En lait, 27 000 € de revenu disponible par actif en 2019 2020
Le prix du lait se maintient sur 2019 2020. Les charges opérationnelles baissent. Celles de structure sont stables. Le revenu disponible des clôtures de mars à juin 2020 devrait se situer autour de 27 000 € par actif familial agricole. Dans ce contexte favorable, chaque éleveur doit s’interroger sur la pertinence de ses choix stratégiques.
Prix du lait des clôtures du printemps 2020 sera proche de 370 € / 1 000 litres
Le prix du lait payé pour les clôtures du 1er semestre 2020 (mars et juin 2020) devrait être proche de 370 € pour 1 000 litres en moyenne (355 à 380 €/ 1 000 litres entre scénarios extrêmes). Ce prix du lait sera en légère hausse sur un an : + 4 € / 1 000 l. (entre – 7 et + 14 € / 1 000 l. selon les scénarios). Il sera supérieur à la moyenne sur cinq ans, qui est voisine de 350 € / 1 000 l.
L’année 2019 retrouve un meilleur équilibre des marchés laitiers. La collecte des principaux acteurs mondiaux se stabilise, alors que la demande internationale est active. Les stocks de poudre de lait écrémé constitués lors de la crise de 2015/2016 sont écoulés. La poudre se vend à plus de 2 500 € / tonne (+ 50 % sur un an). Tandis que le beurre se stabilise à 3 700 € / tonne.
L’impact des États Généraux de l’Alimentation (EGA) sur le prix du lait, difficile à estimer, est annoncé entre + 5 et 10 € par 1 000 litres sur l’année 2019.
Les perspectives 2020 restent floues, perturbées par de multiples incertitudes :
- sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne (UE) ;
- tensions commerciales entre les États-Unis d’une part et la Chine ou l’UE d’autre part ;
- tensions politiques récentes en Iran…
Les livraisons de lait seront supérieures à 600 000 litres en moyenne
Sur nos deux régions, les exploitations laitières disparaissent moins vite en 2019 (entre – 2,5 et – 3,0 % sur un an). À livraison régionale de lait constante, la progression des livraisons moyennes ralentit également. Toutefois, elle reste significative : 6,0 % sur un an pour les clôtures du printemps 2019, à 638 000 litres.
La volonté de la plupart des laiteries de maîtriser les volumes collectés limite les perspectives de hausse sur 2020.
La productivité du travail augmente de 5 000 litres sur un an. Et elle se rapproche alors des 300 000 litres par UTH (Unité de Travail Humain).
Les charges opérationnelles baissent pour les clôtures du printemps 2020
Après avoir atteint en 2017 et 2018 un niveau historiquement bas, les charges opérationnelles des exploitations laitières ont subi une légère hausse pour les clôtures du printemps 2019 (+ 3 %, soit 7 € / 1 000 litres). Elles ont été impactées surtout par la hausse du coût des aliments (+ 5 %).
Les clôtures de l’année civile 2019 vont constater une stabilisation des charges par 1 000 litres. La moindre hausse du coût des aliments étant compensée par une baisse des engrais.
Les clôtures de mars et juin 2020 devraient voir baisser les coûts opérationnels du lait de – 3 %, soit – 8 € / 1 000 litres (entre – 20 et 5 € / 1 000 l. selon les scénarios). Ce serait donc un retour à un niveau historiquement bas.
L’intensification du lait par hectare de surface fourragère principale (SFP) a fléchi sur 2018 et 2019 (+ 2,0 % par an, soit + 150 l. par ha et par an). La faible progression des volumes par exploitation devrait freiner encore cette croissance. Ainsi, les clôtures du printemps 2020 se situeront autour de 7 000 l. de lait par ha de SFP.
