrance de l’Atelier des études économiques. Les exploitations en bio partiel (dont la production principale n’est pas certifiée en agriculture biologique) ou en conversion ne sont pas retenues.
Des systèmes de production diversifiés
L’étude des résultats des producteurs biologiques montre la diversité des productions :
- 56 % ont un atelier cultures-ventes
- 41 % ont un troupeau laitier
- 20 % ont un atelier vaches allaitantes
- 14 % ont un atelier avicole (chair et/ou poules pondeuses)
- 11 % ont une activité de maraîchage
- 9 % ont des surfaces en arboriculture
- 3 % ont une activité viticole
- 3 % ont une production porcine
Surfaces et main-d’œuvre
Les exploitations en agriculture biologique mobilisent une main-d’œuvre de 2,41 unités de travail humain (UTH), principalement issue de la sphère familiale, les salariés constituant seulement 29 % des effectifs. Avec une surface agricole utile (SAU) moyenne de 93 hectares, ces exploitations se spécialisent principalement dans l’élevage, réservant 59 hectares à des cultures fourragères, essentiellement axées sur la production d’herbe.
Une forte capacité de résistance à la crise de surproduction
Avec un taux d’endettement de 54 % et une trésorerie nette globale de 32 000 €, ces exploitations affichent une situation financière globalement saine, résistant ainsi à la crise de surproduction qui touche actuellement la filière. Ces systèmes se distinguent par leur gestion économe en intrants et leur faible sensibilité à la flambée des prix des matières premières observée dans le contexte de la reprise économique post-COVID. La hausse des cours sur le marché conventionnel permet de limiter les pertes lorsque la production biologique est directement valorisée sur ce marché.
Le résultat courant par UTH familiale s’établit à 27 800 €. Les producteurs parviennent à maintenir leurs revenus, bien que ne bénéficiant pas pleinement de la hausse des prix à la production. Cependant, cette moyenne dissimule des disparités notables entre les différentes productions, avec un écart de revenu d’environ 43 000 € entre les maraîchers (avec les revenus plus faibles) et les producteurs de céréales spécialisés. L’analyse de la dispersion des résultats révèle des écarts tout aussi significatifs au sein de chaque système.
La filière viande bovine
Tendance de marché : une absence de débouchés en filière biologique
La consommation de viande bovine biologique a enregistré une baisse de 10 % au cours de l’année 2022.
Le chiffre d’affaires de la filière bovine est revenu à son niveau de 2018 malgré une augmentation des prix à la consommation. Cette situation met en lumière les répercussions de l’inflation des prix et de la diminution du pouvoir d’achat, entraînant une descente en gamme de la consommation des produits alimentaires. La filière bovine se trouve en première ligne.
Parallèlement, le cheptel allaitant biologique se stabilise, grâce notamment aux troupeaux récemment convertis qui permettent de pallier le départ en retraite d’une partie des producteurs et les arrêts d’activité.
Une partie de la production est donc valorisée sur le marché du conventionnel. L’absence de débouchés a entravé le développement d’une filière d’engraissement de bovins en agriculture biologique. Les éleveurs optent principalement pour la commercialisation des mâles en tant que broutards sur le marché conventionnel.
De plus, une partie des vaches est directement écoulée sur le marché conventionnel, la plus-value attribuée au label bio s’avère parfois insuffisante pour compenser les coûts supplémentaires liés à la certification biologique.
Les résultats des éleveurs allaitants profitent de la hausse des cotations de la viande bovine
L’étude porte sur les résultats des exploitations spécialisées bovins viande en agriculture biologique.
Surfaces et main-d’œuvre
Dans ces systèmes, la main-d’œuvre est de 1,32 UTH et la part salariée est pratiquement inexistante. Seules 8 % des exploitations comptent entre un ou deux salariés.
La surface de l’exploitation s’élève en moyenne à 110 hectares, principalement orientée vers l’élevage, avec une surface fourragère de 100 hectares dédiée principalement à la production d’herbe. Un atelier cultures de 10 hectares permet la production d’un
concentré à la ferme, essentiel à la finition des animaux.
