Observatoire grands troupeaux laitiers 2019-2020
Les grands troupeaux laitiers sont toujours plus présents. En 2019-2020, leur situation économique et financière s’améliore, portée par l’embellie laitière. Leur taille et leur spécialisation les exposent toutefois à un risque face aux aléas conjoncturels. En tendance, la productivité de la main-d’œuvre des grands troupeaux augmente. La gestion du travail est un enjeu fort.
Les grands troupeaux laitiers toujours plus présents
En 2019-2020, la part des élevages laitiers spécialisés produisant plus de 500 000 litres augmente
Entre juillet 2019 et juin 2020, les exploitations laitières spécialisées de Normandie – Mayenne – Sarthe ont produit en moyenne 591 800 litres.
Désormais, plus de la moitié des élevages laitiers spécialisés produisent plus de 500 000 L de lait (53 %, un chiffre en hausse de cinq points par rapport à l’année précédente). La quantité de lait produite par ces exploitations représente près des trois quarts de la quantité totale de lait produite par l’ensemble des
exploitations laitières spécialisées. Un élevage sur dix produit plus d’1 000 000 L.
La main-d’œuvre est essentiellement familiale. La main-d’œuvre salariée tend à augmenter avec le volume produit
96 % des exploitations « grands troupeaux » sont sous forme sociétaire, et près de trois sur quatre sont en GAEC. Les cultures de vente représentent un peu plus d’un quart de la surface agricole utile (SAU) quel que soit le groupe.
La production laitière des grands troupeaux spécialisés a augmenté de 4,5 % par rapport à l’année précédente, portée par une conjoncture favorable.
Cela s’est accompagné d’un agrandissement des troupeaux (+ 3 %) et d’une hausse des surfaces (+ 1,6 %, essentiellement fourragères). La main-d’œuvre
augmente à peine (+ 0,8 %) : la main-d’œuvre familiale recule, compensée par la hausse de la main-d’œuvre salariée. Ainsi, la productivité augmente, d’abord sur le facteur travail, ensuite sur la surface, et moins sur l’animal.
La marge brute de l’atelier laitier profite de l’embellie des cours, malgré la hausse du coût alimentaire
Avec 370 €/1 000 L en moyenne, le prix de vente du lait a progressé de 15 €/ 1 000 L par rapport à l’année précédente.
Le produit viande cède 2 €/ 1 000 L, les prix des vaches de réforme et des veaux sont en baisse (875 € / vache et 99 €/veau). Le coût alimentaire augmente
de 4 €/1 000 L, sous l’effet de la hausse du coût de concentré (prix et quantité).
Les frais vétérinaires et d’élevage sont stables. La marge brute de l’atelier laitier progresse donc en moyenne de 8 €/1 000 L vendus.
La situation économique et financière profite elle aussi de l’embellie
En 2019-2020, la hausse du produit lait et du produit des cultures est tempérée par l’augmentation des charges
La hausse de la valeur ajoutée en 2019-2020 (+ 9 %) permet de faire face à la hausse des charges de main-d’œuvre, des prélèvements privés. Les annuités
sont stables. Elles représentent un peu moins de 100 €/1 000 L.
Le revenu disponible progresse, et permet de dégager une marge de sécurité. À 61 %, le taux d’endettement cède un point.
Malgré l’embellie, près de la moitié des « grands troupeaux » ont une situation financière fragile en 2019-2020
Le fonds de roulement permet de couvrir environ trois mois de dépenses (incluant les charges opérationnelles, de structure, hors amortissements et frais financiers, les annuités et les prélèvements privés). Le fonds de roulement et la trésorerie nette globale se consolident.
Cela est nécessaire, car la taille importante des « grands troupeaux » et leur spécialisation les exposent à un risque économique et financier. Une chute du prix
de vente du lait de 20 € / 1 000 L se traduirait par une perte de valeur ajoutée de 14 000 € pour une exploitation moyenne du groupe « 600 à 800 000 L » et de 23 200 € pour une exploitation moyenne du groupe « 1 000 à 1 400 000 L », toutes choses égales par ailleurs.
L’impact sur la capacité d’autofinancement est supérieur à la marge de sécurité moyenne de ces groupes.
Le prix de vente du lait a progressé plus vite que son prix de revient
En 2019-2020, le prix de vente du lait dépasse son prix de revient pour la moitié des « grands troupeaux »
En moyenne, entre 2018-2019 et 2019-2020, le prix de vente du lait (+ 15 €/1 000 L) a progressé plus vite que son prix de revient (+ 6 €/1 000 L).
L’augmentation du prix de revient est essentiellement liée à la hausse du coût alimentaire et à la baisse du produit viande et des aides PAC. Les charges de
personnel augmentent, et cette augmentation est plus que compensée par la baisse du coût de la main-d’œuvre familiale : la main-d’œuvre familiale, bien que toujours majoritaire, recule au profit de la main-d’œuvre salariée. La baisse du coût de la main-d’œuvre reflète également la hausse de sa productivité. Dans le calcul du prix de revient, la main-d’œuvre familiale est comptabilisée à hauteur de 36 000 € par UTH affectée à la production laitière.
Le prix de revient moyen est élevé au regard de la conjoncture actuelle.
En moyenne, le prix de vente du lait ne couvre pas le prix de revient du groupe « 600 à 800 000 L »
Le prix de revient des 25 % meilleurs est inférieur de 52 à 56 € à la moyenne de chaque groupe.
Les meilleurs se distinguent de la moyenne par un coût alimentaire inférieur (coût de concentré essentiellement, mais également coût de la SFP). L’ensemble des postes liés à la mécanisation sont réduits (carburant, entretien, amortissement). L’amortissement bâtiment est inférieur. Le coût de la main-d’œuvre est réduit du fait de sa plus forte productivité. La gestion du travail est un enjeu (temps de travail, charge mentale, organisation, délégation).
Pour les meilleurs, les annuités représentent 3 à 5 points de valeur ajoutée de moins que la moyenne : ils ont une stratégie d’investissement plus économe
La maîtrise des charges opérationnelles et de structure des 25 % meilleurs leur permet de dégager un niveau de valeur ajoutée supérieur, avec des annuités moindres.
Si le revenu disponible est en moyenne de 28 000 à 32 000 € par UTAF selon les groupes, il atteint 10 à 14 000 € de plus en moyenne pour les 25 % meilleurs. Leur trésorerie nette globale est excédentaire et leur fonds de roulement couvre 0,5 à 1 mois de plus de dépenses que la moyenne.
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