Fourche à la fourchette | Mars 2022

Temps de lecture : 6 minutes

Mars 2022 | De la fourche à la fourchette : préservation terres agricoles, guerre de l’Ukraine, consommation Bio, mention origine des viandes, affichage environnemental

Dans la publication  » de la fourche à la fourchette  » de mars 2022, nous abordons les thématiques suivantes :

  • Préservation terres agricoles,
  • Guerre de l’Ukraine,
  • Consommation Bio,
  • Mention origine des viandes,
  • Affichage environnemental.

Alerte sur la préservation des terres agricoles

Terre de liens a publié son premier rapport sur l’état des terres agricoles en France et tire la sonnette d’alarme. Dans une dizaine d’années, ¼ des agriculteurs partira à la retraite. Cela représente au moins 5 millions d’hectares de terres agricoles. Soit près de 20 % de la surface agricole française qui vont changer de mains.

La France perdrait la capacité de nourrir une ville comme Le Havre tous les ans

Ces terres iront-elles à l’agrandissement de fermes ? À la spéculation ? À un modèle plus vertueux ? C’est un nouveau défi pour préserver le foncier. Les terres agricoles représentent 52 % du territoire français, contre 72 % en 1950. Environ 55 000 ha sont détruits tous les ans, c’est l’équivalent d’un terrain de foot toutes les sept minutes selon Terre de Liens.  Ainsi, la France perdrait la capacité de nourrir une ville comme Le Havre (environ 160 000 habitants) tous les ans. La France artificialise 4 fois plus vite que l’Espagne. Entre 2006 et 2014, les deux tiers de l’artificialisation se sont effectués aux dépens des terres agricoles. Elle concerne le plus souvent des terres périurbaines qui présentent de bonnes caractéristiques pour l’agriculture et des réserves en eau. Terre de liens déplore « des recherches de profits au détriment de la société et du vivant ».

Les terres se concentrent toujours plus

La France compte 389 000 exploitations en 2021, contre 1,9 million en 1950. La surface d’une ferme est en moyenne de 69 ha, contre 24 ha en 1988. Les « grandes exploitations » (136 ha en moyenne), quasi inexistantes il y a soixante ans, représentent aujourd’hui une ferme sur cinq. Elles couvrent alors 40 % du territoire agricole français. Deux tiers des terres libérées partent à l’agrandissement de fermes existantes. Les choix politiques ont progressivement rendu la France dépendante. Pour faire face à sa demande alimentaire nationale, elle importe l’équivalent de neuf millions d’ha. Tandis qu’elle exporte 12 millions d’ha. La nouvelle loi foncière permettra t-elle de limiter cette dérive ?

Quel renchérissement des produits alimentaires face à la guerre de l’Ukraine ?

Au-delà du bilan tragique et humain subi par la population ukrainienne, les conséquences économiques seront importantes. La Russie et l’Ukraine sont deux principaux producteurs et exportateurs de matières premières au monde. Blé, maïs, nickel, acier… La guerre met les marchés des matières premières en fusion, déjà en tension depuis la crise du COVID.

Deux conséquences fortes : l’augmentation des prix et l’arrêt de la production

En quelques jours, les cours des carburants et des matières premières ont flambé. Alors que l’inflation était déjà élevée en Europe et en France. Les factures du plein d’essence, des factures de chauffage, des prix alimentaires… vont s’alourdir à nouveau. Céréaliers, éleveurs, producteurs seront touchés d’une façon ou d’une autre, et les consommateurs aussi avec l’inflation des prix alimentaires. Il n’y aura pas de pénurie alimentaire mais des envolées de prix, la Russie et l’Ukraine étant des berceaux du blé et de maïs. Ce sera le cas d’ici quelques semaines pour l’huile de tournesol, les pâtes, les biscuits et le pain….   

