Récolte 2022 céréales et grandes cultures

Temps de lecture : 7 minutes

Observatoire céréales et grandes cultures récolte 2022

Découvrez notre observatoire spécialisée sur les céréales et les grandes cultures concernant la récolte 2022. Mise à jour le 04 juillet 2023.

La campagne 2022-2023 restera en tout point historique, avec une conjonction de facteurs qui a provoqué une flambée des cours et des charges totalement inédite. Au final, les résultats atteignent des niveaux historiquement élevés. En revanche, la campagne qui suit présente un contexte moins favorable qui pourrait aboutir à un effet ciseau sur le résultat. Plus que jamais, gérer aujourd’hui une exploitation céréalière doit se faire en tenant compte de ce contexte particulièrement instable.

Structure des exploitations : moins de blé, plus de lin et d’orge

Échantillon
Cerfrance Normandie Maine
Céréales
(628 exploitations)
Cultures industrielles
(272 exploitations)
Cultures + bovins
(506 exploitations)
Main d’œuvre totale (UTH*)
Dont familiale
1,35
1,19
1,87
1,25
1,84
1,48
SAU** (ha)
Cultures de vente (ha ; % SAU)
SFP*** (ha)
136
121 (89 %)
13
153
134 (87 %)
18
148
83 (56 %)
65
Cultures dominantes
(% de la surface de vente)
Blé tendre (43 %)
Colza (20 %)
Orge (17 %)
Maïs grain (6 %)
Lin (3 %)
Blé tendre (43 %)
Lin (14 %)
Colza (13 %)
Betteraves suc. (8 %)
Pommes de terre (6 %)
Blé tendre (51 %)
Colza (15 %)
Orge (14 %)
Lin (5 %)
Maïs grain (4 %)
Nbre UGB****
Lait vendu / exploitation
7
20
107
200 500 litres
*UTH : unité de travail humain 
**SAU : surface agricole utile
***SFP : surface fourragère principale
****UGB : unité gros bétail

La SAU progresse de 1,6 % en un an, tous systèmes confondus, avec une hausse plus forte sur les systèmes cultures industrielles (+ 2,1 %).

Les systèmes céréales représentent plus de la moitié des exploitations de cultures de cet échantillon. La sole de blé est en recul de 3 points sur cette campagne, au profit du colza et de l’orge pour les systèmes céréales et au profit du lin et de l’orge pour les deux autres systèmes.

La dynamique de la culture de lin sur le territoire normand se retrouve donc dans la hausse de près de 3 points dans la sole des systèmes cultures industrielles, où elle représente 14 % des surfaces de vente. Rappelons que la récolte 2021 avait connu une forte baisse des surfaces en lin, comme l’avait souhaité la filière.

Flambée historique des prix de vente

Prix tous systèmes
En € / t
20212022Evolution
Prix blé195265+ 36 %
Prix colza511605+ 18 %
Prix orge186254+ 36 %
Prix betterave2437+ 54 %
Prix maïs grain181254+ 40 %
Prix tous systèmes en euros par tonne
Prix 2022 par système
En € / t
CéréalesCultures industriellesCultures + bovins
Prix blé270264257
Prix colza613595590
Prix orge256252248
Prix betterave343735
Prix maïs gr.261231233
Prix 2022 par système en euros par tonne

Après une campagne 2021-2022 qui avait connu une conjoncture de prix favorable, la situation s’est emballée sur la campagne suivante : la hausse des prix est de 18 % pour le colza jusqu’à 54 % pour les betteraves. Les prix atteignent des niveaux records et sont très supérieurs à la moyenne des cinq campagnes précédentes (+ 52 % pour le colza à + 64 % pour l’orge).   Les systèmes céréales se distinguent par une valorisation sensiblement supérieure aux autres. Le prix de la fibre de lin devrait aussi battre des records sur cette campagne.

Des rendements en hausse sur les principales cultures

20212022Evolution
Blé6,38,4+ 32 %
Colza3,03,9+ 28 %
Orge7,68,7+ 14 %
Betteraves sucrières Maïs grain88,8 6,983,0 6,7– 7 % – 4 %
Pois2,63,6+ 41 %
Rendement tous systèmes en tonnes
CéréalesCultures indust.Cultures + bovins
Blé7,99,58,3
Colza3,84,43,9
Orge8,99,08,1
Betteraves sucrières Maïs grain79,3 6,685,6 6,374,0 7,0
Pois3,64,23,6
Rendement 2022 en t / ha

Les rendements des principales cultures sont en hausse. C’est très marqué en blé, colza et pois. Par rapport à la moyenne cinq ans, la hausse est surtout marquée pour le colza et l’orge.

Les rendements en lin devraient être proches de la campagne précédente, avec des rendements de fibres longues compris entre 1,0 et 1,3 t/ha.  En revanche, les rendements en betteraves et en maïs grain reculent en raison de la sécheresse. Les systèmes cultures industrielles se distinguent par des rendements globalement plus élevés.