Une rentabilité préservée par la hausse généralisée des prix de la viande bovine
Avec un taux d’endettement de 44 % et une trésorerie nette globale de 13 845 euros, ces exploitations affichent une situation financière généralement solide. Les stocks bénéficient d’un financement à long terme.
Le revenu disponible s’élève à 21 000 € par UTHF. Avec une part des intrants sur le produit de 26 %, ces exploitations autonomes présentent une faible sensibilité à la flambée des cours des matières premières en lien avec la reprise économique post-COVID. La hausse des prix de la viande bovine a contribué à consolider le revenu des producteurs, notamment avec une hausse du prix de vente de 300 € par vache de réforme.
Ces exploitations demeurent sensibles aux aides de la Politique Agricole Commune (PAC), qui constituent en moyenne 87 % de l’EBE. À partir de 2023, l’arrêt des aides PAC au maintien et la réorientation des aides bovines en faveur de l’engraissement risquent
de porter préjudice au revenu de ces producteurs.
Aussi, 30 % des exploitations ont une sensibilité aux aides (aides / EBE) inférieure à 75 %. Dans ces exploitations où les ressources proviennent en partie des productions, les principaux leviers ont été activés :
- une meilleure valorisation des produits : le produit viande est supérieur de 80 € par UGB ;
- une intensification de la surface fourragère (le chargement est supérieur de 0,17 UGB par hectare) sans dégrader le coût alimentaire.
La filière laitière
Tendance de marché : une consommation revenue à son niveau 2019
En 2022, une nette diminution de la consommation des produits laitiers bio a été enregistrée, ramenant le chiffre d’affaires à celui de 2019 malgré une augmentation des prix à la consommation. Les premières tendances de l’année 2023 confirment cette évolution, avec une baisse de 19 % en volume pour les fromages et de 10 % pour les produits ultrafrais au cours des neufs premiers mois de l’année.
L’inflation impacte le pouvoir d’achat, incitant les consommateurs à se tourner vers des produits moins coûteux, tandis que les grandes surfaces réduisent l’espace consacré aux produits laitiers biologiques.
Parallèlement, la collecte de lait bio a continué d’augmenter en 2022 (+ 2,8 %), résultat des conversions passées et d’une récolte fourragère favorable en fin d’année. Chez certains opérateurs, jusqu’à 40 % du lait bio est valorisé en conventionnel.
Bien que l’envolée des prix sur le marché spot ait permis de stabiliser les prix à la production en moyenne, la plus-value du lait bio a chuté de 100 € à 30 € par 1 000 litres en l’espace d’une année. Les producteurs de lait bio n’ont pas directement bénéficié de l’augmentation des prix des matières premières.
Dans ce nouveau contexte économique, les laiteries ont interrompu les conversions
Depuis juin 2022, le nombre de livreurs a diminué de 3,8 % en un an, les départs en retraite n’étant plus compensés par de nouvelles conversions. En août 2023, la collecte a enregistré une baisse de 3,2 % sur un an. Au cours du premier semestre 2023, le prix de base a été revalorisé de 30 € par 1 000 litres, malgré un marché peu porteur. Les laiteries ont fait le choix de maintenir une plus-value sur le lait bio afin d’éviter les déconversions et de sécuriser leur approvisionnement à long terme. Cependant, la diminution du prix du lait spot conventionnel soulève des interrogations quant à la capacité de tous les opérateurs à maintenir cette démarche.
Des producteurs de lait différemment exposés à la crise de surproduction
L’étude porte sur les résultats des exploitations spécialisées en production laitière en agriculture biologique.
Surfaces et main-d’œuvre
Dans ces systèmes laitiers, la main-d’œuvre s’élève à 2,12 UTH. On constate que la main-d’œuvre salariée est présente dans la moitié des exploitations, représentant ainsi 40 % de la main-d’œuvre totale de ces exploitations employeuses de main-d’œuvre.
