Le lin : une valeur sûre, dans un marché porteur
Découvrez notre dernière veille économique sur le marché du lin : une valeur sûre, dans un marché porteur.
Sur un marché où la demande est croissante, la production de lin, limitée ces dernières années par les aléas, permet des prix élevés.
Les récoltes 2021 et 2022 devraient dégager des marges brutes proches de 4 000 € par hectare. Les perspectives sont très favorables pour cette production aux multiples atouts, mais qui reste une culture à risque.
Le lin : une filière haut de gamme mondialisée à nouveau dynamique
Le lin est une micro-niche qui représente moins de 1% de la production des fibres textiles dans le monde
L’Union Européenne (UE) produit 75 à 80 % du lin à fibre mondial. La France détient à elle seule 85 % des surfaces de l’UE, devant la Belgique et les Pays-Bas. Elle réalise ainsi 60 à 65 % de la production mondiale de lin.
La Chine est un maillon essentiel de la filière lin. Elle est le principal importateur de fibre de lin, le principal producteur et exportateur de fils et de tissus à travers le monde.
Le marché est demandeur de lin !
La demande mondiale en fibre de lin est durablement dynamique. Les vêtements en lin sont à la mode tant dans les pays occidentaux (UE, États-Unis), qu’en Asie (Japon, Inde, Chine). Les consommateurs sont en attente de produits naturels porteurs de sens. Les atouts du lin : fibre végétale naturelle, faible consommation d’intrants, production renouvelable, etc.
Pour satisfaire cette demande, les surfaces de lin françaises ont fortement augmenté entre les récoltes 2015 et 2020.
Puis la filière lin a connu quelques années de turbulences. La pandémie de Covid a prolongé la commercialisation de la récolte 2019 jusqu’en 2021 (décalage du solde d’un an). La récolte 2020 a été la moins bonne depuis 2011. Puis la réduction des emblavements 2021 a limité l’offre sur le marché mondial.
La récolte 2022 se présente dans un contexte plus serein, avec un retour des surfaces, et de très bons prix du lin.
En France : une dynamique solide liée à la très bonne rentabilité du lin
En France, la dynamique des surfaces s’explique par une très bonne rentabilité de la culture du lin depuis près de 10 ans. L’épidémie de Covid a perturbé le commerce du lin (2 mois d’inactivité en 2020). L’appel interprofessionnel en 2021 à la réduction des surfaces a été bien entendu. Après le record de 2020, les emblavements ont chuté de 29 %, avec 100 000 ha de lin.
Les productions limitées de lin 2020 (mauvaise récolte) et 2021 (baisse des surfaces), puis le rétablissement des cours ont facilité le retour du lin dans les assolements 2022 (127 000 ha).
La production de lin est toujours très « régionalisée ». Normandie et Hauts de France couvrent 95 % de la surface française, du fait de leurs bonnes conditions pédoclimatiques, et malgré les épisodes de chaleur récents. La présence d’humidité en été favorise un bon rouissage du lin, condition essentielle à la production d’une fibre haut de gamme.
Retour sur les dernières récoltes de lin
La récolte de lin de 2019
Après l’excellente récolte 2018, la récolte 2019 a été correcte : bon rendement et bonne qualité. La commerciali-sation du lin 2019 a été très perturbée par l’aléa « Covid ». Les échanges internationaux de lin ont été interrompus pendant plusieurs semaines. Les teilleurs français et européens ont fermé leurs usines au printemps 2020 ; la consommation de textile d’habillement a chuté. L’arrêt brutal des échanges a fait perdre 1,00 €/Kg au prix de la fibre, avant une reprise progressive.
Sur l’année 2020, les usines ont repris progressivement leur activité, mais la production de fibre de l’UE (3 pays) a chuté à 140 000 t. Le commerce mondial s’est réduit de 20 %, pour un prix moyen annuel des fibres longues proche de 2,55 €/Kg.
En France, les ventes du lin de la récolte 2019 ont pu se prolonger jusqu’en juin 2021.
