Céréales et oléagineux | mi-parcours 2024

Temps de lecture : 7 minutes

Céréales et oléagineux : bilan de la campagne à mi-parcours 2024

Découvrez notre dernière veille économique à mi-parcours 2024 sur le marché des grandes cultures : céréales et oléagineux.

Céréales : deux campagnes record de suite

Le CIC (Conseil International des Céréales) prévoit une production mondiale de céréales en hausse de 1,6 % à 2 304 millions de tonnes (M tonnes) sur la campagne 2023-2024. C’est un millésime record qui ne devrait pas rester longtemps sur la première marche du podium. En effet, les premières estimations pour la campagne 2024-2025 anticipent une production de nouveau en hausse de 1,2 % à 2 332 M tonnes.

C’est la production record de maïs sur 2023-2024 (+ 5,5 %), attendue aussi en légère hausse sur la campagne suivante, qui en est le principal moteur. En revanche, en blé, les prévisions de hausse sur 2024-2025 n’effaceront pas totalement la baisse de 2023-2024.

Avec une consommation mondiale de céréales qui suit l’évolution de la production, les stocks mondiaux devraient rester stables, autour de 600 M tonnes. Mais la situation est contrastée entre le blé, dont le bilan se tend légèrement, à l’inverse du maïs qui va voir ses stocks progresser sensiblement.

Ainsi, les stocks mondiaux de céréales restent stables sur quatre ans. Mais dans le même temps, le ratio stocks/consommation serait en recul de 4 % pour représenter 26 %.

Blé : une Russie omniprésente et une Europe en mal de compétitivité

Une production mondiale en baisse

La production mondiale de blé est attendue en recul de près de 2 % à 789 M tonnes en 2023-2024 selon le CIC, après une campagne 2022-2023 record. La production australienne chute de près de 40 % à 25 M tonnes, après une récolte record sur la campagne précédente. En Russie, la production de blé serait en légère baisse tout en restant à un niveau historiquement élevé, supérieur à 90 M tonnes. Dans l’Union Européenne, la production serait stable à 133 M tonnes. En revanche, la production aux États-Unis serait en hausse de plus de 4 M tonnes.

La Russie, acteur majeur du marché du blé

Dans son dernier rapport, le CIC prévoit des reports de stocks de 267 M tonnes, soit le niveau le plus bas depuis quatre ans. De plus, les stocks de fin de campagne devraient reculer de 4 M tonnes, et atteindre 61 M tonnes chez les principaux pays exportateurs. Un niveau proche de celui connu sur les campagne 2019-2020 à 2021-2022. Mais la nouveauté à souligner est que près de 20 % de ces stocks sont détenus par la Russie. Une situation jugée sensible, dans la mesure où ce pays n’hésite pas à en faire une arme géopolitique pour servir ses propres intérêts. Des tensions pourraient ainsi rapidement émerger en cas d’aléas climatiques dans les principaux pays exportateurs de blé…

La compétitivité française et européenne mise à mal

Malgré un bilan qui se tend, les exportations européennes et a fortiori françaises rencontrent des difficultés à trouver un rythme soutenu sur cette campagne.

Plusieurs explications à ces difficultés : si la situation des stocks de blé est plus tendue sur cette campagne, les disponibilités importantes en maïs, notamment aux États-Unis, rentrent en concurrence directe avec le blé. En particulier, le maïs ukrainien, qui a perdu des parts de marchés par rapport aux difficultés d’exportation, notamment en raison des risques en mer Noire et en mer Rouge, trouve des débouchés sur l’Europe avec des prix très compétitifs. De même, les importations de blé fourrager ukrainien sans droits de douane et donc à des prix défiant toute concurrence, accentuent le problème. Mais la raison principale de la perte de compétitivité des blés européens reste la forte pression des blés russes sur les marchés mondiaux qui, malgré la baisse des cours, restent compétitifs et parviennent ainsi à décrocher de nombreux contrats à l’export.

Des stocks de report en blé français attendus en hausse

Dans ce contexte, FranceAgriMer constate un effet de rétention de stocks de blé dans les exploitations françaises, dans l’attente d’une remontée des cours, qui reste très hypothétique à court terme… Ainsi, les stocks de fin de campagne devraient atteindre 3,5 M tonnes, soit le niveau le plus élevé depuis la campagne 2004-2005.

Les yeux sont rivés sur la récolte 2024

La production mondiale de blé devrait de nouveau progresser de plus de 1 % à 799 Mt en 2024-2025 selon les premières estimations du CIC.

Mais le contraste est fort entre la situation des pays de la mer Noire où les conditions de cultures sont assez bonnes en ce début de printemps et en Europe où les conditions climatiques humides pénalisent fortement les perspectives de production. Ainsi, la Commission européenne prévoit une production de blé en Europe à 120,8 Mt, au plus bas depuis quatre ans.

Une campagne difficile pour les agriculteurs français

Les agriculteurs français se trouvent dans une situation particulièrement compliquée sur cette campagne. Avec d’un côté, les prix qui baissent fortement et, de l’autre, des perspectives de récolte 2024 fortement impactées par les conditions humides de l’année qui se prolongent depuis l’automne. Ainsi, d’après Céré’Obs, l’observatoire des céréales à paille de FranceAgriMer, la part de surfaces en blé tendre, en conditions « bonnes à très bonnes » en ce début de printemps, serait de 66 % contre 94 % en 2023.

