Juin 2023 de la fourche à la fourchette : inflation, consommation, sécurité alimentaire, bovins
Au sommaire de notre dernière publication de la fourche à la fourchette de juin 2023 :
- Le pic de l’inflation atteint ?
- Une baisse globale de la consommation en volume
- La sécurité alimentaire : l’affaire de tous ?
- Trop de bovins en France ?
Le pic de l’inflation atteint ?
D’après la Banque de France, l’économie française devrait continuer de résister modestement au deuxième trimestre alors que les prix se détendent dans les principaux secteurs d’activité. Le pic d’inflation sera « probablement atteint » sur la période. Pour le deuxième mois consécutif, les industriels jugent que les prix sont en nette baisse pour les matières premières et qu’ils se stabilisent pour les produits finis. Pour la première fois, les prix des services cessent eux aussi d’augmenter, alors que ceux du bâtiment et de l’industrie continuent de ralentir. Il faudra un peu de temps avant que cette tendance soit visible dans les prix au détail. La Banque centrale estime que le pic de l’inflation en France sera atteint au deuxième trimestre et qu’elle ralentira à partir de l’été.
Retrouvez toutes nos infographies sur l’inflation avec l’indice des prix à la consommation sur notre site internet.
Une baisse globale de la consommation en volume
Face à une hausse à deux chiffres des prix de la consommation, les Français ont adapté leurs dépenses et façons de consommer en réalisant des arbitrages. Les dépenses alimentaires pèsent 16 % en moyenne dans la consommation des ménages. Elles peuvent être modulées, contrairement à celles dites « pré-engagées » (loyer, abonnements, cantines scolaires, etc.) ou incompressibles (trajets domicile-travail en voiture).
Ainsi les consommateurs ont adapté et réduit, différemment selon leur situation, leurs achats en volume pour compenser la hausse des prix. Les personnes âgées avec des revenus modestes ont été les plus exposées (21 % de leur budget est dédié à l’alimentation contre 11 % chez les moins de 30 ans). Les repas contiennent de moins en moins de protéines animales globalement et s’allègent parfois d’une entrée ou de fromage ou desserts. Pour compenser la hausse des prix, les consommateurs achètent plus de produits en bas de gamme. Les marques de distributeurs ont bénéficié des trimestres anti-inflation.
L’inflation pourrait aggraver des formes de précarité déjà existantes ou augmenter le nombre de ménages touchés par la précarité alimentaire.
Consommation : les produits laitiers frais résistent à l’inflation
En grandes surfaces, les rayons des produits laitiers sont les plus résilients face à l’inflation : fromage, beurre ou encore yaourts semblent rester ancrés dans le quotidien des Français. Leurs ventes globalement se maintiennent. Malgré une légère décroissance des volumes de produits laitiers frais vendus en grandes et moyennes surfaces, ceux distribués en restauration hors foyer ont augmenté de plus de 20 % entre 2022 et 2023.
Le yaourt fait de la résistance en restant le produit le plus acheté et consommé. Il est constaté l’essor des yaourts hyperprotéinés, moins caloriques. Malgré une chute de la consommation de lait (moins de consommation de lait UHT qu’en 2021, année record pendant la période COVID), des niches avec des lait UHT « spécifiques » voient le jour comme le lait UHT délactosé, acheté par des personnes avec des troubles digestifs liés au lactose.
Le bio toujours à la peine
Comme dans toute la filière bio,les ventes de produits laitiers frais bio décrochent fortement. Le lait bio est la plus grosse victime de la crise : les ventes diminuent alors que les prix augmentent, cela pénalise encore plus la consommation et la filière.
La sécurité alimentaire : l’affaire de tous ?
La sécurité alimentaire est une préoccupation mondiale majeure pour protéger les consommateurs des risques liés à la consommation d’aliments contaminés. Chaque année, 600 millions de personnes sont touchées par environ 200 types de maladies d’origine alimentaire. Ce sont les populations pauvres et les jeunes qui en souffrent le plus. Par ailleurs, les maladies d’origine alimentaire sont responsables de 420 000 décès qui pourraient être évités chaque année. La Journée mondiale de la sécurité sanitaire des aliments vise à sensibiliser le public à l’importance de la sécurité alimentaire, expliquer comment éviter les maladies et à l’application des normes alimentaires. Les normes alimentaires sauvent des vies. Les gouvernements, les organisations internationales, les industries agroalimentaires et les consommateurs sont encouragés à prendre des mesures concrètes pour renforcer les normes alimentaires et promouvoir de bonnes pratiques alimentaires.
Trop de bovins en France ?