Au fur et à mesure de l’écoulement des stocks des carburants, les stations-services répercutent la hausse des prix aux clients. Par ailleurs, le prix du gaz atteint des sommets, cela va se répercuter pour l’agriculture et l’industrie. Pour renforcer certaines propriétés chimiques de l’acier, certains métaux tels que le palladium, le vanadium, le platine, le ferrosilicium ou le nickel (les deux derniers servant à fabriquer l’acier inoxydable) sont en effet utilisés par les constructeurs. Et, sur ce volet, les poids de la Russie et de l’Ukraine sont conséquents. Les secteurs de l’automobile, l’aéronautique ou l’industrie électronique sont directement impactés. Certaines entreprises auraient déjà fermé temporairement leurs portes.

Les énergies alternatives et nouvelles technologies

Avec les enjeux de la transition numérique et écologique, les constructeurs sont de plus en plus nombreux à investir les sujets des énergies alternatives et des nouvelles technologies. Or, les matières premières critiques, servant entre autres au développement des batteries lithium-ion, des piles à combustibles et des solutions robotiques, sont donc essentielles à l’innovation. Ainsi, des difficultés d’approvisionnement de certains métaux pourraient directement freiner l’avancée technologique. L’Union européenne est donc très dépendante de la Russie pour son approvisionnement en gaz et en pétrole. Mais elle est aussi indispensable à l’économie russe, dont elle est le premier partenaire commercial.

Une consommation BIO mitigée en 2021

Après une année 2020 exceptionnelle, les résultats de la consommation européenne en produits bio sont plus mitigés pour 2021. 2020 et les confinements successifs avait permis un boom de la consommation bio en Europe, avec des croissances à 2 chiffres. En 2021, chose inédite, la courbe s’est retournée :

  • des chiffres d’affaires en baisse pour la grande distribution et les magasins spécialisés,
  • un budget des ménages alloué à la consommation bio en baisse.

Ces baisses traduisent donc le décrochage de la consommation bio.

D’après l’institut IRI, cela s’explique par un tassement des lancements de gammes bio, mais aussi un « frein prix indéniable » pour ces produits. Ces derniers sont « en moyenne 50 % plus chers qu’en conventionnel ». Sans compter le développement d’offres plus économiques qui mettent en avant l’argument local, durable, équitable…, la multiplication des labels du type Haute valeur Environnementale (HVE) ou « Zéro résidu pesticides » concurrencent l’offre bio.

Ce recul de consommation de produits bio intervient alors que de nombreux agriculteurs arrivent sur le marché du bio. Après avoir été encouragés par des industriels, ils actionnent désormais le freinage d’urgence. Cela a entrainé une surproduction d’œufs, de lait ou de porcs et met en péril la pérennité de quelques exploitations.

Quelques exploitations bio abandonnent l’agriculture biologique, notamment en grandes cultures, pour revenir dans le conventionnel.

Pourtant, le cahier des charges vers une bio plus exigeante devrait voir le jour, notamment avec des engagements sur le bien-être au travail.

Mentionner l’origine des viandes est obligatoire

À partir du 1er mars 2022, les cantines et restaurants devront indiquer l’origine des viandes de porc, de volaille, d’agneau et de mouton, comme c’est déjà le cas pour le bœuf. Vingt ans après l’étiquetage imposé à la viande de bœuf dans la restauration, héritage de la crise de la vache folle, le décret, publié jeudi 27 janvier au Journal officiel, devrait permettre une meilleure traçabilité des produits.

La mention de l’origine deviendra obligatoire à compter du 1er mars 2022 pour toutes ces viandes servies en France hors domicile, c’est-à-dire :

  • dans les cantines scolaires, des entreprises ou hôpitaux,
  • comme dans les restaurants commerciaux.

Annoncé depuis de longs mois par le gouvernement et souhaité par les filières, cet étiquetage devra donc mentionner le pays d’origine et celui d’élevage. Il s’applique aux viandes achetées crues par les restaurateurs et non aux viandes achetées déjà préparées ou cuisinées. L’objectif est que le consommateur achète davantage français.

