De la fourche à la fourchette d’avril 2024 : Label Bas-Carbone, réchauffement climatique, produits de grande consommation alimentaire, restauration collective
Au sommaire de la fourche à la fourchette du mois d’avril 2024 :
- Carbone : du diagnostic au Label Bas-Carbone
- S’adapter au réchauffement climatique : combien cela coûtera-t-il ?
- Produits de grande consommation alimentaire : 12 styles de consommateurs
- Produits durables et bio en restauration collective : où en est-on ?
Rédaction : Mélanie JUGE
Carbone : du diagnostic au Label Bas-Carbone
Le dispositif « Bon Diagnostic Carbone » a été déployé entre 2021 et 2023 dans le cadre du plan « France Relance ». Il comprend un diagnostic des émissions de gaz à effet de serre et du potentiel de stockage de carbone des exploitations volontaires, ainsi qu’un plan d’action. Une visite de suivi par l’organisme ayant effectué le diagnostic est prévue quelques mois plus tard. Les exploitants ont la possibilité d’engager des démarches pour obtenir le Label Bas-Carbone (LBC) et valoriser la réduction des émissions de GES et la séquestration du carbone.
L’ADEME a publié un rapport sur ce dispositif. 3 401 diagnostics ont été réalisés, essentiellement dans des exploitations :
- bovines (44 %),
- grandes cultures (27 %),
- polyculture élevage (21 %).
Les leviers les plus mobilisés concernent la fertilisation azotée, la couverture du sol, la réduction de la consommation de combustibles fossiles et la gestion du troupeau.
L’impact économique du plan d’action carbone est estimé favorable dans 65 % des cas. Il est plutôt positif pour les exploitations bovines et la polyculture. Cela est moins évident pour les grandes cultures du fait des investissements et des effets sur les rendements et les débouchés.
25 % des agriculteurs engagés déclarent vouloir intégrer un projet LBC. La vente des crédits carbone est plutôt vue comme un bonus que comme une voie de financement de la transition.
Pour massifier le passage à l’action, l’ADEME cite notamment les leviers suivants :
- le financement,
- la simplification des diagnostics,
- une animation territoriale.
S’adapter au réchauffement climatique : combien cela coûtera-t-il ?
D’après France Assureurs, depuis 2020, les sinistres liés au climat ont coûté en moyenne 6 milliards d’euros par an en France. C’est bien plus que lors de la décennie précédente (3,7 Md€/an en moyenne) : le risque climatique augmente et s’intensifie.
L’Institut de l’économie pour le climat, I4CE, a estimé le coût de l’adaptation à un réchauffement climatique de + 4 °C d’ici 2100 dans trois secteurs : les transports, le bâtiment et les productions agricoles végétales.
Deux éléments sont déterminants pour estimer le coût d’adaptation : le niveau du réchauffement climatique, mais aussi de la manière d’y répondre :
- Que souhaite-t-on conserver ?
- Qu’est-on prêt à transformer ?
- À quoi est-on prêt à renoncer ?
L’impact du changement climatique sur les productions végétales est visible : inondations, sécheresses, épisodes de gel tardif, etc. L’I4CE estime le coût d’anticipation à 1,5 milliard d’euros par an sur la prochaine décennie. Il s’agit du coût estimé du déploiement de différents leviers (irrigation, brise-vent, ombrage, serres agricoles) adaptés selon les territoires et les cultures afin de maintenir les niveaux de production. L’évolution des assolements ou les substitutions de cultures n’ont pas été étudiées ici.
Dans le secteur du bâtiment, intégrer le risque de vague de chaleur pourrait générer un surcoût d’1 à 2,5 milliards d’euros par an pour la construction neuve et de plusieurs milliards pour le parc immobilier existant. La prévention des risques inondations et de retrait-gonflement des argiles pourrait représenter quelques centaines de millions d’euros. Pour les transports, les adaptations pourraient représenter quelques centaines de millions à quelques milliards d’euros par an.
