Horticulture et pépinières : état des lieux 2023 et enjeux de la filière
Découvrez notre veille économique présentant l’état des lieux 2023 et les enjeux de la filière horticulture et pépinières.
Rédacteur : Jean Marie RAIMBAULT
Du macro au micro : inventaire d’une filière
Notre propos concerne les plantes vivantes et produits de la floriculture qui englobent les arbres, arbustes, buissons vivants, fleurs et feuillages coupés, plantes en pot et à massif, végétaux de pépinières, bulbes à fleurs et les autres produits fournis habituellement par les horticulteurs et les pépiniéristes en vue de la plantation ou de l’ornementation.
La production mondiale : 56 900 millions d’euros en 2022
L’Association Internationale des Producteurs d’horticulture recense plus d’un million d’hectares de production de végétaux de floriculture dans le monde, dont 2/3 en Chine (seulement 24 % en valeur).
La Colombie a développé une stratégie de production depuis 20 ans principalement orientée vers le marché américain. Le Kenya et l’Équateur structurent donc une grande partie de leur économie agricole autour de la filière horticole à vocation exportatrice vers l’Europe.
La production européenne : 23 700 millions d’euros en 2021 (UE à 27)
Avec une superficie totale de 186 000 hectares, l’Union européenne (UE27) compte une production estimée à 23 700M€ en 2021.
L’augmentation des niveaux de production de fleurs et de culture de plantes ornementales confère à l’Union européenne l’une des densités de production par hectare les plus élevées au monde. La valeur de la production des principaux producteurs évolue alors en tendance longue.
Une activité mondialisée
Dans le monde, en 2022, les exportations toutes catégories représentent 14 419 millions d’euros (soit 25 % de la production mondiale). Elles concernent majoritairement les fleurs coupées (52 %) et sortent des Pays-Bas pour 8 436 millions d’euros (59 %). Depuis 2018, nous notons également l’arrivée en force de nouveaux pays exportateurs dans le « top 5 » des fleurs coupées :
- la Colombie,
- le Kenya,
- l’Équateur,
- l’Ethiopie.
Les importations mondiales toutes catégories pèsent 11 429 millions d’euros recensés. Elles concernent les fleurs coupées à 59 %, et touchent en premier l’Allemagne pour 2 091 millions d’euros (18 %) puis les Pays-Bas pour 1861 millions d’euros (16 %).
Le solde entre import et export des Pays-Bas démontre, si besoin était, le leadership de ce pays sur la production et la commercialisation mondiale.
Par contre, la France, toutes catégories, importe désormais 12 fois plus en valeur que ce qu’elle n’exporte (14 fois plus en 2018).
L’interprofession française : acteurs, économie et évolution
52 000 entreprises constituent la filière française de l’horticulture, de la pépinière, de la fleuristerie et du paysage :
- 62 % sont des acteurs du paysage,
- 32 % sont de la commercialisation,
- 8 % sont de la production.
En cinq ans, la filière globalement se développe, en chiffre d’affaires comme en nombre d’emplois. Elle pèse également un petit peu plus dans le PIB français.
Les entreprises de production et de commercialisation continuent donc leur concentration.
Les acteurs de la production
Le chiffre d’affaires de la production française se contracte.
La filière est fortement importatrice et la compétitivité des exploitants français se dégrade. En 10 ans, le nombre d’entreprises françaises a presque été divisé par deux (- 5 % par an).
Si bien qu’en 2022 :
- 43 % des végétaux d’intérieur et d’extérieur achetés en France sont cultivés en France,
- 23 % des fleurs coupées achetées en France sont cultivées en France,
- 60 % des végétaux d’extérieurs achetés en France sont cultivés en France.
À noter que, entre 2017 et 2022, c’est toujours la pépinière qui résiste alors le mieux.
Les acteurs de la commercialisation
Les commerces de gros, les jardineries et les libres services agricoles (LSA) continuent leur concentration, en quête d’efficacité économique.
En 2022, 73 % des foyers ont acheté au moins un végétal (76 % en 2020). Après avoir progressé de façon spectaculaire, le budget moyen des foyers baisse et atteint 116 €/an (130 € en 2021). Mais, il demeure supérieur à 2020 et 2019.
L’ensemble du marché s’essouffle et semble aller vers un changement d’habitudes d’achat. Il y a alors une forte baisse des volumes (15 % / 2021) atteignant le plus faible niveau jamais enregistré quel que soit le segment. La baisse en volume est principalement portée par les végétaux d’extérieurs.
Les autres segments se portent mieux (intérieur, cimetière, obsèques) avec un niveau inférieur mais proche de 2020 et une baisse moins importante en valeur (‑ 11% / 2021). Au final, la valeur reste supérieure à 2020, sans retrouver son niveau d’avant la crise. Le prix payé à l’unité continue de progresser (4,40 € en 2022), en particulier dans la grande distribution.
