Envolée des prix des grandes cultures

Temps de lecture : 6 minutes

L’envolée des prix pour les grandes cultures, un phénomène structurel ou conjoncturel ?

Retrouvez en vidéo, Baptiste Fos présentant l’envolée des prix pour les grandes cultures. Avec la question qui se pose, est ce un phénomène structurel ou conjoncturel ?

Le contexte actuel des prix en grandes cultures

Il y a une flambée des prix généralisée. Le blé tendre à augmenté de 41 %, chiffre à la mi-novembre avec un prix pas atteint depuis 2008. Le Colza quant à lui a augmenté de 78 %, atteignant 700 euros tonne le 23 novembre. On observe une forte volatilité sur cette culture d’un jour à l’autre.

Les raisons de l’envolée des prix en grandes cultures :

Pour les céréales

Tension du marché du céréales

Sur les céréales, le constat est une hausse de la production sur trois ans, depuis le niveau bas de 2018-2019. En parallèle il y a une forte demande qui limite les stocks. Ce qui montre une consommation mondiale supérieure sur les trois dernières campagnes. Aujourd’hui, nous sommes proches de l’équilibre. Le niveau de consommation est très dynamique et avoisinent les stocks de production. Les stocks de fin de campagne ont une tendance à reculer de façon régulière avec un plateau que l’on constate sur le long terme.

Pour illustration, on peut prendre la production mondiale de blé qui est de 777 millions de tonnes. Il s’agit d’un niveau record. De même pour le maïs grain avec une production avoisinant les 1 200 millions de tonnes. Le maïs grain a moins de place dans l’union européenne. Mais il est la principale céréale mondiale.

La production de céréales à 2 280 million de tonnes avec une consommation proche de 2 282 millions de tonnes. Ce qui entraînent des tensions sur ces marchés. Car, il y a une demande dynamique.

Disparité de production de céréales

Au niveau des céréales, les éléments principaux au niveau de la production montrent des disparités forte en fonctions des origines. C’est à dire des pays producteur. Notamment le recul de la production de blé chez trois des principaux pays exportateurs : Russie, Canada et Etats Unis.

  • La Russie fait moins 14 millions de tonnes, et pourrait être dépassé cette année par l’union européenne.
  • Le Canada a connu des vagues de chaleur très importante entrainant des pertes de rendement. Par conséquence, le recul est de 13 millions de tonnes. Ce qui a une incidence assez forte sur les marché.
  • Les Etats Unis ont un recule de cinq millions de tonnes. La baisse est moindre aux USA baisse. Elle représente environ de 10 %. Les USA restent le troisième exportateur mondiale. Ce pays est donc une acteur majeur sur le marché des céréales.

Demande mondiale de céréales

La demande mondiale de céréales est dopée par la chine. Il s’agit d’un fait nouveau depuis deux campagnes. Le Chine est sur une estimation de 20 millions de tonnes d’exportation en moyenne. Cette année, elle approcherait des 50 millions de tonnes. Ce qui fait une appel d’air sur les marchés, créant de fortes tensions. Cette hausse est principalement due aux importants volumes de maïs importés par la Chine. Cette dernière importe pour plusieurs raisons :

  • Reconstruction progressive des élevages porcin après les épisodes de piste porcine.
  • Amélioration des relations commerciales avec les USA. Les tensions géopolitiques perdurent toutefois.
  • Production intérieure qui stagne.

Les pays d’Afrique du Nord ont une demande qui augmente aussi, créant également des tensions sur le marché. Car ils reconstituent leurs stocks.

La Russie connait une chute importante de la production de céréales (de blé principalement). Elle a donc mis en place des taxes à l’exportation pour préserver son marché intérieur. Autre élément, la hausse des cours du pétrole qui dope la production d’éthanol. La demande en maïs pour le bioéthanol tire sur les marché.

Autre élément important, suite à la crise sanitaire, des problèmes logistiques se sont posés.

Certains pays sont donc sur une démarche de constitution de stock pour mieux se préparer aux fluctuation de marché.

Les oléagineux

La production en colza connaît un très fort recul. Ce recul est liée à la chute de 25 % de sa production au Canada. Le Canada représente aussi 30 % de la production mondiale. Sachant que le Canada est le premier exportateur historique, cette chute pèse donc fortement sur les marchés. Le Canada cède alors sa place à l’Europe sur la campagne en cours sur l’exportation.