Les charges de structure sont encore stables, pour cette fois …
Les charges de structure intègrent les cotisations MSA, les charges salariales et les annuités, mais pas les prélèvements privés. Elles sont relativement stables et au plus bas depuis 2017, grâce à une baisse des annuités en valeur et par 1 000 litres. La moyenne est inférieure à 95 € par 1 000 litres).
Les clôtures du printemps 2019 constatent une légère hausse des charges de structure (+ 2,5 %, soit + 6 € / 1 000 litres). La hausse des carburants en explique l’essentiel, mais une remontée des annuités par 1 000 litres se faire sentir.
Les clôtures de l’année civile 2019 devraient constater une stabilisation des charges par 1 000 l. La légère hausse des annuités et du coût de la main d’oeuvre (MSA + salariés) devrait être
compensée par un début de baisse des carburants.
Les clôtures de mars et juin 2020 devraient constater la même évolution, globalement stables, des charges de structures par 1 000 litres (entre – 10 à + 10 € / 1 000 litres selon les scénarios).
La vigilance doit être rapellée ici sur la reprise des investissements. Ils doivent apporter du bien-être à l’éleveur comme aux animaux. Mais elles doivent aussi être raisonnés au travers du gain qu’ils apportent au prix de revient du lait.
Enfin, les prévisions sur les charges de structures sont toujours délicates. L’évolution de ces charges dépend en effet :
- de la dynamique des volumes de lait vendus, variable selon les laiteries,
- des disponibilités de fourrages locales.
Le revenu disponible 2019/2020 sera voisin de 27 000 € par actif familial
Les clôtures du 1er semestre 2019 ont été impactées par des hausses de charges par 1 000 litres supérieures à la hausse du prix du lait (+ 4 € / 1 000 l.). La baisse parallèle du produit viande (– 3 € / 1 000 litres) a renforcé la dégradation des performances laitières.
Ainsi, le revenu disponible des clôtures de mars à juin 2019 est en moyenne de 26 000 € par actif familial après MSA. Il baisse de 4 000 € par rapport au résultat historiquement élevé de 2018.
Les clôtures de l’année civile 2019 seront conformes aux résultats de 2018. Leur revenu disponible, traditionnellement plus faible du fait de structures plus petites, sera ainsi voisin de
17 000 € par actif familial (entre 8 000 et 25 000 € selon les scénarios).
Les prévisions des clôtures de mars et juin 2020 affichent un revenu disponible (après MSA) de 27 000 € par actif familial en moyenne. Elles sont quasi stables.
Sur les clôtures du printemps 2020, l’évolution des produits et des charges par 1 000 l. va
globalement se compenser.
Ainsi, l’évolution du revenu disponible des éleveurs laitiers se fera en partie sur leur capacité à livrer plus ou moins de lait par actif (de 15 000 à 40 000 € entre les scénarios).
Le ralentissement des investissements après la crise, puis une meilleure conjoncture laitière a permis de réduire progressivement le taux d’endettement des exploitations laitières. Cette baisse se situe autour de 54 % pour les clôtures du 1er semestre 2019 (– 3,5 points sur trois ans).
Par 1 000 litres de lait vendu : 170 € d’EBE et 75 € de revenu disponible
L’excédent brut d’exploitation (EBE) moyen dégagé sur les clôtures de mars à juin 2020 sera de 170 € par 1 000 litres environ (140 à 200 € / 1 000 litres), soit une quasi stabilité sur un an.
Le revenu disponible sera lui en légère hausse, à 75 € par 1 000 l. (40 à 110 € / 1 000 l.).
Les niveaux attendus d’EBE et de revenu disponible par 1 000 litres se situent légèrement au dessus de la moyenne des six dernières années.
Sans prédire la conjoncture et les prix des années à venir, on peut imaginer que les marchés
évolueront à des niveaux comparables aux six années passées.
Ainsi, si un éleveur estime ne pas dégager un revenu correct dans la conjonctutre actuelle. Il doit alors engager sans tarder une réflexion de fond sur la rentabilité de son atelier lait.