Hausse historique des intrants, très marquée en engrais et carburants

20212022Evolution
Engrais / ha171273+ 60 %
Semence / ha103113+ 10 %
Phyto/ha164188+ 15 %
Carburant / ha78115+ 47 %
TOTAL intrants516689+ 34 %
Éléments conjoncturels (en euros)
CéréalesCultures industriellesCultures + bovins
Engrais / ha285 (+ 64%)315 (+ 64 %)219 (+ 47 %)
Semence / ha85 (+ 15 %)198 (+ 6 %)90 (+ 9 %)
Phyto/ha194 (+ 16 %)241 (+ 13 %)134 (+ 15 %)
Carburant / ha97 (+ 53 %)114 (+ 45 %)146 (+ 52 %)
TOTAL intrants662 (+38 %)868 (+ 29 %)590 (+ 32 %)
Campagne 2022 (évolution N/N-1)

Aucun poste d’intrants n’échappe à la hausse mais cette dernière est particulièrement forte en engrais (+ 60 %) et en carburants (+ 47 %). Pour autant, la hausse constatée sur les semences et produits phytosanitaires est aussi historiquement élevée à + 10 % et + 15 %.

Au total, la hausse des intrants représente 34 %. Au maximum elle avait été de 6 % sur les dix dernières années.

Les systèmes céréales connaissent la plus forte hausse.

Une hausse des charges de structure…. également historique !

Tous systèmesCéréalesCultures industriellesCultures + bovins
Personnel163 (+ 20 %)126 (+ 36 %)234 (+ 6 %)168 (+ 19 %)
        dont charges sociales exploitants 92 (+ 31 %) 86 (+ 50 %) 99 (+ 12 %) 96 (+ 26 %)
Mécanisation (sans travaux tiers)441 (+ 13 %)388 (+ 14 %)476 (+ 9 %)503 (+ 16 %)
Foncier et bâtiment244 (+ 5 %)209 (+ 7 %)321 (+ 5 %)239 (+ 4 %)
Autres frais divers176 (+ 4 %)155 (+ 10 %)213 (- 1 %)180 (+ 2 %)
Charges financières33 (+ 3 %)26 (+ 7 %)35 (+ 4 %)42 (- 3 %)
Total charges de structure1 057 (+ 10 %)903 (+ 14 %)1 280 (+ 6 %)1 131 (+ 11 %)
Récolte 2022  en € / ha

L’évolution des charges de structure est également historique : elle atteint + 10 %. Cela met fin à quatre campagnes consécutives de variations très faibles (de – 2 à + 1 %).

Les charges de personnel connaissent la plus forte variation avec une hausse des charges sociales exploitants de plus de 30 %.

Les systèmes céréales présentent la plus forte hausse mais restent sur un niveau global sensiblement plus faible que les deux autres systèmes.

Malgré la forte hausse des charges, le résultat s’envole

Tous systèmes CéréalesCultures industriellesCultures + bovins
20212022 202120222021202220212022
PRODUIT  317 300  447 000
(+ 41 %)
   263 300  418 600
(+ 59 %)
411 200  535 300
(+ 30 %)
341 200  429 300
(+ 26 %)
% Produit céréales41 %48 %   55 %66 %33 %35 %28 %31 %
% Produit cultures industrielles27 %25 % 22 %19 %48 %49 %13 %14 %
% Produit activités bovines14 %13 % 3 %2 %4 %4 %41 %40 %
% Aides compensatrices11 %8 % 12 %8 %9 %7 %11 %9 %
Marge brute globale  203 400  307 000   174 400305 500262 900354 500209 100272 300
EBE  111 200  199 300   103 500219 300133 400209 800107 600155 000
EBE/Produit35 %45 % 39 %52 %32 %39 %32 %36 %
Amortissements41 70042 900 34 30035 30051 90053 40047 10048 400
Frais financiers  4 500  4 700   3 2003 5005 1005 4006 2006 100
Résultat courant66 200154 000 67 400182 60077 400154 80055 300101 900
Résultat courant / UTAF  51 500  120 000   56 500153 20062 000123 70037 10068 900
Revenu disponible / UTAF56 200121 000 63 500155 10067 300124 600 38 30069 000
Récoltes 2021 et 2022 (en euros)

En quelques mots la récolte 2022 des céréales et grandes cultures

L’effet cumulé de la hausse généralisée des prix et de la progression des rendements des principales cultures a pour conséquence une hausse conséquente du produit, de 41 % en moyenne. Elle est plus prononcée sur les systèmes céréales, en cohérence avec la flambée des prix des céréales.

La rentabilité économique des trois systèmes progresse de dix points, avec une moyenne à 45 % d’EBE/produit, malgré la forte hausse des charges qui n’a que partiellement érodé la flambée du produit. La rentabilité économique des systèmes céréales dépasse largement celle des cultures industrielles et atteint un niveau moyen record de 52 %.

Le revenu disponible par UTAF fait plus que doubler globalement et est même multiplié par 2,5 pour les systèmes céréales.

