Observatoire de la production porcine 2024
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Rédaction : Pierre CHAMBARD
2023, une année exceptionnelle pour le prix de vente du porc
L’année 2023 est exceptionnelle pour le prix de vente du porc, puisqu’il atteint 2,115 € du kg de carcasse fin 2023 au Marché du Porc Breton, soit + 39 cts ou + 23 % par rapport à 2022.
Cette envolée s’explique principalement par le recul des abattages de porcs en Europe :
- – 4,9 % en France,
- – 7 % en Allemagne,
- – 6,5 % en Espagne.
L’augmentation du prix de l’aliment et les aléas sanitaires (Fièvre porcine africaine en Allemagne et dans l’est de l’Europe, SRDP en Espagne) sont responsables d’arrêts d’élevages.
L’augmentation du prix du porc à la production et la réduction des volumes produits ont deux conséquences majeures :
- une hausse du prix de la viande de porc et de la charcuterie dans les rayons des magasins qui entraine une réduction des volumes achetés par les consommateurs,
- une restructuration de plusieurs abatteurs – transformateurs en Europe, incapables de répercuter les prix à la production dans les prix des produits finis.
Le prix de l’aliment
Le prix de l’aliment atteint son maximum sur 12 mois à la fin du printemps 2023 avant d’engager un repli progressif avec la baisse des prix des céréales et du soja. 2023 voit également d’autres charges progresser dans les comptes de résultat des éleveurs :
- frais d’élevage,
- charges de mécanisation ou relatives aux bâtiments,
- coût de l’énergie,
- charges de personnel.
Le prix de revient
Ces différentes hausses de charges conduisent à l’augmentation sans précédent du prix de revient du kg de carcasse en 2023 chez les naisseurs engraisseurs. Il atteint en moyenne 1,912 €, soit + 28 cts en un an. La progression du coût alimentaire représente les ¾ de cette hausse.
Toutefois, avec un marché porteur et un prix de vente situé à 2,172 € du kg de carcasse, les éleveurs naisseurs engraisseurs ont pu rémunérer, en moyenne, leur travail au-delà de 2 SMIC par exploitant. Le différentiel prix de vente / prix de revient s’élève à 26 cts du kg, contre 1 ct en 2022.
Les situations financières des exploitations porcines s’améliorent
La progression de la rentabilité permet un doublement du revenu disponible par UTAF. Le taux d’endettement global régresse de cinq points pour s’afficher à 56 %. De plus, 80 % des exploitations sont en situation financière saine ou sensible (soit une amélioration de 12 points).
Malgré la bonne conjoncture 2023, des écarts entre élevages persistent. En effet, 20 % des exploitations porcines sont encore en situation financière fragilisée. L’écart de marge brute par truie en atelier naisseur engraisseur entre la moyenne des éleveurs et le quart supérieur est proche de 600 €, soit un différentiel d’environ 100 000 € sur l’atelier porc.
Perspectives
Si le prix de l’aliment a entamé son recul à partir du second semestre 2023, il reste à un niveau élevé jusqu’à ce printemps par rapport à la période d’avant Covid, la faute aux prix des céréales, du soja et de l’énergie qui n’ont pas retrouvé leur niveau d’avant crise.
Le coût alimentaire sur 12 mois devrait toutefois diminuer jusqu’à la récolte 2024. Aussi, en intégrant une inflation modérée sur les biens et les services, le prix de revient en juin 2024 peut être estimé à 1,71 € du kg de carcasse, soit une baisse de 20 cts en un an. Or depuis le début de l’année 2024, le prix du porc au MPB est relativement stable, au-dessus de 2 € le kg. Malgré une offre en retrait, celle-ci répond à la demande. La météo reste peu propice à la reprise saisonnière des pièces à griller. Il existe également un surplus de viande sur le marché européen lié aux faibles ventes sur le grand export.
Avec un prix de revient moyen en baisse pour 2024, et un prix de vente qui se maintient jusqu’ici, l’écart prix de vente / prix de revient devrait être à nouveau favorable aux producteurs à court terme. Pour la fin de l’année, le marché devra atteindre au minimum 1,66 € du kg de carcasse pour couvrir le prix de revient et assurer une rémunération du travail en moyenne égale à 2 SMIC par éleveur.
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