L’hétérogénéité des résultats persiste !
Deux groupes sont comparés :
- 25 % des exploitations qui sont les plus performantes (critère d’efficacité économique : valeur ajoutée/produit),
- 25 % des exploitations qui le sont le moins.
Données structurelles : peu d’écarts entre les groupes extrêmes
Sur les clôtures de mars et juin 2019, les exploitations les plus performantes ont livré 618 000 l. de lait, produits sur 118 ha par 2,31 unités de travail humain (UTH). Les moins performantes ont livré 553 000 l., produits sur 111 ha par 1,68 UTH.
Ces deux groupes ont de nombreuses caractéristiques voisines. C’est le cas de la surface agricole utile (SAU), des surfaces en cultures de vente, du rendement par vache et du lait vendu par ha SFP (écarts inférieurs à 10 %).
Quels peuvent être les facteurs clés de succès ?
Les exploitations du groupe de ête se différencient par une main d’oeuvre plus nombreuse, davantage de lait vendu, et une moindre proportion de maïs dans la SFP. La productivité lait du travail est plus faible : 268 000 litres contre 293 000 litres par UTH.
Données économiques : un EBE par ha du simple au double !
L’écart d’efficacité économique entre les deux groupes sont très importants : 38 % d’EBE / produit pour les uns, contre 20 % pour les autres.
Ceci se traduit par un EBE / ha de SAU qui varie du simple au double sur les clôtures de mars et juin 2019 (1 170 € contre 550 € / ha).
Quels sont les facteurs clés de succès ?
Plusieurs stratégies se cumulent pour obtenir le meilleur revenu disponible par hectare de SAU : des produits plus élevés (+ 11 %) et des charges opérationnelles nettement plus faibles (– 23 %).
Les exploitations les plus performantes ont, par contre, davantage de charges de structure par ha (+ 6 %). Mais qui, une fois ramenées aux 1 000 litres de lait, sont identiques au groupe des
moins perfomants.
Les écarts d’efficacité entre les deux groupes induisent un taux d’endettement et une sensibilité à la conjoncture très différente.
Les charges opérationnelles : toujours le premier poste de différenciation !
L’écart de charges opérationnelles entre les deux groupes, ramené au lait vendu, est de 72 € par 1 000 litres, en moyenne sur trois ans.
L’analyse des performances des éleveurs confirme, année après année, l’enjeu capital de la maîtrise technique.
Les meilleurs éleveurs vendent 275 litres de lait de plus par ha SFP que les moins performants, pour des coûts inférieurs.
Les facteurs clés de succès du groupe de tête en lait : maîtriser les charges liées à l’élevage. Ainsi, les meilleurs éleveurs économisent sur :
- les concentrés (– 25€ / 1 000 l.),
- la SFP (– 10 € / 1 000 litres),
- les frais vétérinaires et d’élevage (– 5 € / 1 000 litres).
Les charges opérationnelles doivent donc, encore et toujours, être un axe de vigilance majeur, et un axe de progrès pour les moins performants.
Sur un volume de 600 000 litres, une réduction des charges de 20 € / 1 000 litres rapporterait 12 000 € de revenu supplémentaire sur un an !
Peu d’écart sur les charges de structure
Les charges de structure par 1 000 l. (hors prélèvements privés) se maintiennent au plus bas depuis 2017 pour les deux groupes.
L’écart de charges de structure entre les deux groupes est limité : 6 € / 1 000 litres en moyenne sur trois ans. L’écart est en faveur des meilleurs. Elles sont même identiques sur les clôtures du printemps 2019, et stables sur un an.
Néanmmoins, sur ces clôtures du printemps 2019, les annuités des deux groupes sont en hausse. Le groupe des meilleurs est tout prêt de franchir la barre des 100 € / 1 000 litres. Tandis que les annuités des moins performants restent en dessous de 90 € / 1 000 l.
