Récolte 2021 céréales & grandes cultures

Temps de lecture : 7 minutes

Observatoire économique céréales et grandes cultures pour les récoltes 2021

Le résultat des exploitations de céréales et de grandes cultures pour la récolte 2021 progresse très sensiblement et se rapproche du record de 2012, en particulier pour les systèmes céréales. Sur les marchés, la situation en Ukraine prédomine dans un contexte de production mondiale 2022 globalement en retrait pour les céréales. La baisse de l’euro permet aux origines européennes de gagner en compétitivité, alors que le ralentissement de la croissance en Chine inquiète.

Structure des exploitations : hausse des surfaces en blé

Échantillon Cerfrance Normandie MaineCéréales
(870 exploitations)
Cultures industrielles
(289 exploitations)
Cultures + bovins
(460 exploitations)
Main d’œuvre totale (UTH*)
Dont familiale
1,35
1,20
1,86
1,27
2,08
1,62
SAU** (ha)
Cultures de vente (ha ; % SAU)
SFP*** (ha)
136
120 (88 %)
13
153
133 (87 %)
18
157
83 (54 %)
72
Cultures dominantes
(% de la surface de vente)
Blé tendre (47 %)
Colza (19 %)
Orge (16 %)
Maïs grain (6 %)
Lin (3 %)
Blé tendre (46 %)
Colza (13 %)
Lin (12 %)
Betteraves suc. (10 %)
Pommes de terre (7 %)
Blé tendre (55 %)
Colza (13 %)
Orge (12 %)
Lin (5 %)
Maïs grain (5 %)
Nbre UGB****
Lait vendu / exploitation
9
27
113
268 200 L
Strcutrue des exploitations : hausse des surfaces en blé

*UTH : unité de travail humain   **SAU : surface agricole utile   ***SFP : surface fourragère principale   ****UGB : unité gros bétail

Les systèmes céréales spécialisés représentent plus de la moitié des exploitations de cultures de cet échantillon. La sole de blé est en hausse de 3 à 4 points sur cette campagne, principalement au détriment de l’orge et du lin. Les surfaces en protéagineux restent très limitées et représentent au mieux 3 % de la surface de vente (systèmes céréales) et moins de 1 % pour les deux autres systèmes. Elles sont même en léger retrait, confirmant alors le faible attrait pour ces cultures.

Une conjoncture prix favorable pour la récolte 2021 de céréales et grandes cultures

Prix tous systèmes En €uros / tonne20202021Évolution Prix 2021 par systèmeCéréalesCultures indust.Cultures + bovins
Prix blé176199+ 13 % Prix blé202200193
Prix colza391521+ 33 % Prix colza523530511
Prix orge153189+ 23 % Prix orge189194185
Prix betterave2424= Prix betterave252325
Prix maïs grain155185+ 19 % Prix maïs gr.186183186
Une conjoncture prix favorable

La valorisation des cultures connaît une hausse généralisée sur la campagne 2021-2022. C’est particulièrement vrai pour le colza, suite à la chute de la production de canola au Canada et à la hausse des prix du pétrole. L’effet du conflit en Ukraine, qui a provoqué un emballement des prix à compter de fin février 2022, a peu d’effet sur les prix de cette campagne.

Des rendements en hausse, sans être exceptionnels pour la récolte 2021 de céréales et grandes cultures

Rendement tous systèmes en quintaux20202021EvolutionRendement 2021CéréalesCultures indust.Cultures + bovins
Blé7578+ 3 %en Qtx/ha778175
Colza2936+ 20 % 353734
Orge7285+ 19 % 888477
Betteraves sucrières Maïs grain722 65941 87+ 30 % + 35 % 814 86989 84881 91
Pois2728+ 5 % 292926
Des rendements en hausse, sans être exceptionnels

Les rendements de l’année sont tous en hausse. C’est très marqué en betteraves, maïs grain et colza. Par rapport à la moyenne cinq ans, le maïs grain atteint un rendement record, supérieur de 24 %. Alors que le blé et le colza sont proches de la moyenne.

