Artisanat du bâtiment analyse économique et enjeux

Temps de lecture : 6 minutes

Observatoire économique sur l’artisanat du bâtiment et ses enjeux | Edition 2021

Découvrez notre premier observatoire économique spécialisé dans l’artisanat du bâtiment et ses enjeux. Quatre entreprises artisanales sur dix relèvent du secteur de la construction. En France, l’artisanat du bâtiment regroupe plus de 400 000 entreprises employant 1,1 millions de salariés. C’est donc un secteur d’importance dans l’économie française. Au sein des Cerfrance, le secteur de l’Artisanat-Commerce-Service (ACS) représente un tiers des adhérents. Parmi eux, un sur cinq est artisan du bâtiment.

L’année 2020 a été marquée par la crise économique engendrée par la crise sanitaire. Dans ce contexte particulier, il est d’autant plus primordial de connaître le secteur du bâtiment, son évolution et ses enjeux, afin d’accompagner au mieux nos adhérents.

C’est l’objectif de cette étude qui dresse le bilan du secteur du bâtiment en Normandie – Pays de la Loire – Alliance Nord Seine* autour de trois axes : l’économie, l’emploi et les résultats économiques/résultats d’enquête des adhérents de nos Cerfrance.

* Normandie – Pays de la Loire – Alliance Nord Seine (24 départements) : Aisne, Ardennes, Aube, Marne, Haute-Marne, Seine-et-Marne, Essonne, Val-de-Marne, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Mayenne, Sarthe, Calvados, Manche, Orne, Nord, Pas-de-Calais, Oise, Somme, Val-d’Oise, Eure, Seine-Maritime, Yvelines, Vendée.

Positionnement du secteur de l’artisanat du bâtiment dans l’économie

Contexte économique et enjeux de l’artisanat du bâtiment

L’année 2020 a été marquée par la crise économique liée à la pandémie de la Covid- 19. Dans le secteur de la construction neuve, les mises en chantier de logements et de locaux ont été fortement ralenties. Elles sont respectivement de – 12 % et – 20 % par rapport à 2019.

Les autorisations (permis de construire) sont également en baisse sur 2020. Elles diminuent de 17 % pour les logements et de 27 % pour les locaux. Ainsi, les perspectives d’activité en 2021, des artisans du bâtiment sur le marché de la construction neuve, ne seront probablement pas au niveau de celles de 2019. Toutefois, l’objectif du Plan de Relance est d’inverser cette tendance baissière.

Le marché de l’ancien représente un potentiel d’activité pour les activités de réhabilitation et la rénovation énergétique. 75 % du parc de logements est constitué de logements anciens (construits avant 1990).

Les prix des matières premières de la construction sont relativement stables par rapport à 2019. Sur un an, les prix des travaux d’entretien-amélioration augmentent de + 0,8 %. Cette augmentation est variable selon la nature des travaux. Toutefois, les prix augmentent moins rapidement que les coûts (+ 1,1 %).

Pour faire face au choc économique lié à la crise du coronavirus, le Gouvernement a mis en œuvre des dispositifs exceptionnels d’aides aux entreprises : prêt garanti par l’État, fonds de solidarité, reports d’échéances fiscales, dispositif d’aides exceptionnelles. Au total, sur le périmètre, l’enveloppe allouée à la construction s’élève à près de 3,8 milliards d’euros. Le part est de 11 % de l’enveloppe totale et 8 % au niveau national.

Tissu économique des activités du bâtiment

En février 2021, 200 000 établissements actifs exercent une activité dans le bâtiment. Le poids du bâtiment dans l’économie du territoire s’élève ainsi à 6,6 %. Seuls 58 % de ces établissements n’ont pas de salarié, contre 78 % dans l’ensemble des secteurs.

La densité d’établissements par habitant en Normandie – Pays de la Loire – Alliance Nord Seine est plus faible que celle du niveau national. Cela peut s’expliquer par le fait que :

  • Les établissements du bâtiment sont de plus grande taille
  • Le dynamisme démographique est faible dans la majorité des départements du périmètre (population stable ou en baisse).