Des écarts significatifs sur les produits
Les produits de l’atelier lait font aussi la différence entre les groupes.
L’écart de prix du lait payé entre les deux groupes est de 21 € / 1 000 l. en moyenne sur les trois dernières années. Qualité et taux (matière grasse et matière protéique) ne sont donc pas à négliger.
La valorisation de la viande par le troupeau laitier est aussi à prendre en compte (45 à 50 € / 1 000 litres). Les meilleurs y font un gain de 12 € / 1 000 litres par rapport aux moins performants, soit un écart cumulé de produits de 33 € / 1 000 litres. Cet écart justifie de s’y intéresser sérieusement.
En synthèse : des solutions multiples pour les éleveurs lait performants pour 2019 et 2020
La conjoncture laitière 2019/2020 est plutôt favorable aux éleveurs.
Le prix du lait pour les clôtures du printemps 2020, voisin de 370 € / 1 000 l., sera supérieur à la moyenne des années passées. Le produit viande sera en légère baisse.
Les charges opérationnelles (ramenées aux 1 000 litres de lait) devraient baisser pour se retrouver à un niveau historique.
Les charges de structure devraient être stables, avec un risque haussier. La hausse des volumes livrés par exploitation (diviseur des charges de structures) reste significative, mais elle se ralentit. Toutes les laiteries « régulent » en effet leur collecte pour se limiter aux marchés sur lesquels elles sont positionnées.
Le revenu disponible
Selon nos prévisions pour les clôtures de mars et juin 2020, le revenu disponible (après MSA) des éleveurs laitiers spécialisés sera de 27 000 € par actif familial (15 à 40 000 € selon les scénarios). Il sera en légère hausse (+ 4 % sur un an). Ce revenu disponible attendu représentera 75 € par 1 000 litres de lait. Soit un niveau proche d’une rémunération à deux smic par actif.
Parmi les éleveurs, les plus performants vont conserver un revenu disponible 2019/2020 supérieur à 40 000 € par actif. Tandis que les moins performants devront se contenter d’un revenu inférieur à 10 000 € par actif.
Rappelons que cet écart de revenu disponible provient pour l’essentiel d’un différentiel de performance entre exploitations laitières d’environ 100 € par 1 000 l. (70 € de charges et 30 € de produits).
L’avenir des exploitations
Les exploitations les plus performantes vont poursuivre leur croissance. Elles sont les exploitations d’avenir de la région.
L’avenir des exploitations les moins performantes reste sombre. Ces exploitations, au taux d’endettement élevé ont une faible rentabilité. Si elles dégradent encore leurs résultats en 2020, les éleveurs devront se poser la question de leur avenir dans le lait. Il sera alors impératif de prendre les bonnes décisions pour satisfaire les objectifs des hommes et des femmes qui
vivent sur ces exploitations.
Dans un contexte mouvant où les attentes sociétales sont de plus en plus pressantes, il est
important, pour tous les éleveur, de bien (re)définir leurs objectifs. Puis de vérifier leur cohérence avec la ou les stratégie(s) de leur laiterie. Pour ensuite valoriser au mieux les atouts de chacun.
Les stratégies gagnantes
Il existe plusieurs stratégies gagnantes, en lait comme pour les autres productions :
- « Je peux tenir mieux que mes concurrents » : je valorise ma compétitivité sur le prix en profitant de volumes supplémentaires.
- « Je veux tenir quelque chose qui me sécurise et valorise » : je modifie certaines pratiques et
contractualise le respect d’un cahier des charges de la laiterie (lait à l’herbe, non OGM, …). - « Je suis prêt à remettre en cause mes pratiques » : je modifie la globalité de mon système par des changements techniques majeurs (bio, AOP, …).
- « Je veux m’impliquer plus loin dans la chaine de valeur » : je développe une activité de vente directe aux clients – consommateurs.
Retrouvez nos autres veilles économiques sur la conjoncture lait sur notre site internet.