La récolte de lin 2020
La récolte 2020 a été un mauvais cru. Sur les 141 000 ha semés en France (record), 12 % n’ont pas été récoltés du fait des aléas climatiques : sécheresse et vent. Le rendement moyen de 0,9 t/ha de fibres longues est le moins bon résultat depuis la récolte 2011. Les lins courts ont été difficiles à teiller, avec de fortes hétérogénéités.
La faible récolte 2020 a permis de limiter la hausse des stocks mondiaux de lin. Paradoxalement, elle est devenue un atout pour rééquilibrer le marché. Début 2021, alors que la pandémie de Covid se poursuivait, la filière lin a préconisé de réduire les semis de façon à limiter la production au niveau de la consommation, encore fragile et pour éviter une hausse des stocks.
Sur l’année civile 2021, la production de fibre de l’UE (3 pays) remonte légèrement à 148 000 t (+ 5 %). Les échanges mondiaux ont repris (148 000 t, + 14 %), de même que le prix des fibres longues, à 2,80 €/Kg sur 12 mois.
En France, le teillage de la faible récolte 2020 s’est fait en parallèle avec la bonne récolte 2019, pour se terminer au printemps 2022.
La récolte de lin 2021
La récolte 2021 de lin a subi une forte baisse des surfaces, conforme aux souhaits de la filière : – 29 % soit 100 000 ha, au niveau de la surface de 2017. Le rendement est correct (1,3 t/ha de fibres longues), mais la qualité est médiocre. La pluviométrie importante de l’été a accentué la verse et retardé certains arrachages. 3 % des surfaces n’ont pas été récoltées.
Le teillage et la vente de la récolte 2021 se sont déroulé pour l’essentiel sur 2022, dans un marché avec une offre limitée et peu de stocks. Sur l’année civile 2022, la production de fibre de l’UE (3 pays) remonte légèrement à 155 000 t. Les ventes sont quasi stables (145 000 t). Le prix des fibres longues s’envole depuis l’été (+1,00 €/Kg en 6 mois) et atteint 4,00 €/Kg sur 12 mois.
La récolte 2021 pourrait se valoriser entre 3,50 et 4,00 € par Kg.
La récolte 2022 retrouve une dynamique plus habituelle. Les surfaces semées en lin ont presque retrouvé leur niveau de 2020 ; et le teillage de la récolte a commencé dès l’automne. La production de paille a été pénalisée par des pics de chaleur précoces, mais le taux de filasse et la qualité sont bons. Le rendement moyen serait entre 1,0 et 1,3 t/ha de fibres longues. Le prix des fibres longues dépasse les 5,00 €/Kg début 2023.
On peut ainsi envisager une valorisation exceptionnelle de la récolte 2022, entre 4,00 et 4,50 €/Kg de fibres longues.
En synthèse sur le marché et la valeur du lin : dans un contexte chahuté, des marges brutes lin honorables
Malgré les aléas subis ces dernières années, force est de constater la très bonne résilience des performances économiques du lin.
Marges brutes lin moyennes :
- Réc. 2019 : 3 500 €/ha
- Réc. 2020 : 2 200 €/ha
- Réc. 2021 : 4 000 €/ha
- Réc. 2022 : 4 000 à 4 500 €/ha
Ces dernières années, les marges brutes lin ont été, en moyenne, de 3 500 €/ha, soit + 2 500 €/ha par rapport à un blé ou un colza.
La production de lin reste donc très attractive, quand elle est techniquement possible. Elle a permis d’améliorer les situations financières de nombre d’exploitations. Mais cette production reste très « technique », et les résultats ne sont jamais garantis. Selon le contexte, les rendements en fibres varient du simple au double.
Pour la récolte 2023, les opérateurs de la filière attendent une nouvelle hausse des surfaces. Le retour au record de 2020 est possible, la production de lin étant encouragée par les très bons prix actuels et sa faible dépendance aux engrais.
Annexe : les différentes utilisations du lin
(Source : CELC)
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