Les créations d’établissements dans le secteur du bâtiment

21 000 entreprises ont été créés en 2019 dans le bâtiment, le plus haut niveau de ces cinq dernières années.
9 sur 10 sont des entreprises artisanales et 7 sur 10 sont implantées dans une commune urbaine.

La dynamique de création dans le bâtiment est légèrement supérieure à celle du niveau national. Le taux de création est de 12,4 % contre 12,1 %. Mais elle est plus faible que dans l’ensemble des secteurs (17,2 %). Cette dynamique de création est plus forte dans l’urbain que dans le rural. Dans le top 3 des métiers du bâtiment, l’électricité est en tête, suivie de la plâtrerie et de la menuiserie.

En 2020, la dynamique de création dans la construction a été plus forte qu’en 2019. Toutefois, elle est plus faible que pour l’ensemble des secteurs. Cela s’explique par :

  • une baisse plus forte des créations dans la construction par rapport à 2019 en avril et mai,
  • une reprise un peu plus faible de juin à novembre.

Les défaillances d’établissements dans le secteur du bâtiment

Paradoxalement au regard du contexte économique, le nombre de défaillances d’entreprises a fortement chuté en 2020. Ce recul est de 48 % de mars à décembre par rapport à la même période en 2019. Cette baisse est liée à la fermeture des tribunaux au 1er confinement et aux aides de l’État qui maintiennent les trésoreries. Toutefois, 78 % des défaillances sont des liquidations judiciaires (contre 67 % en 2019). C’est-à-dire que les difficultés sont trop importantes pour permettre le redressement.

L’emploi et le besoin en main d’œuvre dans l’artisanat du bâtiment

L’emploi dans l’artisanat du bâtiment

Au 3e trimestre 2020, près de 1,5 millions d’emplois salariés travaillent dans la construction en France, soit 30 100 emplois supplémentaires en un an (+ 2,1 %). Un tiers de ces emplois est exercé en Normandie – Pays de la Loire – Alliance Nord Seine.

L’emploi salarié dans la construction a peu souffert de la crise sanitaire. Cependant, le secteur a eu recours à l’activité partielle, particulièrement en mars et en avril 2020, lors du 1er confinement. Au 2e confinement, en novembre et décembre 2020, les entreprises de la construction étaient autorisées à exercer leur activité, ce qui explique un taux de recours à l’activité partielle nettement inférieure à la moyenne des secteurs d’activité.

Si l’emploi salarié a été relativement épargné par la crise sanitaire, ce n’est pas le cas de l’emploi intérimaire. Au 1er trimestre 2020, l’emploi intérimaire dans la construction chute de 60 % par rapport au 4e trimestre 2019 (contre – 40 % pour l’ensemble des secteurs). Avec la reprise de l’activité, il repart à la hausse les deux trimestres suivants. Toutefois, il ne rattrape pas le niveau d’avant crise.

Le besoin de main d’œuvre dans l’artisanat du bâtiment

La construction est le 1er secteur utilisateur de l’emploi intérimaire, devant l’industrie. Cette baisse de l’emploi intérimaire se reflète dans le taux de recours à l’intérim dans la construction, qui est descendu à 4,2 % au 1er trimestre 2020 pour atteindre ensuite 9,1 % au 3e trimestre 2020.

Malgré la crise sanitaire, la dynamique de recrutement dans le secteur de la construction était présente en 2020, même si elle était plus faible qu’en 2019. Sur les trois premiers trimestres de 2020, le ralentissement des déclarations préalables à l’embauche a été plus atténué dans la construction que dans l’ensemble des secteurs (– 0,3 % contre – 24,7 %). Les offres d’emploi dans la construction sont plus durables que dans l’ensemble des secteurs. En effet, 54 % sont des CDI contre seulement 18 % tous secteurs.