La surface de l’exploitation s’élève en moyenne à 110 hectares, elle est principalement orientée vers l’élevage, avec une SFP de 95 hectares dédiée principalement à la production d’herbe. Par ailleurs, un atelier de cultures de 15 hectares est mis en place pour compléter la ration des animaux. Le troupeau moyen compte 78 vaches laitières.
Des écarts de revenu entre producteurs
Dans ce contexte de surproduction, les producteurs font preuve de résilience face à la crise. Le prix du lait à 483 € par 1 000 litres demeure stable par rapport à l’an dernier, tout en se rapprochant des tarifs conventionnels. L’amélioration de la conjoncture dans le secteur de la viande bovine permet de faire face à la hausse des prix des intrants dans ces systèmes économes. Le revenu disponible reste stabilisé à 29 800 € par exploitant en moyenne. Avec un taux d’endettement de 55 % et une trésorerie nette
globale de 23 500 €, ces exploitations conservent une situation financière saine en moyenne.
Cependant, cette situation masque d’importantes disparités. Environ 20 % des producteurs vendent le lait à moins de 450 € par 1 000 litres : faute de marché, leur laiterie valorise une part importante de la production sur le marché conventionnel. Le résultat courant s’élève à 16 500 € par exploitant.
Aussi, près de 20 % des producteurs parviennent à valoriser leur lait à un prix supérieur à 520 € par 1 000 litres. Dans ce cas, la laiterie transforme le lait collecté et le valorise en grande partie sur le marché bio. Le résultat courant des producteurs s’élève à 30 500 € par exploitant. Dans cette situation, la plus-value issue du secteur bio demeure suffisante pour compenser la moindre productivité de ces systèmes.
Motivations différentes, résultats similaires à travers les générations
L’actualité économique de la filière conventionnelle joue un rôle déterminant dans la prise de décision en faveur de la conversion. En 2022, la collecte de lait biologique affiche une augmentation de 2,7 %, atteignant ainsi 1,26 milliard de litres.
Le tableau ci-dessous catégorise les exploitations laitières biologiques en cinq groupes distincts :
- Les conversions antérieures à la crise de l’ESB (avant 1999) ;
- Les conversions post-crise de l’ESB ayant bénéficié des premières aides à la conversion (CTE) (conversions entre 1999 et 2008) ;
- Les conversions post-crise de 2009 (entre 2009 et 2014) ;
- Les conversions post-crise de 2015 (après 2015-2018) ;
- Les conversions récentes (après 2019).
Ces groupes témoignent de motivations différentes à différentes époques avec la mise en place de systèmes différents.
L’analyse de ces résultats révèle des disparités tant dans la taille des exploitations que dans les pratiques techniques. Les exploitations ayant une longue histoire en agriculture biologique se caractérisent par une dimension plus modeste, adoptant une stratégie plus extensive avec une production par vache moins élevée et une part plus importante de prairies dans l’assolement. La valeur ajoutée représente la moitié du produit de l’exploitation.
En revanche, les producteurs récemment convertis adoptent une stratégie plus intensive, avec une part moindre de prairies dans l’assolement. Le chargement et la production par vache sont plus élevés. Le niveau de valeur ajoutée sur le produit est inférieur. Cette moindre rentabilité est compensée par une productivité accrue de la main-d’œuvre. Le niveau de revenu disponible varie donc entre 25 000 et 35 000 € par exploitant, sans lien direct avec la date de conversion.
La filière œufs de consommation
Tendance de marché : un marché saturé
En 2022, la croissance des élevages de poules pondeuses en agriculture biologique se stabilise avec une augmentation de 3 %.
Cependant, la consommation, évaluée en chiffre d’affaires, montre une stabilisation, malgré une hausse d’environ 10 % des prix en rayon. Les volumes commercialisés connaissent une baisse au profit des œufs plein air plus abordables. Cette tendance se poursuit au cours du premier semestre 2023, où l’on observe une augmentation de 20 % des prix et une diminution de 6 % des volumes.
