Veille économique – Volaille de chair 2023 : une filière en convalescence
Découvrez notre veille économique présentant la filière de la volaille de chair en 2023.
La production de volailles de chair française est diversifiée. Massivement présente dans l’ouest du territoire, elle a été fortement touchée en 2022 par deux épisodes d’influenza aviaire, avec une récidive au printemps 2023 dans le sud-ouest. En proie à l’augmentation des coûts de production, sa compétitivité s’effrite. Malgré tout, la consommation de viande de volailles reste dynamique, mais profite aux importations en hausse continuelle depuis de nombreuses années.
La volaille : une viande plébiscitée
La viande de volailles reste la première viande consommée dans le monde.
En France, elle continue sa progression et gagne des parts de marché sur la viande de porcs. C’est le seul produit d’origine carné qui est en progression sur le premier semestre 2023 avec + 1,4 % de consommation.
Dans le détail, le poulet domine clairement les débats puisqu’il représente à lui seul 80 % de la consommation de volailles (contre 76 % en 2021) et est en progression de 6,5 %.
A l’inverse, le canard est en recul de 28,5 %, la dinde de 7,6 % et la pintade de 15,2 %. Cette disparité s’explique principalement par la différence de prix entre les viandes de volailles, le consommateur cherchant la viande la plus abordable. Dans ce contexte, les produits sous signe de qualité (label et bio) connaissent de vraies difficultés de commercialisation dans un marché en surproduction.
Logiquement, les importations continuent leur progression afin de pallier à l’inflation importante sur les volailles d’origine française.
Des importations européennes mais pas seulement
L’année 2022 fut marquée par une forte augmentation des importations en lien avec l’influenza aviaire et l’augmentation des coûts de production. Ce phénomène s’est encore accentué sur le premier semestre 2023 (+ 5,7 %). Au niveau européen, la Pologne est notre premier partenaire et sa part de marché progresse de 10,7 %. Nos autres fournisseurs sont les Pays-Bas (par lesquels passent la production brésilienne) et la Belgique. Au niveau des pays tiers, les importations sont encore en baisse (- 38 %) notamment en provenance du Royaume-Uni. Un phénomène inquiète cependant la profession puisque l’importation de poulets ukrainiens connait une progression vertigineuse (+ 75 %) depuis le début du conflit avec la Russie et l’autorisation d’importations sans droit de douane en provenance de ce pays accordée par l’Union Européenne. Les professionnels de la volaille française mais aussi européenne sont vent debout contre cet accord entrainant une forte distorsion de concurrence.
L’influenza aviaire toujours dans l’actualité
La situation sanitaire s’améliore. Suite à l’épisode de mars 2022, une deuxième vague s’est propagée dans l’ouest à l’automne en démarrant par la Vendée et les Deux-Sèvres puis remontant en Bretagne. Le plan Adour a permis au sud-ouest de passer un hiver plus serein que les précédents. Malgré tout, de nouveaux foyers sont apparus au mois de mai 2023. La situation est désormais sous contrôle et le niveau de risque est passé de modéré à négligeable début juillet.
La vaccination en ligne de mire
La vaccination des palmipèdes commerciaux est désormais actée et va pouvoir débuter à partir du 1er octobre prochain. 140 millions de doses vont être nécessaires pour permettre la vaccination de 70 millions d’animaux. 80 millions de doses sont déjà commandées. La vaccination des reproducteurs restera volontaire. Les autres volailles ne sont pour le moment pas concernées par ce plan.
L’État s’est engagé à prendre en charge 85 % du coût de la vaccination pour 2023. Les 15 % restant seront à la charge de la filière. Les modalités de mise en œuvre des circuits de paiement ne sont pas encore finalisées.
Concernant les indemnisations des éleveurs, l’ensemble des dossiers de la première vague sont désormais clos et indemnisés que ce soit pour le maillon élevage ou accouvage. Les demandes d’acomptes du deuxième épisode ont été déposées pour la partie élevage.
Les modalités d’indemnisation pour la période 2022/2023 ne sont pas encore définies et pourraient être différentes de l’épisode précédent. Le ministère et la profession sont toujours en négociation pour trouver un accord.
L’évolution des coûts de production
Après une année 2022 marquée par l’explosion des coûts de production, notamment celui des matières premières, la fin de l’année et le début 2023 ont vu la situation se stabiliser.
L’indice aliment ITAVI pour le poulet est en recul et retrouve ses niveaux de fin 2021. La tendance est la même pour l’ensemble des volailles.
Cela a un impact économique direct étant donné l’importance de l’alimentation dans le coût de production.
L’énergie est aussi un secteur en tension. Le gaz utilisé pour le chauffage des animaux reste sur des prix élevés depuis le début du conflit en Ukraine. Quant à l’électricité, même si les tarifs ont baissé depuis fin 2022, chaque contrat qui arrive à échéance se voit actualisé à la hausse et sans visibilité sur le moyen terme.
Les éléments à suivre
Évolution de la consommation
L’inflation galopante a un impact important sur le pouvoir d’achat des ménages. Les productions sous signe de qualité en pâtissent et les éleveurs voient leurs vides sanitaires s’allonger. Par contre, la découpe de poulet dit standard devrait tirer son épingle du jeu vis-à-vis des autres produits carnés.
Influenza aviaire
L’automne est une période à risque de reprise de l’épidémie avec le début des migrations et un temps plus propice à la prolifération du virus. La vaccination va commencer en octobre de façon massive. Les protocoles de vaccination et de suivi vont vite être éprouvés.
Les importations
Depuis 20 ans, la part des importations est en constante progression. Les accords de libre-échange passés entre l’Ukraine et l’Union Européenne ont accéléré ce mouvement sur 2022 et le premier semestre 2023. La concurrence avec la volaille française est forte et les parts de marché perdues sont difficiles à reprendre surtout dans un contexte de coût de production à la hausse.
Les investissements
Depuis 2012, la construction de nouveaux bâtiments volailles connaissait une vraie dynamique. L’influenza aviaire, l’augmentation des coûts des matériaux et l’augmentation des taux d’emprunts ont mis un coup d’arrêt à la construction et limité les rénovations. Le parc a pourtant un réel besoin de renouvellement mais les nouveaux projets ont du mal à trouver de la rentabilité
Réalisation : Damien Frappier, Emmanuel Bizon
L’observatoire volailles de septembre 2023 est intégralement téléchargeable ci dessous :
Retrouvez nos observatoires sur la filière animale sur notre site internet.