La hausse du prix de l’énergie crée une forte demande en huile, notamment pour le biodiesel. Ce dernier utilise une part importante de l’huile de colza. Aujourd’hui, il y a une baisse des cours du pétrole, avec la mise en place du marche d’une partie des stock stratégique des USA. Mais, dans le contexte pandémique actuel, la tendance de la hausse du prix de l’énergie est toujours d’actualité. Cette tendance joue donc sur le prix du colza.

On a en parallèle une demande croissante en huile pour l’alimentation humaine. Cette production dispose de bonnes marges au niveau de la trituration. Cette demande permet de soutenir ce métier. La demande en tourteau augmente donc. L’accroissement de la demande en tourteaux de soja est également valable pour la Chine.

Quelles perspectives sur les années à venir ?

Perspectives de production en grandes cultures :

Pour la production sur les dix prochaine année, les grandes tendances montrent une poursuite de la croissance de la production de céréales et oléagineux. Par contre, on aura une croissance plus modérée. Car l’extension des surfaces cultivée sera plus limités. En effet, on a une disponibilité des surfaces qui diminue par rapport à la dernière décennie.

Cette diminution des surfaces s’expliquent aussi par des préoccupations environnementales. Moins de déforestation et plus d’urbanisation entrainent donc une croissance des surfaces arables moins importantes.

On aura également une hausse plus limitée des rendements. En effet, les évolutions technologiques auront moins d’impacts sur la production. On se dirige donc vers un pallier global.

Perspectives de consommation :

Il y a ralentissement de la consommation. Cette progression moins fortes s’explique part le ralentissement de la hausse de la demande en alimentation animale. Ce dernier va donc peser sur les années à venir. Par exemple, on estime que la croissance de la demande devrait baisser considérablement en Chine. D’une part, il y a une augmentation de l’efficacité des rations alimentaires des animaux de rentes. D’autres part, la croissance de la production mondiale de porc et de volaille devrait diminuer. Ces critères sont importants. Ils expliquent donc la baisse de la progression de la consommation.

En ce qui concerne les biocarburants, les perspectives prévoient un ralentissement. Notamment pour les biocarburant de premières générations, car l’union européennes travaille sur la neutralité carbone et oriente la demande vers les biocarburants de deuxsième génération. Il y a donc un effet des politiques publiques dans la stabilisation car ils sont focalisés sur d’autres énergies.

De plus, il y a un niveau de saturation de consommation par habitant. En effet, la croissance de la démographie plus modérée devrait réguler la consommation globale.

Conclusion sur l’envolée des prix en grandes cultures

Il n’y a pas de perspectives de pénurie structurelle. La tendance est plutôt sur l’absence de pénurie, sauf emballement climatique. Mais, il est difficile de se projeter à la vue des évènements récents. La certitude uniquement vraie hier et encore plus vraie demain c’est qu’il y a de nombreux facteurs d’instabilité qui occasionnent une forte volatilité :

  • L’évolution des prix de l’énergie
  • Financiarisation croissante
  • Les incidents climatiques sur les différentes productions, comme l’exemple du Canada.
  • Les tensions géopolitique qui jouent, notamment entre la Chine et USA. Elles ont aujourd’hui tendance à s’améliorer.
  • La situation économique mondiale : en fonction du niveau de croissance mondiale
  • Les besoins de la chine, importateurs de premier plan. Les experts ont du mal à donner des éléments de stock en Chine. La Chine pèse lourdement sur les marchés agricoles.
  • La part croissante de la production des Pays de la mer noire. Une baisse de production de leur part peut générée des trous d’air très importants.
  • Les facteurs sanitaires désormais perturbent les marchés. Il s’agit aussi d’un facteur d’instabilité, sur les derniers jours cela a créé de fluctuation des cours des matières premières.

Synthèse :

Nous pouvons dire que la pandémie a un effet limité et passager. Il ne s’agit pas du facteur le plus fort, même si elle en a eu. Notamment sur l’aspect logistique.

Certaines productions peuvent traverser des périodes de crise. C’est le cas, par exemple de l’alimentation animale qui paye les conséquences des tensions sur blé. Elle s’oriente donc plus vers le maïs.

Un constat plus général, face à la volatilité croissante des marchés, il est nécessaire de s’adapter et de ne pas perdre son sang froid. Cette volatilité est accentuée par la financiarisation. La gestion du risque marché et climatique se fait en gérant la commercialisation. Il est important de tenir compte du prix de revient. Mais aussi d’avoir une diversification sur la rotation pour gérer les aléas. Toutefois, il faut une certaine constance dans ses choix stratégiques.

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