Le marché est saturé avec une offre excédentaire de 20 % à 30 %. Dans les rayons des grandes surfaces, l’œuf biologique n’est plus l’unique alternative à l’œuf en cage. Les segments des œufs plein air et ponte au sol gagnent des parts de marché. Certains acteurs de la filière incitent les producteurs en agriculture biologique à changer de segment de marché. Les mises en place de poules pondeuses diminuent sur l’année 2023.
Les prix des œufs au départ de l’élevage ont été revalorisés (+ 1,70 € pour 100 œufs). La filière biologique tire profit du contexte global du marché de l’œuf. En 2022, la grippe aviaire induit un recul de la production d’œufs, devenant insuffisante pour satisfaire la demande des rayons des grandes surfaces avec leurs nombreuses références. L’œuf biologique bénéficie indirectement de la hausse des prix constatée dans d’autres segments de marché.
En 2023, la consommation globale d’œufs profite de l’inflation, l’œuf demeurant la protéine animale la moins coûteuse. La demande absorbe la reprise de la production post-grippe aviaire, ce qui devrait atténuer les effets du déclassement sur les prix à la
production.
Des éleveurs dépendants de l’aliment biologique produit localement
L’étude porte sur les résultats des exploitations spécialisées en production d’œufs en agriculture biologique.
Surfaces, main-d’œuvre et taille d’élevage
Dans ces systèmes, la main-d’œuvre s’élève à 1,34 UTH. Elle revêt principalement un caractère familial : la main-d’œuvre salariée est présente dans moins de 16 % des élevages. Dans 60 % des cas, le chef d’exploitation constitue la seule ressource en main-d’œuvre.
Les moyens de production se composent principalement de bâtiments accueillant en moyenne 8 000 poules. La superficie moyenne des cultures destinées à la vente est de 8 hectares. Le lien au sol est partiel et l’alimentation est généralement achetée à l’extérieur. Aussi, ce groupe spécialisé représente la moitié des producteurs d’œufs. Cette production peut également être secondaire, associée notamment à la production de viande bovine (20 % des producteurs), de volaille de chair (10 %) ou laitière (10 %).
Les revenus sont à la peine
Avec un taux d’endettement de 79 % et une trésorerie nette globale de 3 800 €, les stocks restent financés à long terme. Cette structure financière, héritée du passé, démontre une capacité de résistance assez fragile.
Le revenu disponible s’élève à 6 500 € par exploitant. La hausse du prix de vente des œufs n’est pas suffisante pour compenser l’augmentation du prix de l’aliment acheté à l’extérieur. Ces systèmes, davantage dépendants de l’approvisionnement extérieur, exposent leur fragilité en cette période de crise. Aussi, l’abondance des céréales biologiques devrait exercer une pression sur le prix de l’aliment, offrant ainsi des perspectives d’une meilleure rentabilité à court terme pour ces systèmes.
La filière viticole
Tendance de marché : 20 % des vignes sont conduites en agriculture biologique, l’offre devient excédentaire
En 2022, la filière viticole demeure le seul secteur biologique en croissance, avec une augmentation de 2 % de la consommation en valeur. Toutefois, cette croissance a marqué un ralentissement depuis 2021.
La progression de la consommation s’observe principalement dans les canaux de vente directe (46 % de la consommation) et chez les cavistes (23 %). Ces acteurs sont déjà solidement établis. Les principaux vignobles ont créé une offre en vin biologique pour répondre à la demande des consommateurs. Dans le même temps, les ventes dans la grande distribution reculent, le vin est aussi concerné par les arbitrages du consommateur provoqués par l’inflation.
L’objectif des politiques publiques en faveur de l’environnement visant à convertir 20 % du vignoble français a été atteint. Avec 35 % des surfaces en cours de conversion, la production va continuer de croître. À partir de 2022, le vin en vrac peine à trouver
preneur, incitant la filière à se tourner désormais vers l’exportation pour écouler sa production.