L’élevage bovin est un secteur clé de l’agriculture, mais il suscite de plus en plus de préoccupations en raison de son impact sur le climat. La Cour des comptes a évalué les soutiens publics apportés à l’élevage bovins au regard de leurs objectifs (production, efficacité économique, sociale, environnementale). Dans son rapport, elle fait deux recommandations pour construire une stratégie de réduction du cheptel bovin français dans les années à venir pour parvenir à atteindre les objectifs de réduction du méthane, et accompagner les éleveurs les plus en difficulté vers la reconversion.
Vers une réduction des effectifs bovins pour réduire les émissions de gaz ?
La France, premier producteur européen de viande bovine et deuxième troupeau laitier derrière l’Allemagne, compte environ 17 millions de têtes de bovins. Or l’élevage bovin est à l’origine de 11,8 % des émissions du pays, comparables à celles des bâtiments résidentiels. Dans son rapport, la Cour des comptes estime que la France compte un nombre excessif de vaches par rapport à ses besoins. Elle précise que la séquestration de carbone par les prairies où pâturent les bêtes est « loin de compenser les émissions » de l’élevage. Réduire l’impact climatique de l’élevage bovin présente des défis importants. Cela nécessite une transition vers des pratiques d’élevage plus durables, une gestion efficace des déchets d’élevage et une meilleure utilisation des terres agricoles. Cependant, cela offre également des opportunités, telles que le développement de systèmes d’élevage plus respectueux de l’environnement et la promotion d’une alimentation équilibrée basée sur des sources alternatives de protéines.
Le rapport de la Cour des comptes met également en évidence l’importance des soutiens publics dans la transition vers une agriculture plus durable. Il souligne la nécessité de réorienter les aides publiques accordées aux éleveurs bovins afin de promouvoir des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement. Cela pourrait inclure des incitations financières pour encourager l’adoption de pratiques agricoles durables et la mise en place de mesures d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre.
Une contribution au débat qui interpelle
Ces recommandations semblent peu cohérentes et curieuses selon la profession et le ministre de l’agriculture. En effet, la part des importations devrait poursuivre sa progression dans la consommation (+ 8 % en 2022) puisque la consommation de viande bovine se réduit peu (elle a même augmenté en 2022 par rapport à l’année précédente) et que le cheptel est déjà en déclin.
Pour la Cour, la baisse du cheptel n’entamerait pas la souveraineté alimentaire de la France en matière de viande rouge à condition que les consommateurs suivent les recommandations des autorités de santé de ne pas en manger plus de 500 grammes par semaine (seuil actuellement dépassé par 28 % des adultes). Par ailleurs, le bilan carbone de l’opération serait catastrophique, puisque les émissions des vaches françaises sont parmi les plus faibles du monde, bien inférieures à la moyenne mondiale et que les éleveurs poursuivent leurs efforts pour les réduire. Les émissions issues de la viande importée (depuis le Mercosur ou l’Australie ?) seraient ainsi largement supérieures aux émissions produites localement pour une même quantité de viande consommée.
Les aides spécifiques au secteur existent car les prix agricoles ne sont pas suffisamment élevés pour permettre aux exploitations de s’en passer. Elles sont donc nécessaires pour maintenir le lait et la viande et éviter la disparition des élevages. Par ailleurs, une réduction de l’offre aurait pour conséquence une augmentation des prix (déjà visible), faisant de ces produits animaux de qualité un luxe qu’une partie croissante de la population ne pourrait plus s’offrir. À suivre.
Sources de la fourche à la fourchette du mois de juin 2023
Le pic de l’inflation atteint ?
France TV info : Inflation le pic a déjà probablement été atteint au deuxième trimestre 2023.
Le Figaro : L’économie française résiste au deuxième trimestre
Les Echos : Le pic de l’inflation est atteint en France
Banque de France : Point de conjoncture
Une baisse globale de la consommation en volume
Circuits Bio : Bilan 2022 les circuits classiques reculent, la vente direct et la RHD progressent
Ouest France : Enquête – comment l’inflation a transformé les habitudes de consommation alimentaire des français
La France Agricole : Les produits laitiers frais résistent à l’inflation
La sécurité alimentaire : l’affaire de tous ?
UN : Food Safety Day
WHO : Journal internationale de la santé humaine
Trop de bovins en France ?
C COMPTES : Soutiens publics aux éleveurs de bovins
Radio France : En toute subjectivité du mercredi 31 mai 2023
20 minutes : Climat – il faut réduire le nombre de vaches dans les champs français
Le Figaro : Elevage bovin, la cour des comptes recommande une réduction importante du cheptel