Hormis les magasins de bricolage ou de décoration, en volume comme en valeur, tous les lieux d’achat sont en baisse par rapport à 2021, même si les fleuristes se portent un peu mieux en volume, et la grande distribution en valeur (avec une augmentation significative des prix). Les parts de marché restent stables (jardineries en tête en volume, fleuristes en valeur).
Les achats sur internet ont fortement augmenté en 2020 mais restent stables en 2022 : avec 4 % des quantités achetées et 6 % des sommes dépensées, ils concernent 9 % des foyers.
Les acteurs du paysage
Les acteurs du paysage sont les seuls de la filière à voir leur nombre augmenter depuis 2017. L’activité économique affiche une bonne dynamique, qui profite d’une conjoncture favorable avec le besoin de nature et les problématiques environnementales. La croissance du secteur est boostée par le marché des particuliers qui représente la moitié du chiffre d’affaires des entreprises du paysage (3,85 Mds€). Et concernant les activités, la création de jardin (4,15 Mds€) génère plus de chiffre d’affaires que l’entretien des jardins (2,95 Mds).
La production française en 2021
La production horticole et pépinière ornementales est un secteur de production intensive. Elle se rapproche de l’industrie par l’importance du capital, du travail et des techniques requises. C’est l’un des secteurs le plus employeur de main-d’œuvre en agriculture.
La gamme commercialisée par les producteurs français reste relativement diversifiée, ce qui induit une forte variabilité de situations d’entreprises. Au niveau national, les plantes de pépinière représentent plus du tiers du chiffre d’affaires, suivies par les plantes en pots puis les plantes à massifs.
Les Pays de la Loire concentrent un quart de la production horticole française (391 M€ sur un total de 1 617 M€).
La productivité de la filière
En 2021, les indicateurs de « productivité » continuent de s’améliorer, tendance observée depuis 2015 au sein de ces entreprises françaises dont le nombre, rappelons-le, se réduit. Si bien que les résultats 2021 sont à un niveau historiquement haut, et ce pour deux raisons :
- des produits en forte hausse : entre + 11 % et + 29 % selon les métiers (+ 14 % au global)
- des hausses de charges contenues : + 14 % pour les charges opérationnelles, + 5 % pour les charges fixes.
Toujours en France, la dynamique d’investissements reste donc modérée pour la seconde année consécutive
Les modes de commercialisation
Ces tendances nationales englobent toutefois des situations très variables selon le mode de commercialisation.
Pour la 6ème année consécutive, les entreprises qui commercialisent en vente directe connaissent une amélioration du niveau d’activité. Le chiffre d’affaires est en hausse en 2021. L’efficacité économique progresse, ce mode de commercialisation permet une plus grande régularité des résultats que les autres débouchés.
Après avoir connu une année 2017 difficile, une année 2018 de « convalescence », une nette amélioration en 2019, une contraction en 2020, les entreprises commercialisant via un grossiste connaissent des résultats économiques 2021 bien meilleurs. Les produits progressent, les charges également, mais l’efficacité économique s’améliore, ainsi que les ratios financiers.
Quant aux ventes au distributeur final, avec des entreprises dont la taille est supérieure à la moyenne, leur chiffre d’affaires progresse également en 2021. Leur efficacité économique passe de la plus faible en 2020 à la plus forte en 2021 des trois groupes, le tout boosté par une stratégie « volume ». Ce qui fait qu’on trouve alors dans ce groupe les entreprises les plus dynamiques.
Les enjeux d’avenir pour la filière
Il y a alors des enjeux au niveau :
de la production :
- Renouveler les chefs d’entreprise en horticulture et pépinière ornementale et attirer une main-d’œuvre salariée compétente tout en améliorant les conditions de travail.
- Accompagner les structures de production vers la double performance économique et environnementale.
du marché :
- Retrouver une place pour les produits horticoles français dans les différents circuits de distribution et développer de nouveaux modes de commercialisation. Créer un « made in France ».
- Redonner l’envie de consommer du végétal, de la fonction « plaisir » à de nouvelles fonctions (alimentaire, santé, etc.)
de la filière :
- Améliorer la compétitivité de la filière horticole française en structurant plus l’offre et la commercialisation, en optimisant la logistique.
- Rendre l’offre d’accompagnement des entreprises horticoles et les projets d’avenir de la filière plus lisibles auprès des :
- décideurs
- partenaires
- acteurs de la filière
Pour consulter au format PDF notre dernière veille économique sur l’horticulture et les pépinières 2023 :
Source : Organisation économique de la filière horticulture et pépinière des Pays de la Loire 2018, Chambre Régionale d’Agriculture Pays de la Loire
Retrouvez aussi nos notes de conjoncture sur la filière horticulture et pépinière sur notre site internet.