Forte baisse de l’endettement et fonds de roulement record

Tous systèmesCéréalesCultures industriellesCultures + bovins
Capital d’exploitation*705 100 (+ 21 %) 607 600 (+ 41 %)892 700 (+ 18 %)734 400 (+ 15 %)
Capital d’exploit. / UTAF548 600 509 700713 100496 300
Capitaux propres  414 700 (+ 43 %) 404 200 (+ 67 %)477 400 (+ 24 %)384 300 (+ 26 %)
Capitaux propres / UTAF322 700 329 100381 400259 700
Encours LMT198 600 (+ 4 %) 151 600 (+ 3 %)245 100 (+ 8 %)247 400 (+ 3 %)
Annuités LMT
Annuités LMT / ha
44 900 (+ 8 %)
302 €/ha
 34 200 (+ 22 %)
251 €/ha
51 200 (- 3 %)
334 €/ha
52 100 (+ 4 %)
352 €/ha
Dettes CT137 800 (+ 12 %) 100 800 (+ 15 %)213 800 (+ 14 %)147 800 (+ 9 %)
Taux d’endettement45 % 38 %49 %51 %
(Variation)  – 7 points   – 11 points  – 3 points  – 5 points  
Fonds de roulement / ha  2 060 (+ 65 %) 2 360 (+ 91 %)2 300 (+ 36 %)1 230 (+ 48 %)
 Récolte 2022 (en euros) / * Capital d’exploitation = actif hors foncier

En quelques mots la récolte 2022 des céréales et grandes cultures

La hausse des résultats se traduit dans le bilan par une progression des capitaux propres très significative, en particulier pour les systèmes céréales.

Pour la deuxième année consécutive, le taux d’endettement recule : la baisse de sept points en moyenne fait suite à une baisse de 4 points l’an passé et se trouve à un niveau historiquement bas : il est en recul de 16 % par rapport à la moyenne des cinq années précédentes. La baisse est même de onze points pour les systèmes céréales, dont le taux d’endettement passe en dessous des 40 %.

Le fonds de roulement par hectare fait un bond de 65 % et atteint un niveau record. Par rapport au point bas de 2017, il a plus que doublé, soit une hausse de 1 100 €/ha. Ce fonds de roulement permet de couvrir dix mois de charges (charges opérationnelles et charges de structure).

En synthèse : la récolte 2022 pour les céréales et les grandes cultures est l’année de tous les superlatifs

En dehors des rendements qui sont d’un niveau correct, sans être exceptionnel, on ne manque pas de superlatifs pour qualifier cette campagne : produit record, hausse généralisée et historique des charges et, au final, résultat exceptionnel.

La situation financière des trois systèmes étudiés se renforce de façon très significative, en particulier pour les systèmes céréales. C’est une bonne nouvelle, pour armer ces systèmes face aux fortes incertitudes sur la campagne en cours…

Éléments de conjoncture et perspectives de récolte 2023

Des fondamentaux plutôt bons

Globalement, les disponibilités mondiales sont bonnes et les perspectives de récolte 2023/2024 sont d’un niveau satisfaisant. Les conditions climatiques restent correctes dans l’hémisphère nord malgré l’incidence de la sécheresse en Espagne, au Portugal et dans certaines régions des États-Unis.

Mais l’évolution des conditions climatiques est à surveiller de près, en particulier par rapport au phénomène El Niño qui pourrait provoquer une forte montée des températures dans certaines zones du monde sur la prochaine campagne.

Un contexte géopolitique qui reste incertain

Si le conflit en Ukraine semble moins impacter les marchés au quotidien, cela reste un facteur d’incertitude fort. La question du prolongement de l’accord sur le corridor maritime se pose de nouveau à l’approche de chaque échéance. La prochaine est fixée au 17 juillet prochain.

Par ailleurs, la Russie détient une part importante des stocks de blé mondiaux et peut donc influencer les marchés de façon significative par ses décisions stratégiques, en fonction de l’évolution du conflit.

De plus, même si le corridor maritime est maintenu, les perspectives d’exportation de l’Ukraine sur la prochaine campagne baissent fortement.

Les politiques monétaires fragilisent la croissance mondiale

La croissance mondiale devrait être moins forte en 2023 par rapport à l’an passé. Le contexte d’inflation et les politiques monétaires mises en place pour l’endiguer fragilisent particulièrement les pays en voie de développement, dont le coût de la dette devrait augmenter. Leurs capacités d’importation pourraient ainsi être affectées.

Inflation des coûts de production et baisse des cours : l’effet ciseau menace

Le contexte de prix a bien changé depuis plusieurs mois, avec un tassement généralisé des cours depuis l’automne 2022. Si certains postes de charges, en particulier celui des engrais, ont également reculé, la crainte d’un effet ciseau sur la récolte 2023 est réelle. Face à cette situation, la connaissance de ses prix de revient reste indispensable, afin de sécuriser ses ventes au maximum.

Ci dessous, la possibilité de lire et télécharger au format PDF notre observatoire spécialisée sur les céréales et les grandes cultures concernant la récolte 2022.

Vous pouvez aussi retrouver les anciens observatoires sur les céréales et les grandes cultures des récoltes précédentes sur notre site internet.

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