Le poste carburant moteur de la hausse des intrants pour la récolte 2021 de céréales et grandes cultures

Éléments conjoncturels En €uros20202021EvolutionCampagne 2021CéréalesCultures industriellesCultures + bovins
Engrais / ha168169+ 1 %(évolution N/N-1)176 (+1 %)194 (- 2 %)147 (+ 2 %)
Semence / ha101101= 76 (-2 %)190 (+ 4 %)85 (- 1 %)
Phyto/ha157162+ 3 % 166 (+3 %)230 (+ 4 %)114 (+ 3 %)
Carburant / ha6681+ 22 % 66 (+20 %)87 (+ 27 %)100 (+ 22 %)
TOTAL intrants492513+ 4 % 484 (+4 %)701 (+ 4 %)446 (+ 5 %)
Le poste carburant moteur de la hausse des intrants

Le poste carburant se démarque sur cette campagne avec une très forte hausse, encore plus marquée sur les systèmes cultures industrielles. Globalement, la hausse représente 4 %, soit la plus forte progression depuis 8 ans. Cela reste cependant inférieur aux niveaux records qui avaient été atteints pour les récoltes 2012 à 2015 : 544 €/ha en moyenne sur ces années, avec un pic à 560 €/ha pour la récolte 2013. Le poste semences présente une tendance inverse à moyen terme avec une hausse de 30 % sur 8 ans.

Des charges de structure qui repartent à la hausse pour la récolte 2021 de céréales et grandes cultures

                Récolte 2021  en € / haTous systèmes CéréalesCultures industriellesCultures + bovins
Personnel149 (+2 %) 98 (+1 %)239 (+3 %)167 (+2 %)
        dont charges sociales exploitants78 (=) 62 (-1 %)101 (=)87 (-1 %)
Mécanisation (sans travaux tiers)400 (+4 %) 341 (+4 %)458 (+1 %)445 (+5 %)
Foncier et bâtiment234 (+2 %) 199 (+3 %)301 (+3 %)241 (+1 %)
Autres frais divers172 (+1 %) 146 (+3 %)207 (+1 %)183 (+1 %)
Charges financières30 (+1 %) 24 (=)29 (+1 %)39 (+2 %)
Total charges de structure984 (+3 %) 808 (+3 %)1 235 (+2 %)1 075 (+3 %)
Des charges de structures qui repartent à la hausse

Les charges de structure connaissent leur plus forte hausse depuis sept ans, avec une progression de 3 %. Celle–ci est emmenée par les frais de mécanisation, suivis par les frais de bâtiment et foncier, et de personnel. Par rapport à la moyenne cinq ans, la hausse se limite à 2 %.

La hausse du produit profite au résultat et améliore nettement la rentabilité pour la récolte 2021 de céréales et grandes cultures

Récoltes 2020 & 2021 (en €)Tous systèmes CéréalesCultures industriellesCultures + bovins
 20202021 202020212020202120202021
PRODUIT  290 100  345 000 (+19 %)   210 000  271 800 (+30 %)389 800439 400 (+13 %)349 500  394 200 (+13 %)
% Produit céréales  34 %  38 %   50 %54 %31 %31 %23 %26 %
% Produit cult. industrielles24 %25 % 21 %24 %48 %49 %11 %12 %
% Produit activités bovines19 %17 % 4 %3 %5 %5 %46 %43 %
% Aides compensatrices12 %10 % 15 %12 %9 %8 %12 %11 %
Marge Brute globale  168 700  220 500   123 000183 100234 100283 700202 400242 100
EBE  75 700  121 700   53 700108 200104 300148 60093 400126 800
EBE/Produit26 %35 % 26 %40 %27 %34 %27 %32 %
Amortissements47 70045 000 37 50034 60060 00056 30056 00054 500
Frais financiers  4 400  4 400   3 2003 2004 5004 5006 0006 200
Résultat courant24 90073 900 14 30072 00041 50089 70032 10067 700
Résultat courant/UTAF  18 500  55 300   12 00075 10032 60070 40019 30041 800
Revenu disponible/UTAF24 70057 800 19 60062 80041 10075 00022 90043 600
La hausse du produit profite au résultat et améliore nettement la rentabilité

En quelques mots …

L’effet cumulé de la hausse généralisée des prix et des rendements a pour conséquence une hausse du produit de 19 % en moyenne. Elle est plus prononcée sur les systèmes céréales, en cohérence avec la flambée des prix des céréales et du colza.

La rentabilité économique des trois systèmes revient à des niveaux plus satisfaisants, avec une moyenne à 35 % d’EBE/produit. Fait marquant : la rentabilité économique des systèmes céréaliers dépasse celle des cultures industrielles et atteint même les 40 %.

Le revenu disponible par UTAF fait plus que doubler globalement et est même multiplié par trois pour les systèmes céréaliers.