La production française devrait passer en dessous des 30 M tonnes. Alors qu’elle se situe en moyenne autour de 35 M tonnes sur les dernières années. Si le marché du blé reste déprimé et que les bonnes perspectives de production se confirment autour de la mer Noire, les agriculteurs français risquent d’avoir du mal à couvrir leur prix de revient pour la deuxième année consécutive, malgré un recul du prix des engrais…

Maïs : un bilan lourd avec des perspectives incertaines

Deux campagnes consécutives records

En maïs, la tendance est à une progression de la production sur deux campagnes consécutives. C’est tout de même moins significatif sur la campagne 2024-2025 qui marquera toutefois un nouveau record à 1 233 M tonnes.

Des stocks mondiaux en hausse

Sur ces deux mêmes campagnes, les stocks mondiaux devraient également augmenter. C’est particulièrement vrai pour les cinq principaux pays exportateurs, dont les stocks devraient progresser de 30 % en fin de campagne 2024-2025 d’après l’USDA, le département de l’Agriculture des États-Unis.

Une concurrence ukrainienne qui pèse sur les prix en Europe

L’arrivée massive de maïs ukrainien en Europe tire les prix à la baisse dans un contexte de manque de compétitivité à l’international.

Ainsi, les cours du maïs rendu Bordeaux ont reculé de plus de 30 % sur un an.

Il faudra suivre toutefois l’évolution des prévisions de semis de maïs aux États-Unis, qui seraient en retrait de 5 % selon les dernières prévisions de l’USDA. De même, le phénomène climatique el Niño est à surveiller au Brésil, dans la mesure où il augmente les risques de sécheresse précoce pendant la floraison sur cette zone.

Orge : des conditions météorologiques défavorables en Europe de l’Ouest

Les dernières prévisions de l’USDA sur la campagne en cours font état d’une baisse de la production mondiale de plus de 5 % à 142 M tonnes. C’est le niveau le plus bas depuis cinq ans. Malgré cela, la lourdeur du complexe céréalier affecte aussi le marché de l’orge, avec des prix déprimés.

Mais l’attention se tourne sur la prochaine récolte, dans un contexte de conditions météo dégradées sur l’Europe de l’Ouest, qui font craindre une baisse des surfaces emblavées par rapport à ce qui était prévu, mais également des rendements. Les semis d’orge de printemps ont en effet pris un retard important. Même si on s’attend toujours à une hausse substantielle des surfaces, en contrepartie des semis des céréales d’hiver qui n’ont pu être réalisés en totalité.

Soja :  des stocks mondiaux en forte hausse

La production mondiale de soja devrait battre un nouveau record sur la campagne 2023-2024 selon l’USDA, à 397 Mt.

Le Brésil reste le moteur de cette tendance avec une production estimée à 156 M tonnes, soit près de 40 % de la production mondiale.

Avec une consommation mondiale également record à 382 M tonnes, les stocks devraient atteindre un sommet de 114 M tonnes, en hausse de près de 12 % sur un an et de 13 % sur cinq ans.

Les disponibilités confortables à l’échelle mondiale, y compris en tourteaux de soja, expliquent la tendance baissière du complexe oléagineux.

Les tendances pour la prochaine récolte ne paraissent pas infléchir la situation, avec des surfaces en soja qui devraient progresser aux États-Unis et malgré une baisse attendue de la production brésilienne. Les incertitudes restent cependant nombreuses sur le potentiel de production en Amérique du Sud.

Colza : incertitudes sur la récolte à venir en Europe

La production mondiale de colza sur la campagne 2023-2024 est très proche du record atteint sur 2022-2023, à 88 M tonnes. Avec une consommation légèrement supérieure, les stocks mondiaux devraient reculer légèrement.

Sur la nouvelle campagne, c’est la météo qui focalise l’attention : les pluies abondantes et le manque de rayonnement en période de floraison pourraient affecter les rendements.

Selon la Commission européenne, la production en Europe pourrait représenter 19,5 M tonnes contre 20 M tonnes en 2023.

Du côté du Canada, principal exportateur mondial, une baisse probable de la surface de canola semble être la tendance, tandis qu’en Ukraine, le potentiel de rendement est prometteur.

 À suivre

  • Conditions climatiques en Russie sur les mois de mai et juin
  • Évolutions des semis d’orge de printemps en Europe de l’Ouest
  • Tensions en mer Noire et impact sur la logistique
  • Position des fonds spéculatifs sur les marchés des matières premières

 Sources utilisées pour rédiger cette veille économique à mi-parcours 2024 sur les céréales et les oléagineux

  • Conseil spécialisé grandes cultures de FranceAgriMer (mars 2024)
  • Rapports USDA
  • Rapports CIC
  • Agritel
  • La France Agricole / Tallage

Retrouvez nos notes de conjonctures sur les grandes cultures sur la partie de notre site dédiée.

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