Le rapport souligne que l’anticipation permet de réduire les coûts totaux et de mieux les répartir. Le choix des options sera soumis au débat, car toutes ne sont pas rentables intrinsèquement.
Produits de grande consommation alimentaire : 12 styles de consommateurs
La consommation des Français n’est pas uniforme, et elle évolue. Pour en comprendre les déterminants, la Fondation Jean Jaurès a récemment publié une étude sur la consommation en grande distribution. Les données de consommation de 20 000 points de vente répartis sur le territoire national ont été analysées en tenant compte du profil sociodémographique des acheteurs et de l’environnement économique et commercial des magasins. Douze « conso-styles » ont ainsi pu être décrits et cartographiés.
La tendance est à l’augmentation des écarts de consommation par rapport à la moyenne. Les principaux déterminants des écarts sont le niveau de diplôme et le niveau d’urbanité. Les autres facteurs explicatifs sont le niveau de revenu, l’âge et enfin le nombre de personnes au foyer.
Les produits biologiques en grande surface sont ainsi surconsommés dans le conso-style « hyper urbains cosmopolitains ». Le diplôme explique 50 % des écarts de consommation, suivi de l’urbanité et ensuite seulement du revenu.
Un enjeu majeur de la grande distribution est ainsi de répondre au plus grand nombre tout en proposant une offre pour répondre à tous les besoins. L’étude souligne qu’il est plus avantageux de développer la consommation d’un type de produit de façon homogène que de le réserver à certains styles de consommateurs.
Connaître les déterminants des écarts de consommation permet d’adapter l’offre ou la communication sur le produit. Si c’est le niveau de diplôme, comme pour les produits biologiques, qui est déterminant, la pédagogie et l’information seront utiles. Lorsque l’âge est discriminant, comme c’est le cas du vin, l’enjeu sera essentiellement le rajeunissement de la cible consommateur.
Produits durables et bio en restauration collective : où en est-on ?
La loi EGalim, complétée par la loi Climat et résilience, a posé l’objectif de servir au moins 50 % de produits durables et de qualité, dont au moins 20 % de produits biologiques, en restauration collective de service public depuis le 1er janvier 2022. Cela concerne également les établissements de restauration collective privée depuis le début de l’année 2024. À partir du 1er janvier 2024, l’objectif est aussi d’atteindre 60 % de produits durables et de qualité pour les viandes et les poissons. Il est porté à 100 % pour la restauration collective de l’État, ses établissements publics et les entreprises publiques nationales.
L’évolution des taux EGAlim entre 2022 et 2023
Selon les éléments déclarés par les gestionnaires des restaurants collectifs, les objectifs d’EGalim ne sont pas atteints : en 2022, la part de produits durables et de qualité est estimée à 27,5 % et celle de bio à 13,1 %, avec des différences selon les secteurs, comme l’indique le bilan statistique 2023 du rapport adressé au Parlement. Les années 2021 et 2022 ne sont pas directement comparables, car le nombre de déclarants a évolué, mais la tendance est toutefois à l’amélioration.
Un déclarant sur quatre dépasse le seuil des 20 % de bio dans ses approvisionnements et un sur vingt dépasse l’objectif de 50 % de produits durables et de qualité. 4,7 % des déclarants seulement remplissent les deux objectifs. Le surcoût moyen EGalim hors inflation est estimé de 0,14 à 0,42 € par repas selon les secteurs, auquel s’ajoute le surcoût lié à l’inflation de 0,17 à 0,25 € par repas.
La revue Sésame s’est intéressée à des cantines fonctionnant de façon plus durable. Le changement concerne les pratiques, avec une cuisine à partir de produits locaux bruts nécessitant de la préparation. Un enjeu réside dans la médiation entre l’offre et la demande alimentaire. Les légumeries peuvent être une piste prometteuse.
Téléchargement de notre fourche à la fourchette du mois d’avril 2024 :
Retrouvez également toutes nos fourches à la fourchette sur notre site internet.