 Affichage environnemental dans le secteur alimentaire : une première expérimentation 2020/2021 sans succès

Représentant un quart de l’empreinte carbone des ménages, l’agriculture et l’alimentation font partie des secteurs prioritaires pour la transition écologique. La question environnementale est de plus en plus perçue comme importante par les consommateurs. Même si elle reste peu prise en compte dans les choix alimentaires. Les consommateurs souhaitent un affichage environnemental des produits alimentaires clair et facile pour faciliter leurs choix avec transparence.

Des innovations dans les modes de production et sur des évolutions de consommations alimentaires peuvent permettre de réduire les impacts environnementaux et contribuer à une alimentation « plus durable ».

L’alimentation est un secteur important pour le développement de l’affichage environnemental dans la mesure où il se caractérise par des actes d’achat fréquents et qu’il représente une part importante dans le budget (16 %, 2e poste de dépense des ménages derrière le logement) et dans l’empreinte carbone des ménages (environ 25 % des émissions de gaz à effet de serre d’un foyer français).

La note environnementale des produits alimentaires, un casse-tête

La France a avancé sur ce sujet dans le secteur alimentaire

Une expérimentation a été lancée sur 18 mois auprès d’une vingtaine d’acteurs privés et publics sur le sujet. L’enjeu est alors d’être en capacité de proposer un dispositif opérationnel. L’information environnementale devra être lisible, objective, fiable, aisément contrôlable et compréhensible par le consommateur afin de lui permettre d’orienter ses choix vers une consommation alimentaire plus respectueuse de l’environnement. Le système, simple et pédagogique, pourrait, comme le Nutriscore, reposer sur un code couleur du vert au rouge et des notes de A à E. Mais à ce stade rien n’est encore décidé. Ce nouvel affichage « Ecosore » reviendrait donc à attribuer des notes en fonction de l’impact écologique.

Les dispositifs d’étiquetage

Le dispositif est loin de faire l’unanimité, la difficulté réside autant dans le choix des paramètres retenus pour attribuer la note que dans la forme de l’étiquetage. L’Association nationale des industries alimentaires (ANIA), échaudée par le Nutriscore, s’émeut des travers de l’Ecoscore expérimenté par un collectif privé, dans lequel on retrouve l’application Yuja, Foodwatch, Marmiton, … Ses promoteurs se sont appuyés sur la base de données Agribalyse de l’Ademe, pondérée par un système de bonus-malus pour rendre compte de l’origine, de la saisonnalité ou des modes de production. A priori, suite aux expérimentations, cet étiquetage serait aberrant : il noterait mieux l’élevage intensif que l’élevage extensif parce qu’il juge sur la seule base de sa contribution à l’effet de serre, négligeant des aspects positifs comme la biodiversité, le stockage carbone, le moindre recours aux pesticides, la qualité des sols et de l’eau.

A ce jour, les travaux semblent au ralenti

Parmi les critères à revoir pour refléter les principaux enjeux environnementaux figurent par exemple la biodiversité, le changement climatique et les pollutions environnementales, dont les pesticides. Autant de briques à ajouter à l’analyse de cycle de vie, et sur lesquelles les experts de l’Ademe envisagent de travailler courant 2022. Selon le projet de rapport, un affichage « scientifiquement robuste, large et opérationnel » pourrait alors être expérimenté début 2023, en vue d’une généralisation au second semestre. D’autres organismes souhaiteraient donc ajouter des critères sur la santé humaine et sur le bien-être animal. A suivre…

Sources

Alerte sur la préservation des terres agricoles : Ouest France.

Le renchérissement des matières premières face à l’Ukraine : Ouest France.

La consommation BIO mitigée en 2021 : La France Agricole, Ouest France, Agra et Réussir.

Mentionner l’origine des viandes devient obligatoire : Ministère de l’agriculture, Ouest France et ITAB

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