Des entreprises employeuses de main-d’œuvre et rentables
L’étude porte sur les résultats des exploitations spécialisées en viticulture biologique. Ces exploitations sont principalement localisées dans le département du Maine-et-Loire.
Surfaces, main-d’œuvre et taille du vignoble
Dans ces exploitations, la main-d’œuvre s’élève à 4,72 UTH, principalement sous forme de salariés. En effet, 87 % des viticulteurs emploient du personnel salarié. La surface totale du vignoble atteint 17 hectares en moyenne, soit 3,67 hectares de vignes valorisés par personne. Il est intéressant de noter que dans 90 % de ces exploitations, la viticulture représente la seule activité.
Une santé financière saine
Avec un taux d’endettement de 58 % et une trésorerie nette globale de 36 300 €, ces exploitations ont une situation financière saine. Les stocks sont financés entièrement à long terme.
Le résultat courant s’élève à 70 700 € par UTHF. Cette moyenne cache de fortes disparités. Un quart des viticulteurs ont un revenu inférieur à 10 000 €.
Les compétences nécessaires pour gérer une exploitation viticole sont diverses :
- le savoir-faire technique est essentiel pour maîtriser la culture de la vigne sans avoir recours à des produits de synthèse, ainsi que pour la vinification du vin ;
- le savoir-faire commercial pour fidéliser et développer une clientèle ;
- le savoir-faire managérial est également indispensable pour encadrer l’équipe de salariés, constituant le premier poste de charges dans ces exploitations.
La filière légume
Tendance de marché : les surfaces se stabilisent dans un contexte de surproduction
En 2022, les surfaces dédiées à la culture de légumes en agriculture biologique se stabilisent. Les conversions de nouvelles surfaces ne parviennent plus à compenser les arrêts d’activité en 2023. Cette stagnation s’explique par un marché saturé. Les maraîchers des grands bassins se sont nouvellement convertis.
L’arrivée de leur production coïncide avec une diminution de la consommation dans la grande distribution et les magasins spécialisés qu’ils devaient approvisionner.
La consommation de légumes biologiques affiche un recul de chiffre d’affaires de 5 % en 2022 malgré une hausse des prix en rayon. Les volumes commercialisés se rapprochent de la situation de 2019. Cette tendance persiste en 2023 avec une diminution de 9 % des volumes commercialisés au cours du premier semestre.
La mise en avant de produits sans résidu de pesticide, locaux, dans les rayons des grandes surfaces, ainsi que le développement de distributeurs à la ferme, permettent à la filière conventionnelle de répondre aux besoins des consommateurs en produits sains et locaux, avec des prix plus compétitifs. Dans un contexte inflationniste, la filière biologique perd des parts de marché.
Aussi, des parcelles de légumes peuvent être broyées à certaines périodes. La filière bio est contrainte à utiliser les mêmes outils que le secteur conventionnel pour désengorger le marché.
Un produit insuffisant pour permettre une viabilité
L’étude porte sur les résultats des maraîchers en agriculture biologique avec moins de cinq salariés.
Surfaces et main-d’œuvre
Au sein de ces exploitations, la main-d’œuvre s’élève à 2,49 UTH. Les travailleurs salariés constituent la moitié de la main-d’œuvre présente sur l’exploitation.
La superficie exploitée couvre 8 hectares, et en moyenne, une personne cultive 2,24 hectares de légumes.
Une absence de revenu pour les exploitants
Ces exploitations génèrent en moyenne un revenu annuel de 2 000 €. La main-d’œuvre salariée constitue le principal poste de charges. Les quantités de légumes produites et les prix pratiqués ne permettent pas de rémunérer le travail du chef d’entreprise. Malgré cela, la situation financière demeure saine avec un taux d’endettement de 56 % et une trésorerie nette globale de 3 800 €.
