Avril 2023 de la fourche à la fourchette : agroalimentaire, circuit court, agroécologie et enjeux des transitions
Au sommaire de notre dernière publication de la fourche à la fourchette d’avril 2023 :
- L’excédent commercial agroalimentaire français recule en un an
- Près d’une exploitation agricole sur quatre utilise un circuit court
- Agroécologie : comment la valoriser auprès des consommateurs ?
- La diversité des espaces ruraux face aux enjeux des transitions
L’excédent commercial agroalimentaire français recule en un an
Les échanges agro-alimentaires français ont progressé depuis trois ans, qu’il s’agisse des importations ou des exportations
En février 2023, l’excédent commercial s’est replié de 25 % par rapport à février 2022. Le solde des produits bruts recule sur un an en raison de la hausse des importations, principalement de fruits et légumes.
L’excédent commercial diminue également sur les produits transformés, la hausse des importations (viande de porc espagnole, viande de volaille de Belgique et de Pologne, préparations à base de fruits et légumes, produits laitiers) étant supérieure à celle des exportations.
L’excédent commercial augmente légèrement avec les pays tiers. Mais il diminue nettement avec l’Union Européenne (UE), où les importations ont crû deux fois plus que les exportations.
Près d’une exploitation agricole sur quatre utilise un circuit court
D’après le recensement agricole 2020, 90 000 exploitations de France métropolitaine écoulent au moins une partie de leurs produits via un circuit court.
La vente en circuit court est plus présente chez les producteurs bio, quelle que soit leur spécialisation. En moyenne, elle concerne 53 % des producteurs bio et 19 % des exploitations conventionnelles.
La vente directe à la ferme est la plus répandue. En effet, elle concerne plus des deux tiers des exploitations vendant en circuit court.
Agroécologie : comment la valoriser auprès des consommateurs ?
Marchés de l’agroécologie
L’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environ-nement) s’est intéressé aux marchés de l’agroécologie au travers de 28 cas étudiés dans différentes filières, associant agriculteurs et coopératives, industriels voire distribution.
Les démarches ont été initiées le plus souvent pour répondre aux attentes des consommateurs sur la réduction des impacts sur l’environnement.
Si l’agroécologie est un cadre reconnu par les acteurs, la communication porte plutôt sur des pratiques spécifiques plus simples à communiquer au consommateur (santé, biodiversité, bien-être animal, climat, etc.).
Les démarches sont diverses pour communication sur l’agroécologie
Certaines utilisent le label HVE (Haute valeur environnementale) ; d’autres construisent leur propre démarche de différenciation au travers d’une charte ou d’une marque collective.
Au-delà des aspects techniques et environ-nementaux, les valeurs sociales de ces démarches sont également mises en avant par les acteurs, au travers de l’apprentissage collectif, du renforcement du lien entre les différents maillons.
Le foisonnement des démarches reflète la diversité des innovations. Leur lisibilité pour le consommateur est toutefois un enjeu, aux côtés des produits de l’agriculture conventionnelle et de l’agriculture biologique.
Actuellement, la consom-mation des produits issus de ces démarches reste limitée en parts de marché. Le positionnement prix de ces produits est en question : des positions premium sont plus faciles à établir pour des produits à forte valeur ajoutée que pour des aliments courants.
L’agroécologie appelle un renforcement du lien avec le territoire, du fait d’un lien fort au contexte pédoclimatique, et de l’intérêt du partage d’expérience, de la recherche de synergies entre produits, filières.
Pour leur pérennité, ces démarches doivent disposer d’un marché, dépendant de la demande alimentaire future, avec un prix rémunérateur pour la filière. Dans le contexte actuel d’inflation alimentaire, la question du prix de l’alimentation peut être délicate. Compte tenu des investissements que suppose la transition écologique, le positionnement prix de l’alimentation pourrait rester un sujet majeur.
La diversité des espaces ruraux face aux enjeux des transitions
La France rurale réunit 30 % de la population et plus de 80 % des communes.
L’Agence nationale de cohésion des territoires (ANCT) a récemment publié une étude sur les ruralités.
Après une première partie décrivant la diversité, l’analyse porte sur leur contribution aux services environnementaux, alimentaires, énergétiques, à l’économie, à l’accueil et à la mobilité des personnes. Selon les auteurs, tous les espaces ruraux contribuent ou pourront contribuer aux grands enjeux de la transition.
Quatre types de transitions sont identifiés.
Transitions agro-écologiques
Ces espaces articulent espaces protégés, pratiques agricoles à forte valeur ajoutée et forte pression résidentielle et/ou touristique.
Les auteurs identifient trois enjeux : l’équilibre entre protection et exploitation des espaces naturels ; la transition vers des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement ; et l’accueil d’une population toujours plus nombreuse dans des espaces à forte exposition aux risques, notamment climatiques.
Transitions agro-industrielles
Ces territoires combinent agriculture et industrie, avec des activités économiques tournées vers l’exportation.
D’après l’étude, le défi sera la compétitivité agricole et industrielle internationale dans des territoires offrant des disponibilités foncières, mais dont la population active diminue et vieillit, et dans un contexte de nécessaire préservation des ressources (sols, eau, énergie, etc.).
Transitions agro-métropolitaines
Ces espaces en périphérie des grandes villes sont très attractifs d’un point de vue démographique.
L’agriculture sous forme de circuit court s’y développe.
Pour les auteurs, les enjeux sont d’une part la coordination de différents modes d’occupation de l’espace péri-métropolitain (agriculture, habitat, fonctions productives, infrastructures de mobilités, etc.) et d’autre part la coordination avec les villes centres.
Transitions agro-techniques
Dans ces territoires, l’économie combine l’agriculture (polyculture – élevage) et la production d’énergie nucléaire, les industries liées à l’environnement (eau, déchets, biogaz) et la logistique.
Le développement des activités liées aux transitions écologiques et énergétiques pourrait être source d’inquiétudes et de conflits au niveau local ou national.
Sources de la fourche à la fourchette du mois d’avril 2023
L’excédent commercial agroalimentaire français recule en un an
Près d’une exploitation agricole sur quatre utilise un circuit court
Agroécologie : comment la valoriser auprès des consommateurs ?
Séminaire de restitution de l’étude « Agroécologie et Marchés : quelles démarches et valorisations au sein des filières agri-alimentaires ? », INRAE, 13/04/2023
https://hal.inrae.fr/hal-04068955
Pour en savoir plus sur l’Agroécologie, vous pouvez également consulter les publications de notre atelier agronomique : l’ARAD2 sur cette thématique.