Situation financière et trésorerie : les voyants sont au vert pour la récolte 2021 de céréales et grandes cultures

 Récolte 2021 (en €)Tous systèmes CéréalesCultures industriellesCultures + bovins
Capital d’exploitation*592 100 (+7 %) 446 800 (+11 %)786 100 (+7 %)715 100 (+5 %)
Capital d’exploit. / UTAF442 700 373 700617 400441 500
Capitaux propres  320 700 (+16 %) 258 400 (+21 %)433 800 (+14 %)359 500 (+12 %)
Capitaux propres / UTAF239 800 216 100340 700221 900
Encours LMT193 100 (-1 %) 144 200 (-1 %)216 200 (+1 %)254 100 (-1 %)
Annuités LMT Annuités LMT / ha44 200 (+3 %) 304 €/ha 32 800 (+4 %) 241 €/ha53 600 (+3 %) 349 €/ha55 800 (+4 %) 355 €/ha
Dettes CT120 500 (-1 %) 89 700 (+1 %)174 200 (-1 %)139 500 (-3 %)
Taux d’endettement49 % 48 %47 %52 %
(Variation)  – 4 points   – 5 points  – 3 points  – 3 points  
Fonds de roulement / ha  1 348 (+27 %) 1 296 (+32 %)1 913 (+ 23 %)1093 (+27 %)
 Situation financière et trésorerie : les voyants sont au vert

* Capital d’exploitation = actif hors foncier

En quelques mots …

La hausse des résultats se traduit dans le bilan par une progression des capitaux propres très significative, en particulier pour les systèmes céréales. Après une légère remontée en 2020, le taux d’endettement recule de quatre points en moyenne. Il se trouve donc à un niveau historiquement bas. Il est alors en recul de près de 10 % par rapport à la moyenne des cinq années précédentes et de 14 % par rapport au point haut de 2017 (57 %).

Le fonds de roulement/ha fait un bond de 27 % et atteint un niveau record. Par rapport au point bas de 2017, il progresse de 42 % soit une hausse de 400 €/ha. Si on fait le parallèle avec les charges d’intrants et les charges de structure qui ont augmenté respectivement de 36 €/ha et de 23 €/ha sur la même période, cela traduit une amélioration de la situation de trésorerie très significative en quatre ans.

En synthèse : la récolte 2021 consolide la structure financière des céréaliers

La récolte 2021 est un très bon cru malgré une hausse sensible des charges d’intrants et des charges de structure, après plusieurs années contenues sur ce plan.

C’est l’effet prix qui prédomine dans un contexte de rendements également en progression.

L’endettement des systèmes à prédominance de cultures recule et passe sous la barre des 50 %. Le niveau record atteint par le fonds de roulement sur les trois systèmes étudiés arrive à point à la veille d’une période d’instabilité et de flambée des charges dont l’effet sur les besoins supplémentaires de trésoreries ne sera pas négligeable.

Éléments de conjoncture et perspectives de récolte 2022

Faiblesse de l’euro : un atout pour l’attractivité des origines européennes

L’euro flirte avec la parité parfaite avec le dollar américain, soit une baisse de 14 % sur un an. Cette situation permet un regain de compétitivité qui favorise nos exportations sur la fin de campagne.

Potentiel de l’Ukraine à exporter par la mer Noire : un facteur primordial pour les marchés

L’issue favorable des négociations en cours avec la Russie pour ouvrir un corridor d’exportation des grains ukrainiens par la mer Noire serait un facteur de détente important sur les marchés. Mais cela reste très hypothétique alors que le conflit avec la Russie ne baisse pas d’intensité…

Perspectives de croissance faible en Chine, moteur des échanges mondiaux

La demande chinoise en céréales pourrait faiblir de façon significative avec les perspectives de baisse de la croissance chinoise au second semestre et le spectre d’une récession sur 2023.

Maïs : situation contrastée

Au niveau mondial, les perspectives de récolte sont correctes, même si elles devraient reculer par rapport à la récolte record de 2021/2022. En revanche, la situation est différente dans l’Union européenne (UE) avec des prévisions à la baisse en raison des fortes températures et du manque d’eau actuel. L’évolution du marché européen sera très dépendant de la capacité de l’Ukraine à exporter sa récolte de maïs.

Blé : production mondiale en baisse

Les perspectives de production de blé sont en baisse à l’échelle mondiale mais pas catastrophiques. Dans l’UE, les volumes devraient reculer de 6 %. En France, la baisse de près de 6 % des surfaces et de 2 % des rendements devrait aboutir à une production en recul de 7 %.

Colza : rebond de la production mondiale attendu

Avec une hausse des surfaces consacrées au colza et au canola, ainsi que des perspectives de rendements meilleures au Canada, la production mondiale de colza devrait s’accroitre de 13 % sur la campagne 2022-2023. Une bonne nouvelle dans un contexte de stocks mondiaux fortement pénalisés par la récolte catastrophique de canola au Canada en 2021. En France, la production serait en hausse de plus de 20 % malgré un léger recul du rendement.

Découvrez l’ensemble de nos observatoires économiques sur les bilans de récolte de céréales et grandes cultures depuis 2018 sur notre site internet.

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C'est la hausse attendue des surfaces de betteraves à sucre en France à la récolte 2024
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