Dans ces systèmes, les investissements en matériels et en bâtiments, ainsi que les annuités qui en découlent, sont modérés. Cette approche explique en partie la capacité de résistance observée. Cependant, l’absence de revenu remet en question la pérennité de ces exploitations, incitant certains producteurs à envisager un changement d’activité.
La croissance de la consommation est cruciale pour assurer la durabilité de ces exploitations. Aussi, la demande persistante des consommateurs en légumes sains, associée à une préoccupation croissante pour la préservation de l’environnement et la confiance dans le produit, renforcent le positionnement favorable de l’agriculture biologique.
Son cahier des charges rigoureux, associé à des contrôles indépendants, la positionne comme la solution idéale pour répondre à cette demande. La relance de la consommation dépendra de la capacité de la filière à communiquer et à expliquer ces réalités aux consommateurs.
La filière grandes cultures
Tendance de marché : les céréales biologiques ne trouvent plus preneur sur le marché français
En 2022, les surfaces certifiées bio ont connu une croissance significative, enregistrant une augmentation de 18 %. Les parcelles récemment converties ont commencé à contribuer à la
production, tandis que les exploitants en place ont continué d’agrandir leurs exploitations. Cette évolution découle des choix stratégiques effectués par les agriculteurs dans le passé. Notamment, les céréaliers des zones intermédiaires qui ont fait le
choix de se convertir à l’agriculture biologique à un moment où la France était encore dépendante des importations de céréales.
La collecte de blé biologique a doublé entre les récoltes de 2021 et 2023. L’arrivée de la production de ces exploitations
spécialisées en grandes cultures coïncide avec une demande morose en céréales. Les besoins de l’industrie meunière connaissent une baisse. L’inflation et la diminution du pouvoir d’achat entraînent une réduction de la consommation de produits tels que le pain, les céréales et les biscuits bio. De plus, la croissance anticipée des filières avicoles et porcines bio ne se matérialise pas en raison du manque de débouchés. Les silos sont pleins, avec 25 % de la production ne trouvant pas preneur sur le marché français bio depuis la récolte de 2022.
Face à cette situation, la filière se tourne vers les marchés à l’export afin de limiter la commercialisation des céréales biologiques sur le marché conventionnel.
Avec l’érosion de la plus-value et la baisse des prix sur le marché conventionnel, les prix de vente des céréales bio vont encore diminuer. La question d’un éventuel retour à l’agriculture conventionnelle pour les systèmes les plus spécialisés se pose.
Une chute des revenus entre les récoltes 2021 et 2022
L’étude porte sur les résultats de producteurs de céréales spécialisés.
Surfaces et main-d’œuvre
Au sein de ces exploitations, la main-d’œuvre est de 1,17 UTH, principalement d’origine familiale, avec une présence de salariés dans moins de 20 % des exploitations. La surface atteint 114 hectares, principalement dédiée aux cultures céréalières. En moyenne, une personne valorise 80 hectares de céréales. L’assolement se caractérise par sa diversification, avec une prédominance des mélanges céréaliers avec des associations de légumineuses.
Les revenus de la récolte 2022 sont pénalisés par le manque de débouchés
Le résultat courant s’élève à 44 100 € par exploitant, reflétant deux conjonctures opposées :
- pour la récolte 2021, des rendements élevés et une demande soutenue sur le marché des céréales biologiques ont contribué à des
résultats positifs. La collecte de céréales était insuffisante pour répondre à la demande nationale. La moitié des producteurs ont généré un résultat courant dépassant les 60 000 € ; - en revanche, pour la récolte 2022, le marché est saturé, entraînant la commercialisation d’une partie de la récolte en conventionnel. En conséquence, un quart des producteurs affichent un résultat courant négatif.
Avec un taux d’endettement de 48 % et une trésorerie nette globale de 53 700 €, la situation financière moyenne héritée du passé reste saine.
Retrouvez l’édition 2023 sur les références économiques en agriculture biologique au format PDF ci dessous.
Vous pouvez également retrouver sur notre site internet l’étude sur l’agriculture biologique de 2022.