De la fourche à la fourchette | Décembre 2023

Temps de lecture : 7 minutes

De la fourche à la fourchette du mois de décembre 2023 : COP28, abandon des terres agricoles, prix des produits laitiers, élevage d’insectes et loi EGAlim

Au sommaire de la fourche à la fourchette du mois de décembre 2023 :

  • La COP28 et ses enjeux
  • L’abandon des terres agricoles françaises
  • Éleveurs et consommateurs, perdants de la hausse du prix des produits laitiers
  • Bilan sur l‘élevage d’insectes en Europe et en France
  • Loi EGAlim et restauration collective

La COP28 et ses enjeux

Quelles sont nos chances de limiter le réchauffement climatique ?

Quelles sont nos chances de limiter le réchauffement climatique ?

Le président de cette nouvelle COP est le Sultan Al Jaber, à la tête d’une compagnie internationale du pétrole. Pourtant, de façon à répondre à l’urgence climatique, il a été nécessaire de parler des énergies fossiles et de la possibilité d’en sortir progressivement (pétrole, gaz naturel et charbon).

Il y a deux ans, à Glasgow, l’accord avait validé que les pays devaient réduire l’utilisation du charbon. Mais personne n’avait soulevé la question du gaz et du pétrole. Cette année, l’OPEP (syndicat des 23 plus grands pays producteurs de pétrole) a appelé à rejeter tout texte qui aurait pu pour cibler les énergies fossiles.

Deux actions ont notamment été discutées pendant cette COP28

Premièrement, la création d’un bilan mondial qui devrait permettre de faire le point sur les politiques climatiques des États face aux objectifs des Accords de Paris. L’objectif n’étant pas uniquement de dresser un bilan, mais surtout de pouvoir rectifier la trajectoire prise. 

Deuxièmement, les discussions ont continué sur la création d’un fond d’aides pour compenser les « pertes et dommages » des nations du Sud. Car elles sont les plus vulnérables face au changement climatique. Ces aides devraient aider à la protection des littoraux des pays du sud ou encore aider les agriculteurs à mieux résister aux événements climatiques (inondations, sécheresses) de plus et plus réguliers et extrêmes.

Pour aider l’agriculture à s’adapter aux défis climatiques, des financements ont été débloqués par les États-Unis, l’Allemagne et les Émirats arabes unis. La redistribution de ces fonds se ferra principalement dans les États du sud pour permettre d’accroitre la productivité des terres dégradées et où le sol est peu fertile. De nouveaux projets financés incluent un programme d’action de 500 millions de dollars sur :

  • l’agriculture régénérative,
  • la fabrication et la transformation d’aliments pour animaux et d’engrais,
  • le développement de microbes pour stocker le carbone dans le sol.

Les nouvelles actions à la sortie de cette COP28 ne devraient pas avoir beaucoup d’influence sur l’agriculture et les pratiques de production à l’échelle française.

L’abandon des terres agricoles françaises

Aujourd’hui, cela représenterait un total de trois millions d’hectares et plus de 10 % de la surface agricole utile (SAU) en France en état d’abandon. Certaines de ces terres « sans usage » sont devenues inexploitables après avoir été artificialisées, reboisées ou polluées. Pour autant, un grand nombre de ces terres non utilisées pourrait encore être intéressant et faire l’objet d’une reconquête agricole. Beaucoup se situent en zones difficilement mécanisables ou en bord de zone urbaine. Elles pourraient être réintégrées dans la SAU.

Après avoir identifié ces friches, les différentes SAFER cherchent à mobiliser, notamment dans l’objectif de compenser les terres perdues par la dégradation des sols et par d’autres usages comme la construction immobilière ou routière. En effet, sur les 20 dernières années, 80 % de l’artificialisation des terres a été réalisée sur des terres agricoles. Il est donc important de ne pas négliger ces friches.

Focus sur la Normandie

Un partenariat entre la DREAL, la Région Normandie et l’EPFN (Établissement public foncier de Normandie) a pour objectif la création d’un observatoire des friches normandes et de leur potentiel de mutabilité. Les Chambres d’Agriculture ont annoncé une perte de surface agricole de 2 000 à 2 500 hectares par an sur l’ensemble du territoire normand. Pour compenser l’impact des projets d’aménagement sur l’activité agricole, elles proposent l’accompagnement des collectivités et des aménageurs pour une meilleure prise en compte de l’agriculture. Plusieurs actions sont nées de cette collaboration.