Les entreprises du bâtiment, interrogées en 2019, ont déclaré près de 59 000 projets de recrutements sur 2020. 69 % de ces recrutements envisagés en 2020 étaient jugés difficiles, contre 51 % pour l’ensemble des métiers. Les ouvriers non qualifiés sont plus recherchés que ceux ayant une spécialité.
Au niveau national, au 1er semestre 2020, 5 % des entreprises artisanales du bâtiment ont cherché à embaucher et 4 % y sont parvenues. Au 2nd semestre 2020, elles étaient 8 % et 6 % y sont parvenues.

Les références économiques des métiers de l’artisanat du bâtiment

Dans le document PDF vous retrouverez toutes les informations concernant l’évolution du chiffre d’affaires de chaque types d’entreprises du bâtiment ainsi que les évolutions de fonds propres, les taux d’endettement et la trésorerie nette. Vous retrouverez aussi les résultats de l’enquête réalisée auprès d’un panel d’entreprises pour chaque corps de métiers :

  • menuiserie,
  • plomberie / chauffage,
  • maçonnerie, électricité,
  • terrassement / travaux publics,
  • charpente / couverture,
  • peinture,
  • carrelage et plâtrerie.

Synthèse de l’analyse économique et des enjeux des métiers de l’artisanat du bâtiment

L’analyse économique et enjeux dans l’artisanat du bâtiment

En 2020, dans les métiers de l’artisanat du bâtiment, le chiffre d’affaires moyen des adhérents des Cerfrance Normandie – Pays de la Loire – Alliance Nord Seine est stable par rapport à l’année précédente (clôtures de janvier à septembre). Toutefois, des disparités s’observent. Les métiers de la maçonnerie, de la menuiserie, du terrassement et de la plâtrerie voient leur chiffre d’affaires diminuer. Tandis que ceux du carrelage, de la plomberie-chauffage, de la peinture et de la charpente-couverture le voient augmenter en un an.

Cette stabilité est confirmée par les adhérents enquêtés en décembre 2020. En effet, 85 % des sondés déclarent ne pas avoir subi de perte d’activité ou de chiffre d’affaires en 2020. En outre, quatre sur dix avaient même une visibilité supérieure à trois mois au moment de l’enquête.

La part de la marge dans le chiffre d’affaires diminue pour tous les métiers, hormis pour la maçonnerie et le terrassement. Au niveau des charges, le poids des frais de fonctionnement est stable mais se renforce en maçonnerie, carrelage et terrassement. Celui des charges de salaires augmente en plâtrerie, terrassement et maçonnerie. Le niveau des capitaux propres, ressources financières propres à l’entreprise, est stable mais se dégrade en peinture. Il s’améliore en maçonnerie et plâtrerie. Enfin, la trésorerie nette, reflet de la santé financière de l’entreprise, est positive et augmente pour tous les métiers. Le taux d’endettement est stable mais se renforce en peinture et électricité. Il s’améliore significativement en plâtrerie et maçonnerie.

Les métiers de l’artisanat du bâtiment

Sept adhérents enquêtés sur dix trouvent que leur métier est stable. Parmi les professionnels qui pensent que leur métier a évolué, plus d’un tiers n’a pas encore trouvé de solutions pour faire face et s’adapter. D’autres ont diversifié leurs activités (ou y travaillent) avec pour objectif de développer leur business. Ils peuvent aussi avoir fait évoluer leurs pratiques commerciales.

La principale difficulté rencontrée par les artisans du bâtiment dans l’exercice de leur activité est le manque de candidats qualifiés et motivés. Cette difficulté est exprimée par la moitié des adhérents interrogés. Un sur quatre rencontre des difficultés dans la gestion administrative et la gestion des ressources humaines. Un sur cinq ont des difficultés du fait de la concurrence agressive ou importante.

Au niveau de la relation avec leurs fournisseurs, la quasi-totalité des artisans ont relevé des difficultés d’approvisionnement. Celles-ci sont liées au contexte sanitaire de l’année 2020. En termes de perspective, deux tiers des sondés pensent que leur métier va continuer d’évoluer (nouvelles technologies, nouveaux matériaux, politiques environnementales, etc.).

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