Enjeux du développement laitier de demain : concilier réponses aux attentes des consommateurs et maîtrise du prix de revient
Retrouvez en vidéo Didier Roinson sur les enjeux du développement laitier de demain : concilier réponses aux attentes des consommateurs et maîtrise du prix de revient.
Les dynamiques laitières
L’étude présentée a été réalisée sur la base des résultats des adhérents Cerfrance des territoires suivants : Pays de la Loire, Normandie, Champagne, Nord/Est- Ile de France et Nord pas de calais.
Nous pouvons nous apercevoir que la Manche est le 1er département producteur de lait. De plus, il s’agit du département le plus dynamique en terme d’évolution de la collecte. A contrario, la Vendée est le département le moins dynamique, avec en moyenne une diminution de la collecte de 3% du volume par an.
Par ailleurs, nous pouvons noter qu’en moyenne la Vendée est le département possédant les exploitations produisant le plus de volume de lait par exploitation. La Mayenne est le département produisant le plus faible volume par exploitation.
Caractérisation et évolution des exploitations laitières du territoire étudié
L’exploitation moyenne du territoire étudié compte 2,3 UTH dont 0,4 UTH salarié. La SAU est d’environ 130 ha dont deux tiers en surface fourragère. Nous pouvons constater que dans l’ouest, les exploitations ont des ratios SFP / SAU supérieurs à l’est de la France. La SFP représente seulement 50 % de la SAU, le système polyculture élevage y est donc mieux implanté. La production laitière moyenne est de 592 000 L de lait par an, avec en moyenne une augmentation du volume de livraison de 4,8 % par an depuis 2016.
De manière générale, on observe un accroissement de la productivité par unité de main d’œuvre et par hectare. L’accroissement du volume de production est permis par :
- l’augmentation du nombre de vaches
- l’accroissement de la productivité du travail et la surface fourragère.
Aussi, nous pouvons observer qu’il existe une multiplicité de systèmes dont le degré d’intensification dépend principalement du contexte pédoclimatique et de la dynamique locale.
Stratégies des laiteries et évolution du prix du lait
La grande majorité des laiteries ont des volumes contractuelles stables. Toutes les laiteries accordent des droits à produire aux jeunes agriculteurs, afin de soutenir le maintien de la production.
Pour ce qui est de la fixation des prix, on observe une gestion différenciée entre les coopératives et les privés depuis les états généraux (Loi Egalim). En effet, seules les laiteries privées prennent en compte l’évolution du prix de revient.
En 2020, le prix moyen du lait conventionnel aura été de 330 € / 1 000 L. L’année 2021 aura été marquée par une légère hausse pour atteindre 340 – 345 € / 1 000 L.
Différenciations : AB et signes de qualité
La différenciation de la production laitière biologique a été rapide, puisque la production a doublé durant les quatre dernières années, jusqu’à atteindre 5 – 6 % de la collecte nationale. L’année 2020 a été particulièrement dynamique pour la filière grâce au Covid, on observe à présent une crise de croissance. Effectivement, 10-15% du lait biologique est déclassé. Aussi, les prévisions en 2022 sont pessimistes du fait des conversions.
D’autres signes de différenciation mineures tentent de se développer (lait de pâturage, non OGM …) avec plus de difficultés. Il faut noter que ces signes de différenciation permettent une indemnisation dite de compensation (environ 15 – 20 € / 1 000 L) qui permet de rembourser le surcout engendré par les restrictions, mais ne permet pas d’apporter une réelle plus-value à l’agriculteur.
D’autres arguments sont mis en avant pour essayer de se différencier, il s’agit par exemple du bien-être animal et de la réduction des émissions carbone.
Prix de revient du lait et rémunération
La rémunération permise par les systèmes laitiers est relativement modeste et très variable. En effet, 15 % des éleveurs laitiers gagnent plus de 4 000 € / mois, et, dans le même temps, 20 % de ces éleveurs gagnent moins de 1 000 € / mois.
En 2020, le coût de production moyen se situait lui entre 485 € et 500 € / 1 000 L (prise en compte de 2 SMIC / UTH) et le prix de revient entre 385 € à 400 € / 1 000 L. A noter, qu’on constate que le coût de production est souvent bien supérieur pour les petites exploitations (moins de 400 000 L de lait par an) car elles ne peuvent pas réaliser d’économie d’échelle.
En perspective, on peut noter qu’en 2021 le coût de revient devrait augmenter d’environ 20 € / 1 000 L à cause de la hausse du prix des concentrés notamment.
Clés de la réussite en élevage laitier
Suite aux travaux réalisés, différents points clés ont pu être mis en évidence pour réussir en élevage laitier :
- Le prix du lait, directement influencé par sa qualité (taux…)
- L’intérêt d’intensifier le nombre de litres produit par hectare.
- Avoir une structure financière saine.
- Maîtriser ses charges opérationnelles (coût alimentaire en particulier).
- Maîtriser ses charges de structure (charge de mécanisation en particulier).
- Des facteurs liés à l’humain : organisation, définition des objectifs, avoir une gestion anticipative, être ouvert/curieux…
Perspectives et enjeux
Pour ce qui est des laiteries, elles devront répondre aux attentes différenciées des consommateurs. De leur côté, les exploitations devraient continuer à augmenter leur production en volume, la productivité par unité de main d’œuvre devrait elle aussi probablement augmenter. En effet, les projections prévoient que 20 % des exploitations produiront plus de 350 000 L de lait / UTH.
Un des plus gros défis de la filière sera de pouvoir installer suffisamment de jeunes agriculteurs. Dans la majorité des régions étudiées, 30 % des exploitants ont plus de 55 ans. Par conséquent, le risque est que le volume de lait produit diminue à l’échelle national.
Vous pouvez retrouver toutes nos publications sur le prix du lait, sur notre site internet dans la partie conjoncture lait.