Par exemple, depuis 2022, à Falaise (Calvados), les Jeunes Agriculteurs du territoire ont un accord avec la commune pour exploiter des terres en friches en attendant leur aménagement. Cela a permis de produire du maïs. Puis, un agriculteur du secteur en manque de fourrage, à cause de la sécheresse, l’a ensuite racheté.

Éleveurs et consommateurs, perdants de la hausse du prix des produits laitiers

éleveurs laitiers : des revenus tributaires des subventions publiques

D’après une récente étude de la FNH (Fondation pour la nature et l’homme), le marché du lait et des produits laitiers en France est en croissance depuis 1960. Mais il devient de plus en plus inéquitable.

Selon cette étude, dans les filières laitières conventionnelles, les éleveurs ont perdu entre 2001 et 2022 4 % de leur marge brute sur une brique de lait demi-écrémé. Alors que les industries agro-alimentaires ont gagné 64 % et la grande distribution 188 %.

L’étude indique qu’en moyenne depuis 10 ans, 84 % des revenus des éleveurs sont liés aux subventions publiques.

Bilan sur l’élevage d’insectes en Europe et en France

Le secteur de l’élevage d’insectes pour l’alimentation humaine et animale en Europe a passé un seuil, en ayant créé plus de 3 500 emplois et déjà investi plus de 1,5 milliard d’euros.

Le secteur de l’élevage d’insectes devient alors commercialement intéressant

Plusieurs leviers de croissance du secteur se dégagent à ce jour, notamment par la diversification des systèmes d’élevage de gros animaux. En effet, l’IPIFF (plateforme internationale des producteurs d’insectes) anticipe une production de 870 000 tonnes de protéines d’insectes en 2030 contre les 122 830 attendues pour 2023. Le frass, effluent de cette nouvelle forme d’élevage, devrait lui aussi être un levier de croissance de par sa contribution à la décarbonation de l’agriculture. Reste à le faire entrer dans la nouvelle réglementation sur les fertilisants fin 2024 ou début 2025.

La production d’insectes présente un double intérêt

D’après la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), plus d’un tiers de la production alimentaire mondiale est gaspillée par an. Or, certains insectes, comme la mouche noire, sont des consommateurs de ces biodéchets. De plus, ces mêmes insectes peuvent être source de protéines pour l’alimentation animale et humaine. Ils pourraient limiter la pollution due à la production des protéines ainsi que les problèmes de compétition entre alimentation protéique animale et humaine.

La France à la pointe de la filière de l’élevage d’insectes

La France est à la pointe de cette nouvelle filière. Il y a plusieurs start-ups déjà bien implantées sur le secteur, notamment dans le Grand Est. Les investisseurs se pressent sur le marché. Ce dernier pourrait représenter huit milliards de dollars d’ici 2030, notamment grâce à une image plus écologique qui s’en dégage.

 : Nasekomo et groupe Grimaux

Sur les territoires normands et ligériens, la production d’insectes est encore très faible mais elle tend à se développer. Par exemple, le groupe Grimaud s’est associé en 2020 avec la start-up de biotechnologies bulgare Nasekomo pour créer une filiale commune, baptisée Fly Genetics, implantée dans le Maine-et-Loire. Le but est de développer l’élevage de la mouche soldat noire. Cette mouche ne vit que quelques jours et ses larves sont capables de digérer tout type de déchet organique.

Loi EGAlim et restauration collective

Pour cela, la loi comporte cinq grandes mesures :

  1. des approvisionnements plus durables et de qualité,
  2. des actions visant à réduire le gaspillage alimentaire,
  3. une diversification des sources de protéines,
  4. la fin de l’utilisation de contenants et ustensiles plastiques,
  5. l’information des convives.

Coûts complets des repas : comparaison du coût comptable et des externalités monétarisables

Coûts complets des repas : comparaison du coût comptable et des externalités monétarisables

La mise en place de ces différentes mesures a un coût. Ce dernier a été calculé et publié en octobre 2023 par l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie).

En mettant en œuvre trois des cinq mesures préconisés, les coûts comptables moyens augmenteraient de 4 % et le coût complet de la pause méridienne de 3 % pour la préparation de 220 repas d’une école primaire.

D’autres modélisations ont aussi été réalisées en fonction de différents scénarios plus ou moins ambitieux.

Dans ce contexte d’augmentation des prix, les auteurs évoquent la question du soutien de l’État pour limiter la hausse des prix pour les usagers les plus modestes. Et ainsi éviter qu’ils ne tombent dans la précarité.

Consulter la publication de la fourche à la fourchette du mois de décembre 2023 au format PDF

La publication de la fourche à la fourchette de décembre 2023 est disponible au format PDF ci dessous :

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