De la fourche à la fourchette de mai 2024 : le réchauffement climatique
Découvrez la dernière publication de la fourche à la fourchette du mois de mai 2024 sur la thématique du réchauffement climatique et ses conséquences.
Rédaction : Didier ROINSON
Réchauffement climatique et ses conséquences : où en sommes-nous ?
Cette « Fourche à la Fourchette » fait le point sur les données récentes sur le changement climatique et ses enjeux majeurs à court et à moyen terme.
Une source majeure est le rapport annuel sur le climat produit par le service européen Copernicus en lien avec l’Organisation mondiale de la météorologie. Sa présentation a eu lieu en avril 2024.
Sur notre planète Terre, ça chauffe de plus en plus
En 2023, la température augmente de + 1,3°C depuis l’ère préindustrielle
Selon le rapport annuel du service européen Copernicus, la température de l’air de la planète poursuit son ascension en 2023 à + 1,3°C par rapport à l’ère préindustrielle (1850-1900).
L’Europe est le continent qui se réchauffe le plus rapidement avec + 2,3°C. Les températures y augmentent presque deux fois plus vite que la moyenne mondiale.
L’Arctique est également dans une situation alarmante, avec un réchauffement encore plus rapide : + 3,3°C !
En 2023, les concentrations de gaz à effet de serre (GES) atteignent des records
Les concentrations en CO2 de 2023 seraient les plus élevées depuis 2 millions d’années.
Aucune inversion de tendance n’est à ce jour perceptible.
Ce qui souligne l’urgence de la réduction des émissions des gaz à effet de serre pour limiter les impacts des changements climatiques.
L’Europe touchée par des phénomènes météorologiques extrêmes
En 2023, les effets du changement climatique ont continué à se faire sentir dans toute l’Europe. De ce fait, des millions de personnes ont été touchées par des phénomènes météorologiques extrêmes, avec des situations contrastées.
Températures élevées, stress thermique et fonte des glaces
2023 a été l’année la plus chaude ou la deuxième plus chaude jamais enregistrée, y compris pour les températures de surface de la mer.
L’été 2023 n’a pas été le plus chaud, mais il a été marqué par :
- des vagues de chaleur (juin et septembre),
- des incendies de forêt,
- des sécheresses,
- des inondations.
L’Europe a connu un nombre record de jours de « stress thermique extrême » (> 38°C) ». En juillet, 41 % de l’Europe du sud a été touchée par au moins un stress thermique important, susceptible d’avoir des répercussions sur la santé publique.
Au cours des 20 dernières années, la mortalité liée à la chaleur a augmenté d’environ 30 % selon le service Copernicus.
En 2023, le nombre de jours avec de la neige a été inférieur à la moyenne en Europe. Ce phénomène, associé aux températures élevées de l’été, a contribué à une perte nette de glace des glaciers dans toutes les régions d’Europe. L’exemple le plus frappant est celui des Alpes, où les glaciers ont perdu environ 10 % de leur volume résiduel au cours des années 2022 et 2023.
Précipitations fortes et inondations majeures
En 2023, l’Europe a connu des précipitations supérieures d’environ 7 % à la moyenne.
Des débits records ou quasi records ont été observés dans les principaux bassins fluviaux dont :
- la Loire,
- le Rhin,
- le Danube.
Un tiers du réseau fluvial européen a vu ses débits dépasser le seuil d’inondation « élevé ».
Les inondations de 2023 ont alors touché environ 1,6 million de personnes en Europe.
Hausse de la production d’énergies renouvelables
Un effet inattendu des éléments climatiques extrêmes : l’année 2023 a été marquée par une proportion record d’électricité à partir de sources renouvelables.
L’activité accrue des tempêtes d’octobre à décembre a donné lieu à un potentiel de production d’énergie éolienne supérieur à la moyenne. Le potentiel de production d’énergie hydroélectrique au fil de l’eau a été supérieur à la moyenne dans la majeure partie de l’Europe pour l’ensemble de l’année, en raison de précipitations et d’un débit fluvial supérieurs à la moyenne.
En Arctique, un réchauffement accéléré
L’année 2023 est la sixième plus chaude jamais enregistrée pour l’ensemble de l’Arctique. Les cinq années les plus chaudes pour les terres arctiques se sont toutes produites depuis 2016.
L’étendue de la glace de mer arctique est restée inférieure à la moyenne pendant la majeure partie de l’année 2023. À son maximum annuel en mars, l’étendue mensuelle était de 4 % inférieure à la moyenne, se classant ainsi au cinquième rang des plus faibles relevés. À son minimum annuel en septembre, l’étendue mensuelle était la sixième plus faible, avec 18 % de moins que la moyenne.
En avril 2024, la température mondiale sur 12 mois bat tous les records
Les dernières publications de Copernicus annoncent que la série de records de températures mondiales se poursuit en avril. En effet, on enregistre les 11 mois consécutifs les plus chauds sur la planète.
Sur 12 mois glissants (mars 2023 – avril 2024), la température mondiale de l’air dépasse pour la première fois de + 1,6°C la température moyenne de l’ère préindustrielle !
Elle dépasse alors de + 0,7°C la température de la moyenne des 30 dernières années (1991-2020).
Encore combien de temps pour agir ?
Selon Copernicus, la prolongation de la tendance des 30 dernières années, actualisée en mars 2024, devrait conduire à un réchauffement global de + 1,5°C vers la mi 2033.
Rappelons également l’ambition de l’accord de Paris de 2015 : limiter à l’horizon 2100 l’augmentation des températures à + 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels.
Une nécessité d’agir vite selon le service européen du climat Copernicus
Les pertes économiques en Europe liées aux conditions météorologiques
Selon des estimations préliminaires de la base de données internationale sur les catastrophes (EM-DAT), les pertes économiques en Europe liées aux conditions météorologiques et climatiques sont estimées à plus de 13 Milliards € en 2023, dont 80 % liées aux inondations. Et les pertes humaines directes sont d’au moins 150 morts (tempêtes, inondations, incendies de forêts).
« En 2023, l’Europe a connu le plus grand incendie de forêt jamais enregistré, l’une des années les plus humides, de graves vagues de chaleur marine et des inondations dévastatrices généralisées. Les températures continuent d’augmenter, ce qui rend nos données encore plus vitales pour se préparer aux impacts du changement climatique. »
Le Directeur du service Copernicus pour le changement climatique en fait cette synthèse.
« La crise climatique est le plus grand défi de notre génération. Le coût de l’action climatique peut sembler élevé, mais le coût de l’inaction l’est beaucoup plus. »
Le Secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale complète.
« La température moyenne mondiale est la plus élevée jamais enregistrée, les 12 derniers mois ayant dépassé de + 1,6°C les niveaux préindustriels. Pour arrêter le réchauffement, il faut réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre ».
La Directrice adjointe de Copernicus ajoute en mars.
Les mesures misent en place
Ce qui fait une priorité à l’élaboration de deux types de mesures :
- des mesures d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre avec comme objectif de devenir le premier continent neutre sur le plan climatique d’ici à 2050 ;
- des mesures d’adaptation au réchauffement climatique et à ses multiples changements associés.
En France, le Haut Conseil pour le climat alerte le premier ministre. Le Haut conseil enjoint le gouvernement à se préparer à faire face aux conséquences du changement climatique. Il demande aux politiques et aux législateurs de se saisir de ces sujets et de mettre en place les outils adéquats « afin de donner à chaque acteur la visibilité nécessaire pour agir en cohérence dans la durée ».
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