De la fourche à la fourchette du mois de janvier 2024 : propositions du CESE, consommateurs et IA générative, Nutri-Score et accords commerciaux européens
Au sommaire de la fourche à la fourchette du mois de janvier 2024 :
- Les propositions du CESE pour un avenir durable de l’élevage français ;
- Des consommateurs prudents et curieux face à l’IA générative ;
- Le Nutri-Score évolue ;
- Les accords commerciaux seront à l’agenda européen en 2024.
Date de publication : 23 janvier 2024. Rédaction : Mélanie JUGE
Les propositions du CESE pour un avenir durable de l’élevage français
Le nombre d’élevages a été divisé par trois depuis 1988. En parallèle, le nombre moyen d’animaux par élevage a augmenté. Les élevages se sont concentrés sur certains territoires. Près de 75 % de la production animale nationale est ainsi concentrée dans le Grand Ouest.
Face à ces constats et aux défis environnementaux et sociétaux que doit relever l’élevage, le CESE (Conseil économique, social et environnemental) a formulé douze propositions pour assurer son avenir.
Importance de la relation recherche et éleveurs
Le premier volet est celui de la recherche et de son lien avec les éleveurs : prendre en compte les solutions mises en œuvre par les éleveurs, les confronter à celles proposées par la recherche, mieux les diffuser et les adapter aux différents territoires. Le CESE propose également de mettre au point une méthodologie de diagnostic économique, social et environnemental d’un élevage.
Politiques publiques
Le deuxième volet porte sur les politiques publiques : le CESE propose que la PAC 2027 accompagne davantage la polyculture-élevage et les différentes filières dans leurs transitions. Il préconise également un grand plan d’investissement et de transformation par territoire pour maintenir ou recréer des filières locales d’élevage.
Consommateurs mieux informés
Enfin, un troisième axe est l’information aux consommateurs, d’une part par l’étiquetage des produits, et d’autre part en menant des actions de communication pour expliquer les réalités et les impacts positifs des modèles d’élevage.
Des consommateurs prudents et curieux face à l’IA générative
Une récente étude de Salesforce, entreprise internationale spécialisée dans la gestion de la relation client, s’est intéressée au rapport des consommateurs à l’intelligence artificielle (IA) générative, c’est-à-dire capable de créer des contenus (textes, images, vidéos…).
À partir d’une enquête menée auprès de 11 000 consommateurs et 3 300 acheteurs professionnels à travers le monde entre mai et juillet 2023, l’analyse porte sur l’impact de la nouvelle économie sur les comportements d’achat et la relation avec les marques.
L’IA générative suscite l’enthousiasme des générations Y et Z qui ont grandi avec Internet. Mais les consommateurs restent prudents quant à son utilisation par les marques, craignant des abus sur l’utilisation des données. Les clients soulignent l’importance du contact humain. Les préoccupations portent sur la sécurité des données, l’éthique et les biais de l’IA générative. D’après l’étude, les entreprises doivent communiquer de manière transparente pour rassurer les clients, qui souhaitent un contrôle humain dans l’utilisation de l’IA.
Le Nutri-Score évolue
Depuis son lancement il y a six ans, le Nutri-Score est devenu un repère pour de nombreux consommateurs. Cet étiquetage n’est pas obligatoire. Selon le bilan Oqali 2023, près de 1 200 entreprises sont engagées dans la démarche.
La présence du logo influence les choix des consommateurs
D’après une étude NielsenIQ et ConsoTrust, un peu plus d’un produit alimentaire sur quatre affiche le Nutri-Score sur son emballage, et cela progresse. Plus de la moitié des Nutri-Scores recensés sont des produits notés A ou B. La présence du logo influence les choix des consommateurs. Ainsi, l’étude NielsenIQ/Consotrust montre que sur le jambon par exemple, les produits les mieux notés sont ceux qui se vendent le plus.
Au niveau européen, le Nutri-Score, bien que facultatif, est considéré comme le label le plus clair et précis sur la qualité nutritionnelle des aliments. En plus de la France, il est adopté par la Belgique, l’Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas, l’Espagne et la Suisse.
Les critères du Nutri-Score favorisent les fibres, les fruits et légumes, les protéines, les légumes secs, etc. En revanche, les acides gras saturés, le sucre ou le sel en excès, et d’une façon globale, les aliments trop caloriques, figurent en fin de classement.
Actualisation de l’algorithme du Nutri-Score
Une actualisation de l’algorithme du Nutri-Score a été validée par son comité scientifique et entrera prochainement en vigueur en France. Cette modification devrait aider à mieux :
- identifier les poissons gras comme des aliments sains ;
- différencier produits laitiers non sucrés et sucrés, mais aussi les différents types de fromage ;
- classer la volaille que la viande rouge ;
- mettre en avant les huiles moins riches en graisses saturées (olive, noix, colza…) ;
- distinguer les aliments complets riches en fibres et les produits raffinés (riz, pâtes, pain…) ;
- identifier les produits selon leur teneur en sucre ou en sel.
Pour les boissons, le lait, les boissons lactées et les boissons végétales ont été inclus en permettant une différenciation entre les différents types de lait selon leur teneur en matières grasses et avec les boissons lactées sucrées.
Une période de transition de deux ans permettra aux industriels d’écouler leurs emballages.
En France, les discussions sont en cours sur l’affichage du score environnemental. Cela pourraient inciter certains industriels à remplacer le code couleur par un flash code offrant une information plus détaillée sur les produits.
Les accords commerciaux seront à l’agenda européen en 2024
L’Union européenne (UE) multiplie les négociations bilatérales et souhaite faire valoir ses standards.
L’accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande pourrait être appliqué dans le courant de l’année. Les discussions avec l’Australie achoppent sur l’accès au marché agricole de l’UE. L’UE et le Kenya ont entériné un accord de partenariat économique mi-décembre. L’UE et le Chili se sont accordés sur une modernisation de leur accord le mois dernier. Les discussions sont en cours avec le Mexique. Les négociations reprennent avec l’Inde depuis l’été 2022. L’accord avec le Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay et Paraguay) a fait l’objet d’un accord politique en 2019, mais la ratification est suspendue en attente de garanties sociales et environnementales. Le Sénat français vient d’ailleurs de se prononcer en faveur d’un report de cet accord, estimant que les conditions démocratiques, économiques, environnementales et sociales ne sont pas réunies.
Si ces accords peuvent offrir des opportunités commerciales, elles inquiètent certaines filières agricoles, à l’image de la filière viande bovine. Le marché européen de la viande bovine, et en particulier des aloyaux, est courtisé, car il en permet une bonne valorisation. D’après l’IDELE, les accords commerciaux pourraient conduire à importer 1,3 fois la production européenne d’aloyaux, ce qui ferait peser un risque sur la valorisation des carcasses européennes.
L’introduction de mesures miroirs dans les accords commerciaux, faisant valoir la réciprocité des normes entre produits importés et produits européens, est une attente. C’est aussi un sujet de débat à Bruxelles. Une mesure concerne la déforestation importée, elle entrera en vigueur en décembre 2024. Une autre sur les antibiotiques activateurs de croissance est en discussion.
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